La deuxième phase du programme américain d'aide au développement sera consacrée à deux grands dossiers : l'emploi et le foncier. Il s'agira, en particulier, d'améliorer l'employabilité en agissant sur la qualité, la pertinence et l'accès équitable aux programmes et de soigner les maux du foncier marocain. 450 millions de dollars. C'est le montant alloué au deuxième programme de soutien au développement et à la lutte contre la pauvreté «Compact II», financé par la Millenium Challenge Corporation (MCC). Un recul important par rapport au premier programme, lancé en 2008 et qui fixait l'aide financière à près de 700 millions de dollars. Un projet donc moins important, financièrement parlant, mais peut-être plus ambitieux dans ses objectifs que son prédécesseur. Après un premier programme centré sur les services financiers, le support aux entreprises, à la pêche artisanale et aux arbres fruitiers, cette deuxième tranche se focalisera sur deux des plus importants maux de l'économie marocaine : l'éducation et le foncier. L'accord signé entre MCC et le gouvernement marocain, validé récemment en Conseil de gouvernement puis en Conseil des ministres, livre les détails du nouveau deal. Le projet entend d'abord «améliorer l'employabilité et le taux d'emploi des Marocains en améliorant la qualité, la pertinence et l'accès équitable aux programmes de l'éducation secondaire et aux programmes de formation censés répondre aux besoins du secteur privé», dispose l'accord, dont une copie vient d'être publiée sur le site du Secrétariat général du gouvernement (SGG). Le nouveau projet vise, également, à «améliorer la productivité des terres en permettant au foncier de mieux répondre aux besoins des investisseurs». Deux grands dossiers sur lesquels les gouvernements successifs semblent tous avoir buté. Emploi inclusif Concernant le projet de formation et d'employabilité, l'aide financière sera consacrée à une amélioration directe de la qualité de l'enseignement dans les collèges en agissant notamment sur les systèmes d'évaluation. Le programme prévoit également l'utilisation de mécanismes de financement novateurs axés sur les résultats pour promouvoir l'emploi inclusif, et une meilleure gestion de la performance du système, grâce à la réforme des politiques et des systèmes d'information. Il s'agira également de développer des formations professionnelles permettant de répondre aux besoins du secteur privé. Des mesures qui visent prioritairement les chômeurs issus de milieux défavorisés. Les fonds américains devraient également soutenir le travail de l'Observatoire national du marché du travail (OMT) permettant de fournir une information précise et à jour, concernant la dynamique du marché du travail. Le foncier en mutation Le deuxième volet du programme, doté d'un budget de 170,5 millions de dollars, vise à augmenter la productivité du foncier destiné aux secteurs industriel et agricole. Il s'agira en particulier d'opérer une refonte juridique et institutionnelle de la gouvernance du foncier. Le Compact II permettra de financer, en partie, l'élaboration d'une stratégie du foncier qui capitalisera sur les acquis des études déjà menées par le royaume à ce niveau. L'accord précise qu'il s'agira d'une étude sur le long terme, avec une feuille de route claire sur les réalisations à atteindre durant les prochaines années. «Le financement du MCC permettra de soutenir l'implémentation des objectifs dans le cadre de cette feuille de route sur la base de critères préétablis d'un commun accord entre MCC et le gouvernement marocain», précise le texte de l'accord. Le programme tentera également de solutionner la question du foncier agricole dans la perspective d'établir des procédures et mécanismes plus efficaces, en particulier pour les terres situées à l'intérieur des périmètres d'irrigation. Un projet pilote devra être mené sur une période de 3 ans, avant d'être répliqué pour la privatisation du restant des terres arables collectives. Une première étape du projet sera menée dans la région du Gharb, avec pas moins de 46.000 hectares de terres collectives à privatiser. Le programme s'intéressera aussi au foncier industriel avec, comme objectif, le changement de la méthodologie d'intervention de l'Etat dans ce cadre pour répondre à la demande réelle du marché. Le programme permettra la réalisation d'un nouveau modèle de développement des zones industrielles prenant en considération le secteur privé afin de garantir que ce développement réponde aux besoins des entreprises en termes d'emplacement, d'infrastructures et de services. Une nouvelle agence à créer Comme pour le premier Compact, le gouvernement marocain devra mettre en place une agence ad hoc chargée de l'implémentation du programme en gérant notamment l'aspect financier de l'allocation des ressources. Il s'agira d'une agence indépendante sous forme d'établissement public dénommée «MCA-Morocco II». Créée par voie de décret, ladite agence sera dissoute avec la fin de sa mission à l'échéancier prévu.