L'expérience du Maroc dans les partenariats public-privé a été présentée, lundi, devant un parterre d'experts du secteur, à l'ISCAE Casablanca. C'était l'occasion d'échanger mais aussi de lancer un appel vers le développement de l'utilisation de cet instrument de réalisation de la commande publique. À l'occasion d'une conférence tenue hier à l'ISCAE Casablanca en présence d'un cabinet d'avocats anglais Bird&Bird, les participants ont débattu du sujet des partenariats public privé. Lors de cet évènement organisé pour les étudiants et les professeurs de l'Institut, l'ISCAE a souligné son partenariat avec ce cabinet d'avocat international qui espère éventuellement s'implanter dans le pays. «Nous espèrons que le Maroc sera le fer de lance de ces contrats en Afrique», souhaite Sophie Pignon, avocate associée chez Bird&Bird. En tout cas, le Maroc s'est préparé en amont pour développer le nombre de projets concrétisés par le biais des partenariats public-privé. Et ce grâce à la loi 86-12, entrée en vigueur le 4 juin 2015. Le Maroc souhaite exporter son modèle de PPP «Nous avons 7 ou 8 projets lancés dans le cadre de cette loi», s'enorgueillit Najat Saher, chef de division de la privatisation et responsable de la cellule PPP au ministère de l'Economie et des finances. Il faut savoir que les PPP demeurent des instruments de réalisation de la commande publique dont les dépenses peuvent atteindre 25% du PIB. C'est dire l'importance de l'utilisation des PPP dans l'accélération de l'accomplissement des projets d'infrastructures notamment. L'Etat est conscient de cette réalité et ne ménage aucun effort pour encourager le recours à cet instrument. C'est la raison pour laquelle il a lancé une réflexion sur le sujet en 2010 déjà avec la cellule PPP du Royaume-Uni qui a abouti à plusieurs recommandations. «Les principales recommandations de cette étude sont la nécessité de développer les PPP dans le secteur non marchand notamment pour les projets de ports, aéroports, transport urbain, autoroutes...sans oublier la santé et l'éducation. Il faut également une analyse quantitative préalable afin de choisir le contrat approprié pour la personne publique», reprend Najat Saher. En effet, entre gestion déléguée, concessions et partenariats public privé, le choix reste forcément lié à l'évaluation préalable soumise au ministère des Finances. Pourtant, depuis cette date, plusieurs projets se sont concrétisés grâce aux PPP dont le port Tanger Med et le projet Bouregreg entre autres. L'exemple du Maroc pourrait même être exportable vers l'Afrique. C'est ce que souhaite en tout cas Attijariwafa Bank (AWB). «En plus du potentiel de développement des PPP au Maroc pour financer les extensions du réseau ferroviaire de Marrakech à Agadir et vers Guelmim ou encore les ports, aéroports et la production des énergies renouvelables. Mais en Afrique Subsaharienne, le besoin est encore plus conséquent. Il faut savoir que chaque année, le besoin en infrastructures et investissements dans le continent est de 93 milliards de dollars. L'Afrique n'arrive même pas à financer elle-même la moitié de ce montant. D'où le rôle des PPP qui permettraient d'atteindre les objectifs de mise à niveau du continent. Le potentiel est donc énorme pour les banques marocaines», appuie Mohamed Redouane, directeur exécutif au groupe AWB. Dans ce cadre, l'exemple de l'ONDA (Office national des aéroports) est révélateur. Dans un secteur qui croît entre 6 et 7% chaque année, le privé a beaucoup apporté à la croissance extra-aéronautique pour la création de valeur autour des concessions et du secteur commercial. Mais pas assez, selon Zouhair Mohamed El Aoufir, DG de l'ONDA qui espère améliorer la part des PPP dans le développement des projets de l'office. Au final, parmi tant d'autres, l'utilisation de cet instrument a permis au Maroc de gagner, entre 2010 et 2015, 52 places dans le classement Doing Business.