Les Echos quotidien : Les hypothèses de base pour la loi de Finances 2012 sont jugées par beaucoup comme «très optimistes». Que répondez-vous à cela? Salaheddine Mezouar : Il s'agit d'hypothèses préliminaires établies au vu des données arrêtées à fin juin dernier. Une actualisation sera faite, comme c'est le cas chaque année, au mois d'octobre prochain, conformément à l'évolution des données nationales et internationales et des actualisations qui en découleraient. Mais plusieurs économistes estiment que les moteurs de croissance que sont l'investissement, l'export et la consommation interne sont en train de se dégrader, rendant ces hypothèses irréalistes... La croissance en 2012 sera soutenue, contrairement à 2010 et 2011, par la demande intérieure, avec une augmentation prévue de 4,2% en volume contre 3% cette année. Elle est attribuable à la confirmation de la relance de l'investissement brut et de la consommation finale depuis le début de 2011. L'effort d'investissement public sera soutenu en 2012 et l'année 2011 a enregistré des augmentations substantielles de revenus. De ce fait, la contribution de la demande intérieure à la croissance du PIB se situerait autour de 4,7 points en 2012 contre 2,7 points cette année. Jusqu'à quel point économie et politique se rejoignent-elles autour de cette question? Nous sommes effectivement dans un contexte préélectoral, qui induit généralement des comportements d'attentisme. C'est l'une des raisons pour laquelle nous avons demandé à ce que les échéances post-Constitution soient les plus courtes possibles. Sue quelle priorité miser pour cette loi de Finances 2012, la résorption du déficit ou la croissance? La logique qui a jusqu'ici sous-tendu mon action comme mes décisions a toujours été celle de la croissance. Tout faire pour préserver la dynamique de croissance est ma devise, car sans croissance, il ne peut y avoir de réponse aux problématiques de l'emploi, de la pauvreté et de la résorption des déficits sociaux et spatiaux. La loi de Finances 2012 continuera dans ce sens. La maîtrise de nos équilibres sera assurée et le déficit contenu à moins de 5% en 2011 et à moins de 4% en 2012. Tout sera fait pour que la dynamique de réformes soit poursuivie et la confiance dans la bonne santé de notre économie préservée. À quel impact faut-il s'attendre sur l'endettement public? À fin 2010, le taux d'endettement était de 50,3%. Au vu du déficit prévisionnel de 2011, on se situerait autour de 53% dont l'essentiel est de la dette intérieure. Cela reste un taux maîtrisé au vu des critères de Maastricht et du contexte régional et international. Regardez ce qui se passe autour de nous et comparez. Nous avons eu droit à quatre années difficiles avec de grands chocs, et nous avons su préserver la confiance, la croissance, la dynamique des réformes et nos fondamentaux. Mezouar privé d'élections ? À l'annonce de la date de la tenue des élections, le ministre des Finances a réagi à chaud et violemment quant à la fixation de cette échéance. «En retenant la date du 25 novembre, on prive le ministre des Finances de se présenter aux élections», lance Mezouar. «Le délai de dépôt de la loi de Finances est fixé au 20 octobre et les discussions et approbations nous mèneront jusqu'au 20 novembre. Matériellement, je ne pourrai pas me présenter aux élections puisque je dois être au Parlement au même moment», précise le ministre. De plus, Salaheddine Mezouar met en relief une autre problématique qu'impose cette échéance du 25 novembre: «En tant que président du RNI, je n'aurai pas la possibilité de soutenir les candidats de mon parti dans leur campagne électorale. Au RNI, nous avons proposé la date du 4 novembre car, au-delà, cela porte préjudice au parti». Et justement, le parti ne compte pas baisser les bras car, selon son leader, «nous allons nous réunir très rapidement pour étudier les recours possibles».