Jaoued Boussakouran : DG de Simplon.ma Les Inspirations ECO : En quoi consiste le projet Simplon ? Jaoued Boussakouran : Simplon, en un mot, je dirai que c'est une aventure humaine incroyable. Il s'agit d'une startup française qui a été créée en 2013 et qui compte aujourd'hui une vingtaine d'établissements en France. La principale mission de Simplon est de former gratuitement des jeunes en échecs scolaires, tous niveaux de qualification confondus, aux métiers du numérique. Son modèle repose sur une idée simple qui consiste à dire que, s'il était impératif de savoir lire, écrire et compter au 20e siècle, aujourd'hui le code est une langue qu'il est tout aussi essentiel de maîtriser. Dans les défis du Maroc de demain, notamment celui du numérique, il m'est paru indispensable d'offrir un tel dispositif au royaume. D'autant plus que la demande de la part des professionnels du numérique est en croissance constante. Il s'agit donc de répondre également à une demande du marché privé. Plus simplement, Simplon c'est une école du numérique qui a une vocation sociale et inclusive à l'égard d'un public souvent délaissé par le système de formation traditionnel. Elle a récemment reçu le label «French Tech» par Axelle Lemaire, ministre chargée du uumérique et le titre «Grande école du numérique» par le président de la république française François Hollande. Que propose-il pour aider à l'insertion des jeunes sur le marché de l'emploi ? Il s'agit d'accompagner la jeunesse marocaine vers l'emploi et de gommer la fracture numérique au sein de notre royaume. Concrètement, nous proposons des formations gratuites aux métiers du numérique à une jeunesse qui n'a pas eu le privilège d'avoir accès aux études supérieures, notamment les écoles d'ingénieur et d'informatique. Des formations qui répondent aux besoins des professionnels du numérique car l'offre actuelle n'est pas toujours en adéquation avec les attentes. Ainsi, beaucoup de professionnels se retrouvent à embaucher des ingénieurs (ou bac+5) lorsqu'ils ont besoin seulement de développeurs juniors. De ce fait et dans un premier temps, nous proposons à la jeunesse marocaine des formations courtes aux métiers de développeurs, de référents numériques et d'artisans. Le modèle pédagogique développé par Simplon est spécifique puisqu'il s'agit de formations courtes et intensives sur le modèle de bootcamp. Dans les défis du Maroc de demain, notamment celui du numérique, il m'est paru indispensable d'offrir un tel dispositif au royaume. D'autant plus que la demande de la part du marché privé est en croissance constante. Qu'est-ce qui a motivé son implantation au Maroc ? C'est son modèle économique et social prioritairement. En effet, je suis persuadé que Simplon peut-être une réponse concrète à l'inclusion sociale de la jeunesse marocaine. Lorsque j'ai visité le site historique de Simplon à Montreuil en 2014, j'ai tout de suite adhéré à l'esprit Simplon. Aujourd'hui, les chiffres de Simplon témoignent de l'efficacité de ce modèle : 19 écoles sur le territoire français et un taux d'insertion professionnelle de 80% dans les 3 mois. En voyant ces chiffres, je me suis dit pourquoi est-ce que la jeunesse marocaine ne pourrait pas aussi bénéficier de ce dispositif qui marche et qui a fait les preuves de son succès. C'est l'utilité sociale de Simplon qui m'a convaincu et qui m'anime aujourd'hui. Comment ce projet sera-t-il déployé concrètement ? L'idée de Simplon est simple et on peut la résumer en une phrase : le numérique pour tous et partout. Simplon corrige cette vision manichéenne entre diplômé et non-diplômé et cette perception élitiste du numérique. En tant que chef d'entreprise et comme de nombreux Marocains, j'en suis sûr, il m'arrive souvent de me rendre à Derb Ghallef pour faire réparer mon smartphone ou mon PC, voire même mes problèmes de réseau dans mon entreprise. Et comme vous le savez, les techniciens de ce quartier de Casablanca ne sont pas issus des grandes écoles et ça n'enlève rien à leur efficacité. Pour répondre plus précisément à votre question, le Maroc manque énormément de développeurs et de codeurs, qui sont ce qu'on pourrait appeler les ouvriers spécialisés du numérique, et c'est surtout ce type de formation et de public que Simplon cible. Notre objectif à court terme, la première année (2017) est de former sur un site pilote à Casablanca 100 Simploniens afin de les accompagner vers l'embauche ou la création de start-ups. Quels sont à termes ses perspectives de développement ? L'objectif de Simplon est de faire entrer de plain-pied le Maroc dans l'ère du numérique, voire dans la révolution numérique. Je pense que cela doit passer par la multiplication des écoles comme cela a été réalisé sur le territoire français. Pour l'instant, il est difficile d'identifier précisément le niveau d'essaimage envisageable. À titre comparatif, en France, Simplon s'est essaimé 18 fois en 3 ans. Soyons encore plus ambitieux car l'Afrique a encore plus besoin du numérique que l'Europe.