La vision stratégique de la réforme du système éducatif 2015-2030 commence à prendre forme sur le terrain. Le département de Rachid Belmokhtar, qui a converti les 23 leviers de cette vision en 32 projets, tend à prendre des mesures prioritaires pour concrétiser la réforme tant attendue. La crise de l'enseignement qui dure depuis des années est-elle proche de n'être plus qu'un mauvais souvenir ? En tout cas, la mise en œuvre de la vision stratégique de la réforme du système éducatif 2015-2030 élaborée par le Conseil supérieur de l'éducation, elle, est déjà entamée. Le ministère de l'Education nationale a élaboré des projets à court, moyen et long termes pour insuffler une nouvelle dynamique au secteur de l'enseignement et le sortir de sa léthargie. L'accélération de la cadence s'avère une nécessité. Le facteur temps est en effet essentiel dans la réussite de la réforme escomptée. À cet égard, le ministre de l'Education nationale et de la formation professionnelle, Rachid Belmokhtar affiche son optimisme mais prévient que la réforme sera progressive. «On ne peut pas opter pour un scénario de rupture», précisait-il lors d'un point de presse tenu hier à Rabat. De grands efforts devront être menés sur plusieurs fronts afin d'atteindre progressivement les objectifs fixés tant au niveau de l'éducation nationale que de la formation professionnelle. Des mesures prioritaires ont été définies pour répondre à certaines problématiques urgentes, comme à titre d'exemple le renforcement de l'enseignement des langues aussi bien nationales qu'étrangères. Certaines expériences pilotes ont déjà démarré en vue de leur généralisation aux quatre coins du royaume, mais les freins s'avèrent difficiles à dépasser. L'amélioration de l'enseignement des langues nécessite en effet bon nombre de préalables, à commencer par la formation et le recrutement des enseignants. À ce titre, un intérêt particulier doit être porté sur notamment les langues française et anglaise. Actuellement, le nombre des candidats optant pour ces deux langues qui passent le concours d'accès aux centres de formation des enseignants reste insuffisant par rapport aux besoins et objectifs fixés. L'enjeu est donc de taille. Sans la formation d'enseignants compétents et en nombre suffisant, l'amélioration des compétences linguistiques des élèves restera un vœu pieux. Le français et l'anglais seront dans l'avenir des critères importants de sélection des enseignants, mais cette mesure ne sera pas appliquée dans l'immédiat. «On risque de ne trouver personne à l'heure actuelle», souligne Rachid Belmokhtar. Par ailleurs, la formation des enseignants de l'amazigh est appelée à être au cœur des priorités. Actuellement, le nombre d'enseignants capables d'enseigner cette langue est très limité par rapport aux attentes. Même l'enseignement de l'arabe nécessite d'être boosté, d'ailleurs. Durant l'année scolaire en cours, rappelons-le, une expérience pilote est menée pour l'amélioration du curriculum des quatre premières années du primaire en vue d'améliorer la maîtrise des connaissances de base, notamment au niveau de la langue arabe. Outre cette question fondamentale de l'enseignement des langues, qui a fait l'objet d'une grande polémique, l'évaluation constitue également un élément crucial dans la réforme escomptée. Faut-il garder le système de notation qui est contesté sous d'autres cieux ou opter pour un nouveau système d'évaluation des compétences ? Pour Belmokhtar, le système actuel de notation ne peut pas être supprimé du jour au lendemain, mais il y a lieu d'améliorer l'évaluation non seulement de l'élève, mais aussi de l'enseignant et de l'établissement. La vision stratégique déclinée en 32 projets Pour la mise en œuvre de la vision stratégique du Conseil supérieur de l'éducation, le ministère a élaboré 32 projets dont 6 ont trait à la formation professionnelle. Au niveau du système éducatif, les projets visent notamment l'équité et l'égalité des chances, la garantie de la qualité pour tous, l'intégration des élèves dans le milieu social ainsi que la bonne gouvernance. S'agissant de la formation professionnelle, les six projets s'assignent pour objectif de mettre en place un système ouvert pour toutes les catégories, lier l'offre de formation aux besoins socio-économiques, mettre l'entreprise au cœur du système d'enseignement, veiller à l'amélioration de la qualité de l'enseignement et à la complémentarité et l'harmonie entre la formation professionnelle et les différentes composantes du système éducatif ainsi que faire prévaloir la bonne gouvernance.