Incroyable, mais vrai. L'ancien président tchadien, Hissène Habré, a finalement été condamné à la perpétuité. Le verdict est tombé hier à Dakar, dans les locaux des Chambres africaines extraordinaires (CAE), mises en place en vertu d'un accord entre le Sénégal et l'Union africaine (UA). L'ex-homme fort du Tchad, pays qu'il a dirigé de 1982 à 1990, est ainsi rattrapé par l'histoire. Habré est victime, à son tour, de ses 8 années de pouvoir marquées par une répression contre ses opposants. Plus de 25 ans après avoir trouvé refuge au Sénégal, le voilà condamné à la prison à vie. Inutile de revenir ici sur l'indépendance de la cour qui juge l'ancien président tchadien, mais cette décision est pleine de symboles. Elle marque l'aboutissement d'un processus endossé par les institutions africaines, qui sont allées jusqu'au bout dans leur logique. Tout d'abord, il était hors de question d'extrader Habré hors du continent. Ensuite, pour la première fois, les pays africains jugent un ancien chef d'Etat africain, à la place des juridictions internationales basées ailleurs dans le monde. Il s'agit là d'un exemple à suivre pour marquer la maturité du système judiciaire africain face aux donneurs de leçons de par le monde. À l'instar d'Habré, espérons que d'autres chefs d'Etat africains en jugement à La Haye, verront leur sort décidé uniquement en Afrique et nulle part ailleurs. C'est un préalable pour marquer la souveraineté du continent, au moment où les grandes puissances mondiales refusent catégoriquement que leurs dirigeants, accusés de crimes, soient jugés hors de leurs frontières !