Les intervenants à la conférence d'Adalia School of Business./Karim Mdouari Développer le business angel ou «l'investissement providentiel» pour résoudre le problème de financement des PME est une piste à explorer au Maroc. Et pour cause, la plupart des fonds d'investissement existant dans le pays exigent un ticket d'amorçage d'au moins 2MDH, ce qui reste hors de portée de la majorité des entrepreneurs qui démarrent. Au Maroc, depuis plusieurs années, les jeunes entrepreneurs sont soutenus à travers la sensibilisation et l'accompagnement mais il manquait un maillon de la chaîne : le financement. Un manque à gagner que l'Etat tente de rattraper mais encore faudrait-il trouver le bon outil de financement. Mardi, lors d'une conférence organisée par Adalia School of Business, à Casablanca, sur «l'entrepreneuriat au Maroc, fantasmes et réalités», cette problématique, récurrente dans les débats sur la PME marocaine, a été à nouveau soulevée. La raison, Idriss Berrada, directeur général d'Attijariwafa bank Corporate Finance, l'a donnée : «Il y a une vingtaine de fonds d'investissement au Maroc mais seuls trois sont destinés à la PME, qui demandent un ticket d'amorçage à partir de 500.000DH. Quant aux autres fonds, leur ticket démarre à 2MDH, ce qui est très élevé pour un amorçage». Amorçage et développement Fatima Zahra Oukacha, directrice générale de CEED Maroc, de préciser que sur ces trois fonds d'investissement : Sindibad, Dayam et Maroc Numeric Cluster, les deux premiers n'ont plus de d'argent et «Maroc Numeric Cluster, détenu par l'Etat et les banques, propose un ticket entre 2 et 3MDH mais à condition de survivre les deux voire les trois premières années». Elle en conclut que dans ce cas, «ce n'est plus un fonds d'amorçage mais plutôt de développement». Pour résoudre la problématique du financement de la PME, Idriss Berrada propose de développer le business angel au Maroc, c'est-à-dire pousser des investisseurs à soutenir financièrement une entreprise dont le projet paraît innovant. Mais aussi, selon le modèle américain du business angel, ces investisseurs doivent décider d'aider parce qu'ils ont eux-mêmes été aidés à leur démarrage. D'après Berrada, «le business angel doit être développé au Maroc, mais il faut, pour ce faire créer un écosystème dans lequel l'Etat est l'acteur central et non un simple facilitateur». De nouveaux fonds d'investissement en vue Dans ce sens, Fatima Zahra Oukacha a fait savoir que le gouvernement, à travers le ministère de l'Industrie, du commerce, de l'investissement et de l'économie numérique et la Banque mondiale travaillent activement à mettre en place des fonds d'investissement avec des tickets d'amorçage de 200.000 à 500.000DH. À l'en croire, ces fonds d'investissement devraient être lancés avant la fin de l'année. M'hammed Abbad Andaloussi, président d'Injaz Al-Maghrib, intervenant à la même conférence, a pour sa part fait savoir qu'au Maroc, «il faut promouvoir la culture de l'entrepreneuriat». Abondant dans le même sens, un présentateur télé et également intervenant à cette conférence sur l'entrepreneuriat, a soutenu que c'est bien de mettre en place les mécanismes nécessaires pour aider les jeunes à entreprendre, encore faudrait-il leur inculquer cette fibre entrepreneuriale. Une entreprise qui devrait commencer dès le bas âge sur les bancs de l'école. Tags: Entrepreneuriat Financement Amorçage Fonds d'investissement Adilia School of Business Business angel