La Banque centrale européenne annonce le lancement officiel de son programme de dettes privées préalablement annoncé. La BCE prônera dans son nouveau mécanisme une politique d'intervention la moins risquée. La Banque centrale européenne (BCE) lance son programme de dettes privées annoncé en mars dernier. En effet, le mercredi 8 juin, la BCE s'est lancée dans une nouvelle étape de sa politique monétaire ultra-accommodante. L'institution de Francfort a entamé un nouveau programme, baptisé Corporate Sector Purchase Programme (CSPP) qui est le «Programme de rachats dans le secteur d'entreprise». Il s'agit, cette fois, de racheter sur le marché de la dette privée notée par au moins une des quatre agences de notation reconnues par la BCE, autrement dit l'investissement le plus sûr. 5 milliards d'euros par mois Il faut noter que la Banque centrale a finalement décidé de participer aussi au marché primaire, autrement dit aux émissions de dettes, en se limitant à 70% de part par émission. La deuxième décision attendue touche le volume des rachats. De ce point de vue, aucun chiffre n'est avancé par la BCE. Notons que le CSPP sera inclus dans les 80 milliards d'euros rachetés sur les marchés mensuellement et l'on ne peut donc s'en remettre qu'à des projections en attendant le premier détail des opérations hebdomadaires qui sera connu le 20 juin. Le volume des stocks de dettes des entreprises peut être estimé entre 500 et 850 milliards d'euros, mais ce marché est très illiquide et ce stock ne reflète guère la capacité d'action de la BCE. «On peut espérer des volumes mensuels de l'ordre de 5 milliards d'euros en rythme de croisière, sauf forte augmentation des émissions, d'ici l'année prochaine», estime ainsi Frederik Ducrozet, économiste chez Pictet. Des propos rapportés par le journal français la Tribune. Autrement dit, le CSPP ne représentera que 6,25 % des volumes de rachat mensuels de la BCE. Influer l'économie avec le CSPP Faible en quantité et limité aux grandes entreprises cotées, tel est le mode d'investissement du CSPP. En réalité, la logique de la BCE demeure la même avec le CSPP qu'avec le programme de rachat de dettes publiques (appelé Public Sector Purchase Programme - PSPP), il s'agit en effet de dynamiser l'investissement en zone euro en abaissant les coûts de financement des entreprises. Il s'agit de baisser les taux des sections les plus recherchées du marché pour inciter les investisseurs à se replier vers des sections du marché plus risquées, notamment la dette à haut rendement, mal notée par les agences, il y aurait donc un rééquilibrage des portefeuilles qui conduirait à une baisse des taux généralisés pour tous les acteurs de l'économie. Ce phénomène se constate déjà à la suite des rachats de dettes publiques, mais la BCE espère, cette fois, être plus efficace en se rapprochant de l'économie réelle. La baisse des taux des obligations d'entreprises, notamment sur le marché primaire, a pour fonction d'inciter les entreprises à lever davantage d'argent sur le marché pour financer des projets.