Des espaces d'expression et d'incubation émergent aujourd'hui au Maroc pour faire entendre et accompagner les idées novatrices des start-ups. Cependant, leurs parcours sont semés d'embûches et rares sont celles qui verront le jour dans l'environnement socio-économique actuel. Pas facile, quand on a des idées mais peu d'expérience, de trouver les moyens de bâtir son rêve ! L'esprit d'entreprise qui anime les start-ups (*) rime avec prise de risques et se heurte à la frilosité des structures traditionnelles de financement. Pour lancer leurs activités, c'est donc vers des fonds spécialisés que se tournent les jeunes pousses. Dans l'environnement marocain, ceux-ci sont encore peu nombreux et majoritairement alimentés par l'Etat et les banques. Ainsi, le Réseau Entreprendre Maroc accorde, aux porteurs de projets, des prêts d'honneur à titre personnel pouvant aller jusqu'à 100.000 dirhams. Ils renforcent les fonds propres des start-ups et créent un effet de levier pour décrocher d'autres types de financement, notamment bancaire. Le réseau met par ailleurs l'expérience de ses membres, des dirigeants confirmés, au service de ses poulains pour les accompagner sur tous les plans. Les projets tournés vers les nouvelles technologies ont quant à eux un fonds de capital-risque dédié, le Maroc Numeric Fund, initié dans le cadre du Plan Maroc Numeric 2013 et doté d'une enveloppe de 100 millions de dirhams. Sur le marché des financements, les start-ups peuvent également séduire des investisseurs privés. On estime à quelques dizaines le nombre de business angels ou assimilés présents au Maroc. Actuellement peu visibles, ils sont en passe de raviver leurs réseaux, comme le Club des Business Angels du Maroc Numeric Fund ou celui de l'Atlas Business Angels, et pourraient à l'avenir bénéficier d'incitations fiscales pour leur soutien à l'entrepreneuriat national. Des projets et des hommes Inspirées par des idées novatrices, les start-ups voient le jour grâce à l'énergie, la volonté et la confiance de leurs créateurs dans leurs projets. Entrepreneurs accomplis, ces derniers doivent posséder toutes les qualités pour atteindre leurs buts : créativité, maîtrise technique, organisation, communication, ouverture d'esprit, goût du risque... Or, posséder une telle polyvalence est rare. Au Maroc comme ailleurs, un technicien n'est pas rompu aux rouages administratifs et entre difficilement dans le costume d'un chef d'entreprise ! L'ensemble des aptitudes indispensables au lancement d'une start-up est plus vraisemblablement réuni au sein d'une petite équipe de pionniers, suffisamment solides, qualifiés, complémentaires et avant tout déterminés pour être à même de convaincre les investisseurs et de mener leur projet à terme. Aujourd'hui, les start-ups marocaines ont l'opportunité d'être épaulées par des incubateurs d'entreprises* récemment implantés dans quelques villes du royaume. Ils proposent formations, coaching et mentoring pour les accompagner dans les étapes initiales, «Early stage», de leurs parcours. On peut alors penser que les start-ups sont sur de bons rails pour se développer, mais c'est faire fi des difficultés de recrutement auxquelles elles sont toutes un jour confrontées : trouver de bons profils est un premier challenge, les convaincre de rejoindre une start-up en est un second ! Au Maroc, la peur de l'échec est prégnante et les candidats pressentis préfèrent en général le confort d'un salaire dans une entreprise bien établie à la prise de risque de l'aventure entrepreneuriale. Le dialogue pour argument commercial Enfin, une start-up peut avoir les meilleures idées du monde et une organisation performante, elle ne sera viable que si elle trouve son marché. Et là encore, le bas blesse : les jeunes pousses, malgré leurs compétences, parviennent difficilement à décrocher leurs premiers contrats. Les entreprises privées, qui pourraient être leurs clients naturels, ne leur accordent pas leur confiance, voire préfèrent aller chercher à l'étranger ce que leur offre une start-up locale. Cette attitude résulte dans la méconnaissance de l'univers entrepreneurial chez les donneurs d'ordres et reflète à nouveau la mentalité frileuse qui prévaut au Maroc. Pour dépasser ces freins au développement de nouvelles opportunités d'affaires, la CGEM a lancé en 2015 l'initiative Accélérateur start-up, qui consiste à créer des ponts entre entreprises et jeunes structures. Engagée avec le Groupement professionnel des banques du Maroc, le Maroc Numeric Fund, le Réseau Entreprendre Maroc et l'association StartUp Maroc, cette initiative accompagne également la croissance de dix jeunes pousses pendant une durée de douze mois. La CGEM le prône et le gouvernement l'approuve : le paysage économique marocain doit désormais intégrer ses start-ups, fondées sur de nouveaux modèles d'entreprise. Ces dernières promettent de lui apporter un nouveau souffle à condition de trouver un terreau fertile à leur épanouissement : des espaces d'échanges et de visibilité pour faire éclore leurs projets, des ressources polyvalentes formées à l'entrepreneuriat et des partenaires économiques qui les soutiennent dès leurs premiers pas.