Le roi a adressé vendredi soir un discours à la nation en marge du 40e anniversaire de la Marche verte./DR Dans un discours très attendu, adressé vendredi soir à la nation en marge du 40e anniversaire de la Marche verte, le roi Mohammed VI a souligné la nécessité d'opérer une « rupture » avec les méthodes adoptées dans la prise en charge des affaires du Sahara. Rupture « Aujourd'hui, après quarante années et ce qu'on peut inscrire à leur actif comme à leur passif, nous voulons opérer une véritable rupture avec les méthodes adoptées jusque-là dans la prise en charge des affaires du Sahara : rupture avec l'économie de rente et des privilèges et la défaillance de l'initiative privée, et rupture avec la mentalité de la concentration administrative », a affirmé le souverain. Désormais, les affaires du Sahara vont être prises en charge conformément à une nouvelle méthodologie, puisque le Maroc a créé « les conditions de mise en chantier d'une étape nouvelle dans le processus de consolidation de l'intégrité territoriale et d'intégration totales de nos provinces du Sud au sein de la mère patrie », a-t-il poursuivi. Le but étant que « les fils de nos provinces du Sud disposent des moyens nécessaires pour gérer leurs propres affaires et montrer leur capacité à assurer le développement de la région », a souligné le roi. Un centre économique Le roi a ensuite évoqué son engagement auprès des citoyens dans provinces du Sud pour « ériger celles-ci en un véritable modèle de développement intégré ». Ce dernier constitue « un pilier d'appui pour l'insertion définitive de ces provinces dans la patrie unifiée, et pour le renforcement du rayonnement du Sahara, comme centre économique et comme trait d'union entre le Maroc et son prolongement africain », a fait valoir le souverain. C'est pourquoi « nous avons décidé de mobiliser (...) tous les moyens disponibles pour la réalisation de grands chantiers et de projets sociaux et médico-éducatifs, dans les régions de Laâyoune Sakia El-Hamra, Dakhla Oued Eddahab et Guelmim-Oued Noun », a-t-il ajouté. Une voie express Dans le domaine des infrastructures, le roi a annoncé le renforcement du réseau routier de la région, à travers la réalisation d'une voie express, aux normes internationales, entre Tiznit-Laâyoune et Dakhla. Il a aussi appelé le gouvernement à réfléchir à la mise en place dans les provinces du Sud d'un hub de transport aérien desservant l'Afrique. Selon la MAP, le roi a aussi fait état de son souhait de construire une ligne ferroviaire de Tanger à Lagouira, pour relier le Maroc au reste de l'Afrique, formant le vœu de trouver les ressources financières qui manquent aujourd'hui en vue de parachever la ligne Marrakech-Lagouira. « Nous comptons construire le grand port Atlantique de Dakhla, réaliser d'importants projets d'énergie solaire et éolienne dans le Sud, et connecter la ville de Dakhla au réseau électrique national ». Le roi a ensuite réaffirmé la nécessité de continuer à faire investir les revenus des ressources naturelles au profit des habitants de la région, en concertation et en coordination avec eux. « C'est dans cette perspective que nous avons décidé de réaliser une série de projets qui permettront de valoriser et d'exploiter les ressources et les produits locaux », a dit le souverain, en référence à la mise en œuvre du grand projet de dessalement de l'eau de mer à Dakhla, et de la mise en place d'unités et de zones industrielles à Laâyoune, Marsa et Boujdour. Des contrats entre l'Etat et les Régions Le roi Mohammed VI a aussi annoncé la prochaine mise au point de contrats-programmes entre l'Etat et les Régions. Ces contrats vont définir les obligations de chaque partie pour la réalisation des projets de développement, a précisé le souverain. Il convient aussi d'accélérer l'élaboration d'une véritable charte de déconcentration administrative, qui confère aux services régionaux les prérogatives nécessaires pour assurer la gestion des affaires des régions au niveau local. « Ainsi, nous mettons les habitants de nos provinces du Sud et leurs représentants devant leurs responsabilités, maintenant que nous leur avons assuré les mécanismes institutionnels et de développement pour gérer leurs affaires et répondre à leurs besoins », a affirmé le roi à ce sujet. « En entreprenant l'application de cette régionalisation et de ce modèle de développement, le Maroc veut donner de plus grandes chances à la recherche d'une solution définitive au conflit artificiel autour de notre intégrité territoriale », a relevé SM le Roi. Le « maximum » « Comme Je l'ai affirmé dans le discours de la Marche Verte de l'année dernière, cette Initiative est le maximum que le Maroc peut offrir. Son application reste tributaire de l'impératif de parvenir à une solution politique définitive dans le cadre des Nations Unies », a dit le roi évoquant le plan d'autonomie présenté par le Maroc. « Il se leurre celui qui attend du Maroc qu'il fasse une tout autre concession. Car le Maroc a tout donné. Il a donné la vie de ses enfants pour défendre le Sahara », a souligné le souverain. Tindouf et l'Algérie « En revanche, les populations de Tindouf, en Algérie, continuent à endurer les affres de la pauvreté, de la désolation et de la privation et à pâtir de la violation systématique de leurs droits fondamentaux. Ceci incite à s'interroger légitimement : Où sont passées les centaines de millions d'euros accordées sous forme d'aides humanitaires, lesquelles dépassent les 60 millions d'euros par an, sans compter les milliards affectés à l'armement et au soutien de la machine de propagande et de répression utilisée par les séparatistes ? « Comment expliquer la richesse insolente des leaders du séparatisme, qui possèdent des biens immobiliers et disposent de comptes et de fonds en banque, en Europe et en Amérique latine ? Pourquoi l'Algérie n'a rien fait pour améliorer les conditions de vie des habitants des camps de Tindouf estimés tout au plus à 40 mille individus, soit l'équivalent de la population d'un quartier de taille moyenne dans la capitale Alger ? Cela veut dire qu'en quarante ans, elle n'a pas pu ou n'a pas voulu doter ces populations de quelque 6000 logements pour préserver leur dignité, soit une moyenne annuelle de 150 unités de logement », a poursuivi le roi. « Pourquoi l'Algérie, qui a dépensé des milliards dans sa croisade militaire et diplomatique contre le Maroc, accepte-t-elle de laisser la population de Tindouf vivre cette situation dramatique et inhumaine ? L'Histoire jugera ceux qui ont réduit les enfants libres et dignes du Sahara à l'état de quémandeurs d'aides humanitaires. Je tiens à poser aux habitants des camps de Tindouf cette question: Etes-vous satisfaits des conditions dramatiques dans lesquelles vous vivez ? (...) Je récuse cette situation inhumaine qui vous est imposée. Mais si vous vous en accommodez, n'en faites le reproche qu'à vous-mêmes en voyant le Maroc assurer le développement de ses provinces du Sud et créer pour leurs habitants les conditions d'une vie digne et libre ». Le roi Mohammed VI a par ailleurs assuré que le Maroc a bel et bien le droit d'ouvrir la porte à ses partenaires, Etats et entreprises mondiales, pour profiter des opportunités d'investissement que la région va offrir grâce aux grands projets qui seront lancés.