Entre les derniers trimestres de 2014 et de 2015, BAM relève une baisse de 18 points de base du taux débiteur moyen à 5,49%. Mais entre les catégories de crédit, les disparités d'évolution restent grandes. Malgré la transmission partielle des effets de la politique monétaire menée par la Banque centrale, les volumes ne suivent pas. Les conclusions de la commission dédiée sont attendues de pied ferme. Les nouvelles statistiques monétaires de la Banque centrale le confirment : les effets du rabaissement ont bel et bien été répercutés par les banques sur leurs taux débiteurs, quoique partiellement. Cependant, la transmission in fine, qui devrait s'afficher d'abord sur le volume des crédits puis sur l'économie nationale dans son ensemble, tarde encore à apparaître. En effet, les résultats de l'enquête trimestrielle sur les taux débiteurs appliqués par les banques à leur clientèle non financière au titre du quatrième trimestre 2015 laissent apparaître une baisse de 18 points de base (pbs) du taux débiteur moyen à 5,49%. «Cette diminution reflète un repli de 59 pbs pour les prêts à l'équipement à 4,76% et de 17 pbs pour les crédits à la trésorerie à 5,48%. En revanche, le taux appliqué aux concours immobiliers s'est inscrit en hausse de 8 pbs et celui aux crédits à la consommation de 4 pbs», détaille Bank Al-Maghrib (BAM). Mais sur la durée, même les taux appliqués aux crédits immobiliers et ceux à la consommation se sont inscrits sur une tendance baissière. Ceci dit, la transmission de la baisse du taux directeur a été bien plus forte sur le crédit à l'équipement, ce qui, en théorie, devrait contribuer à la relance de l'investissement productif des entreprises, chose qui tarde à venir. Au terme de l'année écoulée, l'encours des crédits n'a progressé que de 0,5% en glissement annuel, malgré la transmission effective d'une partie de cette décision monétaire de BAM. «Sur les 50 points de base que nous avons diminués du taux directeur, les enquêtes que nous avons menées font ressortir une baisse moyenne de 36 points de base sur les taux assortissant les crédits distribués par les banques, ce qui prouve la transmission des effets de la baisse décidée par le Conseil de la Banque centrale», expliquait Abdellatif Jouahri, gouverneur de la Banque centrale lors du dernier conseil trimestriel de l'institution. Malgré l'amputation de 50 points du taux directeur et sa transmission relative de la part des banques, le crédit ne redécolle pas. De ce fait, l'explication est à chercher ailleurs que dans le coût du financement. Effet sur les taux, mais pas sur les volumes D'ailleurs, c'est pour répondre à cette question que BAM, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) ont tenu, mardi 26 janvier 2016 à Casablanca, une rencontre sous le thème «Comment renforcer la compréhension entre les banques et l'entreprise ?». Il semble ainsi qu'il y ait encore des efforts à fournir de part et d'autre pour qu'établissements de financement et entreprises soient sur la même longueur d'onde. «Il n'est pas question que la baisse du taux directeur serve à alimenter le compte d'exploitation des banques. Je tiendrai une réunion avec les patrons des banques pour faire le point sur la transmission effective des effets escomptés de cet instrument», insistait alors Jouahri. Les discussions entre les participants à la réunion de haut niveau ont principalement porté sur les facteurs explicatifs du ralentissement de l'offre et de la demande du crédit bancaire durant les dernières années. Même constat d'«autarcie» concernant la politique monétaire pour les transactions immobilières, qui ne redécollent pas malgré la baisse des taux assortis aux crédits immobiliers sur la durée. En revanche, le comportement des crédits à la consommation n'a pas suivi la même direction. En effet, l'évolution du taux d'intérêt des crédits à la consommation, une fois lissée, laisse apparaître une stabilité relative. Sur cet aspect, la transmission de la décision de politique monétaire de BAM ne s'est quasiment pas faite. À l'issue de la réunion tenue fin janvier, il a été convenu de mettre en place une commission qui comprenne BAM, la CGEM, le GPBM ainsi que la CCG et Maroc PME. Cette commission proposera un plan d'actions et des mesures concrètes à même de soutenir le financement des entreprises en général et des TPME en particulier.