Le Maroc a-t-il raison de maintenir son régime de change inchangé? À l'heure où la polémique bat son plein depuis plusieurs mois quant à la pertinence du passage du Maroc à un régime de change flexible, le FMI vient de consacrer un chapitre dans le cadre du rapport de sa mission de juillet à cette question. D'emblée, on peut dire que le choix de l'institution mondiale est tranché : «Un régime de taux de change flexible et la poursuite de réformes structurelles contribueraient à soutenir la compétitivité et à donner plus de marge de manœuvre à la politique économique», souligne l'organisme. Ce dernier juge en effet que les autorités monétaires disposent des moyens et des capacités pour le passage à un régime formel de ciblage de l'inflation et de taux de change plus flexible. D'abord, la Banque centrale dispose aujourd'hui de l'indépendance, de l'expertise, des ressources statistiques nécessaires et d'un éventail complet d'instruments. Ensuite, la supervision bancaire pour la maîtrise du risque est qualifiée d'efficace par le FMI et l'exposition aux risques de devises est limitée. Cependant, les autorités considèrent que cette transition est nécessaire pour assurer la soutenabilité des finances publiques et maintenir la stabilité financière, ainsi que de contribuer au maintien du dynamisme des marchés interbancaires et l'adaptation du cadre opérationnel de la politique de change pour des interventions actives de BAM sur ce marché. «La mission considère qu'à court terme, le développement du marché des changes serait aidé par l'élargissement du «spread» de la Banque centrale de 0,6% à au moins 2% (la norme du FMI pour les régimes de change fixe conventionnel) pour encourager le développement des transactions de change entre banques», ajoute-t-on auprès du FMI. Seul hic, la baisse drastique que subissent actuellement les réserves de change du royaume. Selon les dernières données disponibles auprès de la Banque centrale, les réserves en devises du royaume sont passées de 7 mois à 5 mois et 20 jours d'importation en l'espace de quelques mois. Cela rend une quelconque révision du régime de change dans le contexte actuel quelque peu risquée. Cela dit, dans un contexte où le solde du compte courant du royaume affiche une tendance baissière accrue depuis 2007, ce qui traduit une sérieuse érosion de la compétitivité de l'économie nationale, les autorités monétaires se retrouvent devant un sacré dilemme. D'ailleurs, même le Centre marocain de conjoncture, dans une récente note explique que «le taux de change fixe est jugé anti-productif et l'option pour une flexibilité modulable du dirham s'avèrerait inévitable». Cela n'empêche pas que la question de la révision du taux de change actuellement en vigueur est très sensible et qu'il faudrait l'aborder avec le maximum de précautions, car chaque correction mal ou peu mesurée risque d'avoir des conséquences très importantes, voire même des effets pervers sur l'économie marocaine.