Mardi 28 juin 2011. La commission d'aide à la production cinématographique a rendu son verdict. Présidée par Rita El Khayat, cette commission a accordé à neuf films des avances sur recette avant et après production. Cette liste regroupe, entre autres, «Les mains rudes» de Mohamed Asli, «Zaynab, la rose d'Aghmat» de Farida Bourquia, «Once upon a father» de Mohamed Achaour et «Gnaza party» de Leïla Marrakchi. Une fois n'est pas coutume, la commission d'aide a décidé également d'octroyer une prime à la qualité à deux longs métrages en l'occurrence «Pégase» de Mohamed Mouftakir (300.000 DH) et «The end» de Hicham Lasri (200.000 DH). Une première dans l'histoire du Centre cinématographique marocain (CCM). Pourtant, cette prime a été insaturée il y a plusieurs années, en 2004 plus précisément. «Un formulaire a été mis à la disposition des producteurs depuis 2004 pour présenter leurs candidatures à cette prime, mais personne n'osait le remplir», nous explique un membre de ladite commission. Autres temps, autres mœurs. Depuis, la production cinématographique nationale a gagné en maturité. Le nombre de films marocains produits par an (long et court métrages confondus) en est la preuve. En 2010, par exemple, le CCM a accordé des avances sur recettes (avant production) à 19 films, dont 4 courts métrages. Ce chiffre en dit long sur l'état des lieux du secteur. Certes, une parfaite corrélation n'existe toujours pas entre la quantité et la qualité, mais le cinéma marocain semble marcher sur «la bonne voie», selon bon nombre de spécialistes. Nouvelle vague Les deux premiers films, qui ont reçu la prime à la qualité en l'occurrence «Pégase» et «The end», font partie de cette «nouvelle vague» du cinéma national. Mouftakir a réussi, en effet, à transporter le public marocain dans un univers lyrique, celui de son «Pégase». Bien accueilli par les critiques et le public, ce film, le premier long métrage de Mouftakir, a remporté plusieurs prix notamment le grand prix du festival national du film de Tanger et l'Etalon d'or du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). Présenté en avant-première lors du dernier festival film de Tanger, «The end», lui ne sortira dans les salles que le 14 décembre prochain. Dans son premier long métrage, Hicham Lasri a abordé l'histoire d'un jeune homme Mikhi éperdument amoureux de Rita, la sœur psychologiquement fragile d'une fratrie de voleurs de voitures. Tourné en noir et blanc, cette production qui a nécessité un budget global de 8,5 MDH (dont 5,5 MDH comme avance sur recettes du CCM), parle de politique, puisque l'un de ses personnages principaux n'est autre que le commissaire de police Daoud (Ismail Abou Kanater) surnommé «le pit-bull du système». Le tout se déroule en quelques jours avant la mort du roi Hassan II. À Tanger, les avis étaient partagés. «The end» a en effet suscité un débat houleux entre son réalisateur et les critiques de cinéma. Hicham Lasri a essayé, en effet, de défendre bec et ongles son film lors de la conférence de presse organisée en marge du festival tangérois, en avançant qu'il s'agit bien d'un style que l'on peut aimer ou non. Les critiques, eux, ont qualifié le jeune réalisateur de «prétentieux», puisqu'on «ne peut en aucun cas parler de style alors qu'on est encore novice». Vivement le 14 décembre pour découvrir la réaction du public face à un film «inédit» !