Selon des courtiers, il faudrait au moins que la BCE s'engage à acheter pour plusieurs centaines de milliards d'euros pour calmer les craintes d'extension de la crise de la dette. La Banque centrale européenne intervient sur les marchés obligataires lundi, mettant en pratique son engagement de soutenir l'Espagne et l'Italie, ce qui ne suffit cependant pas à empêcher la chute des marchés d'actions européens. La BCE, selon des traders sur les marchés obligataires, a élargi son programme de rachat de dette à l'Italie et l'Espagne, les troisième et quatrième économies de la zone euro désormais elles aussi dans le tourbillon de la crise de la dette en zone euro, ce qui a permis de faire baisser les rendements des emprunts d'Etat italiens et espagnols. «Ils font des opérations de 20 à 25 millions d'euros sur l'ensemble du marché. Nous prévoyons que les interventions atteindront l'ordre du milliard dans la journée», a déclaré un trader. L'initiative de la BCE a aussi permis de faire grimper les marchés d'actions européens en début de matinée, mais le rebond n'a pas tenu. A la mi-journée, les Bourses européennes perdaient environ 2% en moyenne, imitant ainsi la chute observée plus tôt en Asie. L'indice de volatilité affichait une hausse de 9,5%. À Paris, le CAC 40 perdait 2,15%. L'indice européen Stoxx 50 cédait 1,2%. Les Bourses des pays «périphériques» de la zone euro, en hausse marquée en début de séance, ont aussi effacé leurs gains mais signaient des replis plus limités de 0,6% pour Milan et 0,25% pour Madrid. «Il semble que les banques centrales mondiales passent à l'action», a commenté Shane Oliver, responsable des investissements chez AMP Capital Investors. «(...) Les spéculateurs devront désormais y réfléchir à deux fois avant de vendre à découvert des obligations espagnoles et italiennes, sachant que la BCE joue contre eux.» Depuis mai, la BCE n'avait racheté que 80 milliards d'euros d'obligations, alors que l'Italie et l'Espagne seules émettent aux alentours de 600 milliards d'euros par an. Selon des courtiers, il faudrait au moins que la BCE s'engage à acheter pour plusieurs centaines de milliards d'euros pour calmer les craintes d'extension de la crise de la dette. Sur les marchés de matières premières, l'or a battu un nouveau record lundi mais les cours d'autres produits, du pétrole aux céréales, ont baissé, les investisseurs se tournant plus que jamais vers les actifs jugés les plus sûrs. Après la perte de leur «triple A» par les Etats-Unis, les responsables financiers des nations industrialisés ont multiplié ce week-end les communiqués pour rassurer les marchés financiers, effrayés par les dettes abyssales des pays européens et des Etats-Unis. Avant l'ouverture de la Bourse de Tokyo, les ministres des Finances et banquiers centraux du G7 ont promis de prendre «toutes les mesures nécessaires» pour soutenir la stabilité financière et la croissance, se disant déterminés à agir chaque fois que cela est nécessaire, à assurer la liquidité et à soutenir le bon fonctionnement des marchés, la stabilité financière et la croissance. Avant eux, la BCE avait annoncé dimanche soir «mettre en œuvre activement» son programme de rachats d'obligations pour tenter d'endiguer la crise de la dette qui secoue la zone euro et menace de se propager aux économies espagnoles et italiennes. Après la BCE, c'est au tour de la Réserve fédérale des Etats-Unis, qui tiendra ce mardi sa réunion mensuelle de politique monétaire, d'être au centre des attentions des investisseurs. D'autant qu'après la dégradation de la note souveraine américaine vendredi soir par S&P, qui l'a placée sous surveillance négative, Moody's a prévenu qu'elle pourrait faire de même avant 2013. Les marchés espèrent notamment de la Fed de nouvelles mesures d'assouplissement quantitatif, éventuellement sous la forme d'un «QE3». Celui-ci reste cependant hypothétique et les marchés n'attendent pas une telle décision dès mardi. «Nous en sommes probablement un peu plus près, mais je ne pense pas que nous en soyons déjà là», a estimé Paul Sheard, économiste chez Nomura.