Décidément, l'aggravation du coût du risque est la bête noire des établissements bancaires de la place. À l'instar de plusieurs autres banques, BMCE Bank vient de publier ses réalisations pour le premier semestre 2011 et il en ressort une nouvelle fois un renforcement de 61% du coût du risque à 506 MDH contre 315 MDH seulement à fin juin 2010. Pourtant, le top management du groupe bancaire, en présentant les performances semestrielles, ne semblait pas être inquiet par cette augmentation. Ces 506 MDH représentent pour la moitié un effort de provisionnement consécutif aux nouvelles acquisitions du groupe au Ghana et à Djibouti. «Cette enveloppe doit être considérée plus comme un ticket d'entrée, à rajouter au prix d'acquisition qu'une provision», relativise Brahim Benjelloun-Touimi, administrateur directeur général délégué du groupe. Pour le top management de BMCE, à chaque nouvelle acquisition en Afrique subsaharienne, un effort d'assainissement des portefeuilles clients, pas toujours de très bonne qualité, est déployé en priorité. C'est ce qui aurait causé l'aggravation du coût du risque de la banque. Il convient de souligner que l'activité au Maroc s'est traduite par un provisionnement de 224MDH, en raison des risques qui pèsent sur certains grands clients de la banque. Cela n'est pourtant pas pour la décourager de poursuivre son engagement en faveur du développement de l'économie dans un contexte des plus volatiles. «C'est en de pareilles périodes que le système bancaire doit renforcer son rôle pour soutenir l'économie», insiste Benjelloun-Touimi. En dépit de cette aggravation du coût du risque, le groupe bancaire parvient tout de même à stabiliser son résultat net part du groupe à 516,89 MDH à fin juin 2011, soit quasiment au même niveau qu'en juin 2010. Pour le détail, les bénéfices réalisés au Maroc (+4%) et en Europe (+110%) ont permis au groupe de compenser la chute de la contribution de l'Afrique, qui est passée de 107,9 MDH à 70,3 MDH sur un an. Néanmoins, une distinction de taille est à faire au niveau de l'activité commerciale de la banque sur le marché national. L'évolution des bénéfices aurait en effet été bien meilleure, si ce n'était un léger renchérissement du coût des ressources. En effet, si BMCE est parvenue à améliorer de 10% les dépôts collectés, elle a néanmoins subi une hausse du coût des ressources, lequel s'établit à fin juin dernier à 2,08% contre 1,97% en juin 2010. Cette augmentation trouve principalement son explication dans la hausse enregistrée au niveau des dépôts à terme, lesquels se sont renforcés de 17,7%, à 26 MMDH. Il faut dire que cette évolution ressort en contradiction avec la stratégie adoptée par les autres groupes bancaires, lesquels ont clairement opté depuis plusieurs mois pour une offensive commerciale au niveau des ressources non rémunérées, au détriment justement de ressources rémunérées, telles que les dépôts à terme. Mais pour BMCE Bank, dans un contexte de raréfaction des liquidités, tous les moyens semblent être bons pour collecter des dépôts. D'ailleurs, selon le top management du groupe, «l'objectif aujourd'hui est de renforcer davantage le PNB. Or, pour ce faire, il faut améliorer la distribution de crédit, qui elle-même passe par une meilleure collecte des ressources». L'équation est donc bien claire !