Les opérateurs sénégalais entendent, avec l'aide du gouvernement, densifier l'exportation de leurs produits horticoles, notamment la mangue, au Maghreb. Le Maroc reste la destination prioritaire. Le gouvernement du Sénégal compte saisir les opportunités qu'offrent les marchés européen et maghrébin pour écouler sa production de mangues. Une étude a été menée à cet effet par le Centre du commerce international et l'Agence sénégalaise de promotion des exportations (ASEPEX) dans quatre pays, notamment la Mauritanie, le Maroc, la Tunisie et l'Algérie. Cette étude a permis de voir comment fonctionne la filière mangue dans ces quatre marchés. Il s'agit de comprendre les réseaux d'achat, les cahiers des charges pour aider les opérateurs de la mangue sénégalaise à mieux saisir les opportunités. Un atelier de partage et de validation des études d'opportunités pour la mangue sénégalaise et pour les opérateurs sénégalais a été organisé, afin d'outiller les opérateurs aspirant à développer leurs exportations horticoles et plus particulièrement de la mangue, vers les marchés européen et maghrébin. La mangue sénégalaise constitue, d'après l'étude, une des filières porteuses du secteur horticole, disposant réellement d'un potentiel intéressant sur les marchés européens et sous régionaux. D'où l'importance de renforcer les capacités des acteurs le long de la chaîne de valeur mangue, à travers la formation, la dotation d'équipements et de matériels pour améliorer la qualité et faciliter un meilleur accès aux marchés internationaux, actuels ou potentiels. 20 milliards de FCFA de chiffre d'affaires en 2015 En attendant, le Sénégal est loin des objectifs fixés, en n'exportant pour le moment que 90.635 tonnes dont près de 16.937 tonnes pour la mangue, principalement vers l'Europe. Ce qui est en deçà des 36.000 tonnes fixées comme objectif. En 2015, la filière mangue a généré un chiffre d'affaires de 20 milliards de FCFA*. «La mangue sénégalaise est exportée à hauteur de 16.700 tonnes en 2015, soit 14% de la production. Si l'Europe est notre marché principal, en raison de 80%, le marché maghrébin, notamment celui du Maroc sera notre priorité», a précisé le directeur général de l'agence sénégalaise de promotion des exportations (ASEPEX), Dr Malick Diop. Ainsi le Sénégal se positionne déjà sur l'exportation, non seulement de sa mangue vers le Maroc, mais aussi d'autres produits comme la banane et les oignons. Pour ce faire, le Sénégal veut labéliser sa mangue afin d'optimiser ses retombées financières en passant par déterminer, déjà, les lignes directrices du concept du label. Le gouvernement a, de son côté, envisagé de mettre les bouchées doubles pour accélérer la mise en œuvre du Projet d'amélioration de la compétitivité de la mangue sénégalaise, projet financé à hauteur d'1,5 milliard par le programme Cadre intégré renforcé. Pour le ministre du Commerce, Alioune Sarr, «Il s'agit d'augmenter l'offre exportable de mangues et de produits dérivés de qualité et de diversifier les marchés d'exportation». Le défi de la transformation et de la conservation Un autre défi s'impose pour les opérateurs sénégalais de l'horticulture, particulièrement celui de la filière mangue. En plus, attendant de disposer de statistiques pour mener à bien leurs exportations, les opérateurs doivent relever le défi de la transformation et de la conservation de la mangue et de ses produits dérivés pour espérer se positionner sur les marchés internationaux. Pour ce qui est de la mangue transformée avec une variété de produits tels que la mangue séchée, les jus et sirops, les confitures et marmelades, ainsi qu'un certain équipement matériel s'imposent à tous les acteurs s'activant dans ce secteur. C'est d'ailleurs dans cette dynamique que l'ASEPEX travaille pour aider les producteurs à conserver leurs produits. Frédérine Derlot Administratrice de programmes fruits et légumes frais, compétitivité des secteurs du Centre de commerce international (CCI). Les Inspirations ECO : Quelle appréciation faites-vous sur les échanges commerciaux entre le Sénégal et le Maroc après l'étude ? Frédérine Derlot : Il a été reconnu au Sénégal la nécessité de connaître les besoins du marché maghrébin. En 2014, il y a eu 1.000 tonnes de mangues exportées du Sénégal vers le Maroc. Le Maghreb représente des opportunités de diversification de ses produits pour le Sénégal. Les opérateurs sénégalais ont un déficit d'informations sur leurs mangues dès qu'elles franchissent la frontière. Est-ce qu'elles vont vers les transformateurs ou vers les marchés locaux ? Ils n'en savent rien. Quelles sont les opportunités qu'offre le marché marocain ? Le marché marocain présente plus d'opportunités sur la mangue fraîche que sur le produit transformé. Ce sont des opportunités qui s'offrent aux opérateurs sénégalais, notamment sur la transformation de la mangue avec le jus, la pulpe, la confiture. À ce sujet, il s'agit d'aider les opérateurs sénégalais à s'inspirer de ces opportunités car le Maroc est le pays le plus porteur. Comment comptez-vous vous y prendre pour une diversification de la mangue sénégalaise ? Les opérateurs sénégalais sont appelés à professionnaliser leurs produits, notamment la mangue, pour s'introduire facilement dans les marchés internationaux. Nous allons organiser un tour du Maroc. Nous allons amener des opérateurs sénégalais au Maroc pour mieux comprendre le marché, connaître les importateurs et les transformateurs marocains. Nous allons aussi participer au Salon fruits et légumes qui se déroulera en septembre prochain au Maroc.