Mohamed Sadiki : Maire de Rabat Durant le vote des comptes de dépenses des 5 arrondissements de Rabat, une violente altercation a éclaté avec, en toile de fond, l'adoption des budgets des arrondissements, qui totalisent 90 MDH. Bientôt sera désignée une société de gestion déléguée du transport à Rabat opérant une gouvernance commune des bus et tramway. Le maire de Rabat explique les tenants et aboutissants de l'histoire concernant son «invalidité mentale». Les ECO : Expliquez-nous ce qui s'est passé vendredi dernier au conseil de la ville de Rabat, où une violente altercation a éclaté entre l'opposition et la majorité ? Mohamed Sadiki : Je veux d'abord revenir sur la première réunion du conseil au titre de la session de février. Elle a eu le 5 février, et a été consacrée aux questions écrites, principalement deux questions des conseillers PJD et de ceux de la Fédération de la gauche, concernant les grands chantiers de la ville, avec un focus sur deux points noirs de la circulation au niveau des avenues Mustapha Sayh et Hassan II. Hélas, nous avons constaté que certains conseillers du PAM avaient tendance à s'ingérer dans les affaires personnelles des élus au lieu de se concentrer sur les vrais sujets qui intéressent les citoyens de la capitale. Le PAM voulait avoir des points d'ordre, séance tenante, alors que la loi ne le permet pas. Et c'est là qu'ils ont soumis des questions à caractère personnel. Nous sommes passés, malgré tout, à l'ordre du jour. Cependant, un élu du PAM a confisqué les deux micros baladeurs de la salle pour que personne n'intervienne. À la deuxième séance il y a aussi eu des perturbations. Il faut savoir que la majorité des conseillers du PAM ne veulent pas que les travaux du conseil avancent. La troisième réunion devait être consacrée à l'ensemble de l'ordre du jour. Nous avons commencé par l'essentiel, à savoir les comptes de dépenses des arrondissements, qui portent sur un montant de 90 MDH, soit 10% du budget global du conseil, comme stipulé par la loi 113.14. Cela correspond à trois fois le budget normal des arrondissements. Il ne fallait donc pas laisser les perturbateurs prendre en otage la ville. Pour eux, cette année est une année électorale, et ils ne veulent pas que les arrondissements soient convenablement dotés de leurs budgets pour les empêcher de présenter un meilleur service de proximité aux citoyens. Pourquoi le transport à Rabat et sa région est-il au point mort ? Depuis l'élection du bureau, la question du transport a été érigée en priorité. Depuis 2010, à savoir le départ de Veolia, le transport à Rabat n'est pas en bonne santé. Le ministère de l'Intérieur est conscient de cette problématique, mais à l'instar des autres métropoles, il faut mettre en place une entité qui regroupe tous les modes de transport, bus et tramway. Or, on se retrouve avec un tramway qui est géré par la société STRS, relevant de l'Agence d'aménagement du Bouregreg. Le ministère de l'Intérieur veut comme nous que tramway et bus soient gouvernés par une même entité. C'est ce qui a retardé, pour ainsi dire, les réformes du transport via le bus. Lors du dernier Conseil d'administration de l'Agence du Bouregreg et suite à une question que j'ai posée moi-même sur les extensions nécessaires des lignes de tramway, la réponse était claire. Il n'y aura pas d'extension tant que la question de la gouvernance du tramway n'est pas réglée. Par ailleurs, le chef de gouvernement avait présidé une réunion en janvier dernier, spécialement dédiée à la problématique, en présence de l'Agence d'aménagement du Bouregreg, des ministères de l'Intérieur et des Finances et du président de la région. Résultat, l'agence va se séparer du tramway pour que sa gestion passe aux mains du groupement d'agglomération Al Assima. La prochaine étape consiste à se réunir pour concrétiser cette séparation. Il y aura deux sociétés, de type SDL, la première s'occupant du patrimoine, rails, machines, bus, etc., et la deuxième pour la gestion. Nous travaillons déjà sur l'appel d'offres pour désigner la société d'exploitation pour les deux modes de transport qui sera une société de délégation. La priorité sera alors de réfléchir sur les extensions des deux lignes de tramway. Je peux vous dire que les études sont déjà achevées. Il faut arriver aux universités de Salé, côté Rabat. Nous devrions également relier Yaacoub Mansour et, afin de soulager les avenues de la capitale, il faut arriver à l'extrémité de la ville de Rabat, côté Témara. Qu'en est-il des chantiers routiers qui se multiplient aujourd'hui à Rabat ? Quelle en est la vision ? La vision est que la capitale est en grande mutation. Je félicite Rabat Aménagement pour le travail qu'elle est en train de faire au niveau de la réfection et de l'élargissement des routes, l'éclairage public, la protection du patrimoine de la médina. C'est la dynamique enclenchée en 2014 qui s'est traduite par un programme signé devant le roi, Rabat ville lumière et capitale culturelle. L'idée maîtresse consiste à améliorer les entrées de Rabat, créer un périphérique et améliorer la connectivité avec la ville de Salé. Nous sommes aussi en train de moderniser l'éclairage public à Rabat. Il y aura, par ailleurs, plus de 60 terrains de sport de proximité, des maisons de jeunes et des foyers d'étudiants, outre le grand théâtre et deux autres musées. Que répondez-vous à ceux qui vous accusent d'avoir indûment profité d'un départ pour invalidité de Redal ? Premièrement, je nie catégoriquement les allégations selon lesquelles j'aurais triché ou remis un certificat médical pour bénéficier d'une retraite pour invalidité à Redal. Si je devais en remettre un, je n'opterais pas pour un certificat d'invalidité mentale. Secundo, j'ai eu un départ négocié de Redal qui est une société privée, qui n'est pas une administration et qui n'est pas soumise aux règles de la fonction publique. J'étais un salarié employé et non un fonctionnaire. Et la seule chose qui régisse les relations employé-employeur, c'est ce qui est convenu entre les deux. Ce genre d'allégations est passible de poursuites judiciaires. Comment se permet-on de s'immiscer dans les affaires personnelles des gens? C'est une affaire qui date de 2012, et qui n'a rien à voir avec mon poste de maire de Rabat. Lorsque j'ai quitté la société en 2012, je ne savais pas que mon parti allait me présenter aux électeurs de Rabat qui m'ont accordé leur confiance et qui m'ont porté à la tête du conseil. Je leur demande de nous laisser travailler pour satisfaire la volonté des Rbatis.