Ce n'est pas encore un record, mais les intervenants du marché financier restent convaincus que le marché de la dette a de quoi séduire de plus en plus d'entreprises, surtout dans la conjoncture actuelle. Et la tendance le confirme. Sur les huit premiers mois de l'année en cours, 23 entreprises ont fait appel soit à des émissions obligataires ou à des titres de créances négociables pour lever un total de 35,5 MMDH, contre 63,7 MMDH sur toute l'année 2010. Ce qui propulse l'évolution des émission sur les cinq dernières années à plus de 500% ! Et les analystes tablent encore sur de nouvelles émissions sur le restant de l'année, à même de hisser le niveau de recours au marché de la dette. Dans le détail, les certificats de dépôt, titres émis par les banques, représentent 73,5% de l'ensemble des montants levés sur les huit premiers mois de l'année en cours, soit 26,11 MMDH. L'année dernière, le montant capté par ces titres s'était élevé à 42,8 MMDH. Cet engouement témoigne de la soif de fonds chez les banques, accentuée par la faiblesse de l'épargne collectée et la pression exercée sur les liquidités. En effet, en plus des huit banques commerciales que compte la place financière, Al-Barid Bank non comprise, on retrouve parmi les émetteurs, la banque d'affaires CDG Capital, ainsi que le Fonds d'équipement communal (FEC). Les deux entités ont fait appel à ce type de financement, afin de contourner le circuit traditionnel caractérisé par sa cherté. Elles ont levé respectivement 100 MDH et 1,7 MMDH. Sur leurs pas, plusieurs entreprises ont également fait appel aux titres de créances négociables, baptisés dans ce cas billets de trésorerie. En conséquence, le marché de ces titres continue d'être dynamique et enregistre un volume global de 3 MMDH, levé par certains émetteurs récurrents, tels que Nexans, Maghreb Steel, Disway et deux nouveaux entrants, Afriquia Gaz et Maghreb Oxygène. «L'intérêt porté à ces titres par les différents émetteurs du marché se justifie par l'effet combiné des restrictions bancaires et des conditions avantageuses de cet instrument», expliquent les analystes. Les sociétés de financement n'ont pas été en reste non plus. Ainsi, 3,69 MMDH ont été partagés entre Eqdom, Maghrebail, Salafin, Sogelease et Wafabail. Il y a lieu de noter que la situation financière des sociétés de crédit et l'évolution positive de 6,2% de l'encours des crédits accordés, les ont poussées à propulser le segment des bons de sociétés de financement de quelques points, après un fléchissement de 1,5% entre 2009 et 2010. En fait, la levée réalisée en 2010 par six sociétés a porté sur 3,4 milliards, soit une différence de 290 MDH. A contrario, le marché obligataire, qui avait enregistré une progression de 40%, pour atteindre 11,4 MMDH, a fléchi jusqu'à 2,7 MMDH. En effet, le nombre des émetteurs est passé de onze à seulement trois, mais ce n'est pas pour autant que ce repli cache un désintérêt de la part des émetteurs pour ce segment du marché de la dette. Au contraire, étant donné l'importance des montants levés par les emprunts obligataires, les entreprises ou encore les banques ont souvent suffisamment de fonds pour couvrir plusieurs années encore. Par ailleurs, eu égard à la stabilité des écarts de taux remboursant le risque, les analystes demeurent confiants quant au recours au marché de la dette pour se financer.