Vincent Le Guennou, Co-fondateur, Managing Director et co-CEO d'Emerging Capital Partners (ECP) Les ECO : Le Maroc est l'une des économies les plus dynamiques de la région. Comment se porte votre portefeuille de participations et d'investissements sur ce marché ? Vincent Le Guennou : À ce jour, nous détenons quatre participations au Maroc, réparties sur trois de nos fonds. Le Moroccan Infrastructure Fund (MIF) cogéré avec Attijari Invest, qui est la structure de Private Equity d'Attijariwafa bank, détient deux participations minoritaires dans CMT, société minière spécialisée dans l'exploration, l'extraction et le traitement des minerais de plomb argentifère et de zinc, cotée sur la place de Casablanca et dans EMT, entreprise de BTP spécialisée dans les travaux publics, le génie civil et le terrassement pour des projets de construction variés, avec sa consœur EMT Levage, entreprise référence en matière de levage au Maroc, qui loue du matériel de BTP. EMT et EMT Levage font partie du pôle construction du groupe Alliances, dont MIF est le partenaire depuis 2009. Notre fonds, dédié à la région MENA, ECP Mena Growth Fund, détient une participation dans Finaccess Group, société spécialisée dans l'outsourcing et les services financiers. Enfin, notre fonds panafricain, Africa Fund I, est actionnaire minoritaire dans la filiale de Veolia au Maroc, qui gère les concessions d'eau et d'électricité à Rabat, Tanger et Tétouan. Quel bilan global faites-vous de l'exercice 2012 pour cette présence sur le marché local ? L'année 2012 a été un bon exercice pour notre portefeuille de participations au Maroc, malgré une conjoncture économique moins favorable. CMT enregistre de très bons résultats depuis notre prise de participation en 2007, avec une croissance de son chiffre d'affaires de plus de 25% depuis la date d'acquisition et une marge nette dépassant les 50%. EMT a réalisé un chiffre d'affaires en ligne avec son budget et a développé significativement son carnet de commandes. On peut citer pour exemple l'attribution du marché de la construction de la STEP de Oum Azza. EMT a également pour vocation de démarcher des marchés dans la sous-région et d'accompagner le groupe Alliances dans son expansion régionale, notamment au Maghreb et en Afrique subsaharienne. Veolia continue de servir le marché marocain avec des résultats qui sont en ligne avec nos prévisions. Notre portefeuille arrive aujourd'hui à maturité et l'année 2013 devrait nous permettre de réaliser un certain nombre de nos investissements avec succès. Comptez-vous développer ce positionnement avec des projets d'acquisitions supplémentaires, vu la dynamique économique marocaine ? Nous investissons au Maroc depuis 2003 avec notre premier investissement dans le groupe Charaf, spécialisé dans les fertilisants (participation que nous avons cédé depuis) et nous souhaitons, bien entendu, y développer nos investissements. Les fonds MIF, Africa I et MENA ont clôturé leurs périodes d'investissement et se consacrent désormais au monitoring des sociétés en portefeuille. Notre dernier fonds panafricain, Africa Fund III, a pris le relais avec un encours de USD 613 millions et recherche des opportunités à fort potentiel de croissance dans le royaume. Ce fonds vise à prendre des participations majoritaires ou minoritaires, tous secteurs confondus, dans des entreprises en forte croissance, par le biais de fonds propres ou quasi fonds propres, notamment de la dette convertible pour des tickets d'investissement compris entre 30 et 70 millions de dollars. Un certain nombre d'opportunités au Maroc sont aujourd'hui en cours d'étude par nos équipes. Par ailleurs, nous travaillons actuellement avec un partenaire de renommée, sur un projet de développement positionnant le Maroc comme locomotive pour l'investissement dans la sous-région. Les énergies renouvelables sont un créneau porteur auquel de plus en plus de pays africains se sont branchés, avec des projets très ambitieux, déjà lancés dans plusieurs d'entre eux, notamment au Maghreb. Quelle place ce secteur occupe-t-il dans la stratégie d'ECP ? ECP a vocation à accompagner des sociétés dans leurs projets de développement au niveau local et régional. Les besoins en infrastructure et en énergie sont immenses en Afrique et nous sommes effectivement sollicités de plus en plus par des entrepreneurs pour des projets dans les énergies renouvelables, que ce soit le solaire ou l'éolien. Aucun de ces projets n'a pour le moment retenu notre attention, car ils ne disposaient pas du niveau de maturité suffisant pour voir le jour. Il y a certes un avantage à être le pionnier sur le marché, mais le choix de la technologie mérite une étude poussée. Au-delà de la nature même du projet, ce secteur doit également obtenir le soutien des autorités locales, pour en faire un projet rentable et c'est souvent là où certains pays africains accusent encore du retard. Le Maroc s'est distingué très tôt avec le Masen, qui a vocation à accompagner les projets pour leur assurer une pérennité et à promouvoir l'investissement dans la filière solaire. Nous pourrions tout à fait envisager d'investir dans ce secteur directement ou au travers de nos sociétés en portefeuille.