Pour ses projets d'investissement au Maroc, Yazaki réserve de grandes ambitions. L'enseigne japonaise, et star de la sous-traitance automobile, vient d'inaugurer une seconde unité de production de faisceaux de câbles électriques automobiles à Kénitra. Coût de l'opération: 25 millions d'euros, pour une structure qui emploie actuellement un total de 3.700 collaborateurs, sur une superficie totale d'un peu plus de 11.000 m2. Cet effectif vient se rajouter aux 4.500 qui font tourner les machines de l'usine de Yazaki à Tanger, opérationnel dans la zone franche de cette ville depuis 2001 déjà. Le groupe vient ainsi porter sa présence à un niveau plus élevé sur le marché local, une extension parallèle à une logique de progression et de réadaptation des capacités de production de la société japonaise, à la hausse des activités de ses principaux clients. L'usine de Kénitra servira ainsi les constructeurs automobiles Jaguar et Land Rover. Sa production sera directement acheminée vers le Royaume Uni, pour entrer dans la mécanique de sept modèles de véhicules, dont les 46.500 prototypes de la XF de Jaguar et les 104.000 Evoque de Range Rover qui devraient sortir annuellement des chaînes de montage britanniques. Opportunités Et cela ne serait que le début, semble-t-il. «Nous étudions actuellement la possibilité de création d'une troisième unité au Maroc», déclare Volker Heuzeroth, président et chef exécutif des opérations européennes du groupe Yazaki. Là, le grand appétit se confirme. En tout cas, rien de mieux pour arracher quelques mots «d'encouragement» à Ahmed Réda Chami, le ministre de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies, qui a fait le déplacement pour cette ouverture. Quoi qu'il en soit, Yazaki Morocco SA ne se plaint guère. Le site de Kénitra porte le cumul actuel des ventes du dispositif du groupe au Maroc à 262 millions d'euros, pour une superficie de production de 37.900 m2, sites de Tanger et Kénitra réunis. En termes d'investissement, tout cela a coûté la coquette somme de 82 millions d'euros. Le groupe ne compte pas s'en limiter à cela, puisque ses ventes devraient passer à 291 millions d'euros en valeur en 2012-2013, avant de fléchir légèrement en 2013-2014 avec 289 millions d'euros en prévisions. Par ailleurs, Yazaki Morocco SA devrait réellement passer à la vitesse supérieure avec la troisième unité industrielle devant sortir de terre – dans la même région d'ailleurs - prochainement. Ambitions À partir de 2015, l'enseigne prévoit de dépasser la barre des 300 millions d'euros. Du côté des autorités locales, cette averse de gros chiffres attendue dans la région ne pouvait mieux tomber. C'est en tout cas ce qu'a laissé comprendre le président du Conseil municipal de la ville de Kénitra, Aziz Rebbah. Ce dernier n'a pas pu s'empêcher d'exprimer aux responsables du groupe «les meilleures conditions financières, administratives et de main d'œuvre pour l'accueil de leur troisième usine à Kénitra». De manière plus élargie, le royaume est parmi les quarante pays d'implantation du groupe à l'échelle mondiale. Yazaki entretient une part de marché mondial de 29% et revendique le premier rang dans le secteur du câblage automobile. Son chiffre d'affaires, au terme de l'année 2010, a été de six milliards de dollars, réalisé par 220.000 collaborateurs à travers le monde. «Nous visons une productivité de 300.000h/mois»: Abdessalam Benjelloun, Directeur général de Yazaki Kénitra Les Echos quotidien: Avez-vous éprouvé quelques obstacles à constituer le volet ressources humaines de ce projet ? Abdessalam Benjelloun : De ce point de vue, nous n'avons vraiment pas eu à nous plaindre dans la région de Kénitra. C'est un bassin de ressources très riche en main d'œuvre, c'est un vivier où nous pouvons facilement trouver des ingénieurs, des techniciens et des cadres. Cela, pour deux raisons principales. La première est liée au fait que la région dispose d'une structure universitaire bien formée avec des écoles de commerce et d'ingénieurs. D'autre part, la région est au centre de l'axe économique phare du royaume Casablanca-Rabat-Tanger. Le personnel affecté à ce site a suivi une période de formation entre février et fin mai. Pendant cette période, nous étions encore en train de mettre les effectifs en place, de les former, et de les positionner progressivement sur les lignes de production pour s'exercer. Quel est actuellement votre niveau de productivité ? Notre premier «boom» de productivité a été atteint en juin. Nous sommes en effet passés de 50.000 heures à 100.000 heures de production par mois, pour ensuite toucher la barre des 200.000 heures par mois actuellement, correspondant à un ratio de productivité de 9.000 heures par jour. En cinq mois, il fallait doubler notre niveau de productivité, avec le même effectif bien sûr. Cela représente un nombre de 450 à 500 véhicules équipés par jour pour la Land Rover Evoque et 200 véhicules pour la Jaguar XF. Des objectifs sont-ils déjà dégagés en termes de croissance ? Nous comptons augmenter cette productivité à un rythme de 10.000 à 11.000 heures par jour, soit 300.000 heures par mois, en termes d'objectif à moyen terme. Nous réfléchissons aussi à un troisième site à long terme, mais dont la réalisation dépendra des besoins de nos clients. Quoi qu'il en soit, nous serons appelés à améliorer cette productivité, avec le même volume de main d'œuvre dont nous disposons. Nous bénéficions d'ailleurs, pour cela, de l'accompagnement de plusieurs cadres supports venus de différents sites industriels Yazaki d'autres pays comme la Turquie, la Roumanie et l'Inde, pour assister techniquement le personnel de Kénitra en cette période de stabilisation.