Maxime Ginolin Artiste Après avoir passé son enfance et adolescence au Maroc, Maxime Ginolin continue son parcours mi artistique mi activiste, où la musique est sa meilleure arme pour défendre ses idéaux. Il s'aide même d'un personnage «Magic Jack». Maxime Ginolin est de ceux qui sont nés avec une épée de Damoclès au dessus de la conscience comme pour porter la misère de ce monde sur leurs épaules. À peine âgé de 25 ans, il a à son actif trois albums complets, des clips, un concept de concert et surtout un univers bien particulier puisqu'il n'est pas intéressé par les strass et les paillettes comme pourrait l'être un jeune de son âge, mais il milite, s'exorcise dans ses morceaux afin de faire passer un message, celui du véganisme et de la protection animale et environnementale. Sa musique, à cheval entre le grunge, la musique tribale, amérindienne et la musique de film, raconte les convictions de ce mode de vie que Maxime a choisi il y a quatre ans. En effet, sa musique est inspirée du mystique et de ces musiques de l'âme comme le gnaoua ou les musiques du monde, le tout posé sur une musique intemporelle que représente le rock et porté par une voix saisissante et puissante, digne d'un héritage grunge. «C'est un mode de vie fondé sur le refus de l'exploitation et de la cruauté envers les animaux, qui consiste à suivre un régime alimentaire végétalien, mais qui condamne également la consommation ou l'achat de tout produit issu d'animaux ou testé sur eux comme le cuir, la fourrure ou la laine», explique le militant artistique. Cependant, le besoin de s'exprimer pour la cause véganiste est né petit à petit. «J'ai grandi au Maroc et très tôt vers l'âge de 7-8 ans, j'ai vu le sacrifice du mouton lors de l'Aïd, ce qui m'a traumatisé. Il est difficile pour moi de manger du mouton. Le problème c'est que je n'ai pas fait le lien en fait avec les autres animaux. Je mangeais tout le reste. C'est plus tard, à l'âge de 20 ans, en me renseignant tout seul sur Internet que j'ai regardé un documentaire qui a chamboulé ma vie. J'ai alors décidé de ne plus mettre un bout de cadavre dans ma bouche et de devenir végétarien...». Devenir végétarien dans un premier temps mais ce ne sera plus suffisant au bout d'un moment. En effet, Maxime se rend compte que ce n'est pas cohérent et se cherche encore. «J'ai continué comme ça pendant plusieurs années jusqu'au jour où je me suis rendu compte de l'incohérence de manger du poisson, des produits laitiers ou du miel, de porter du cuir, de la fourrure. Je suis donc devenu végétalien et ça fait 4 ans et demi que je milite pour la cause animale. La cause animale est liée à toutes les autres causes : environnementales et humaines. Il faut savoir que 75% des céréales produites sur terre servent aux animaux d'abattage. Cela pourrait nourrir 14 millions de personnes sur terre. La viande est une des premières causes de pollution terrestre, c'est catastrophique», continue Maxime Ginolin, dont la passion numéro 1 est la musique. Quelque chose qu'il a porté en lui très jeune et qu'il exprime déjà au collège. «J'ai commencé à Rabat quand j'étais au lycée. J'ai commencé avec un premier groupe où on faisait quelques reprises. Cela ne m'intéressait plus, j'ai tout de suite voulu qu'on aille vers la composition. On a tourné plusieurs fois à Rabat, on a joué à Mawazine, au théâtre Mohamed V, Allal Al Fassi, on avait fait la première partie de H Kayne à l'époque. Cela a bien commencé mais le problème c'est que le rock a ses limites au Maroc. J'ai eu mon bac donc il a fallu que je parte en Europe pour aller étudier la psychologie en Savoie. J'ai détesté le système éducatif français comme au collège ou au lycée d'ailleurs, des systèmes qui écrasent les enfants, leur créativité et ne permettent pas de les élever. J'ai donc décidé d'arrêter pour me consacrer uniquement à la composition et là, je suis en dernière année d'une école de réalisation à Lyon pour devenir réalisateur agrégé». Une musique en phase avec ses convictions, des textes militants, des clips qui rappellent la nature, la dégradation de l'environnement et la condition animale comme pour agiter les consciences et toucher par l'émotion et la force de la musique. «Des choses qui me touchent dans la vie et que je n'arrive pas à oublier m'inspirent pour mon travail d'écriture et de composition. J'ai beaucoup parlé des animaux, de l'environnement, là, je vais bientôt parler des enfants des rues, des orphelins, de la surpopulation. Je vais parler de plus en plus de l'Afrique qui est souillée, volée, totalement», lance l'activiste. Eternel insatisfait, il ne se contente pas de réaliser, monter ses clips, écrire et composer, il crée un personnage antihéros sous le nom de Magic Jack, rappel du «Jocker» sans pitié envers la société de consommation. Artiste complet, Maxime joue dans ses clips et ne se contente pas de faire figuration ou de mettre en valeur son physique. Comme si le jeune homme avait décidé d'opter pour la non-facilité, l'artiste a du mal, bien évidemment à trouver des financements pour ses projets musicaux. Il réussit tout de même à sortir son single «Hope», qui traite de la souffrance animale à travers le monde et produit un clip documentaire relayé par Louis Psihoyos, réalisateur de «The Cove», primé aux oscars et produit par Luc Besson, ainsi que Shaun Monson réalisateur de «Earthlings». Il est alors invité à présenter la chanson à Los Angeles. «J'ai actuellement un album qui sort bientôt, un autre sous Magic Jack et une dizaine de titres pour la bande originale d'un film. Malheureusement, je manque cruellement de moyens», explique l'artiste. Maxime Ginolin continue son combat en animant des conférences sur le véganisme comme mode de vie et sur l'antispécisme. «Le spécisme est un courant de pensée qui met l'intérêt d'une espèce en avant par rapport à une autre», rappelle le militant. En attendant, Maxime est de retour au pays et s'apprête à donner un concert intimiste au Cotton Club de Rabat le lundi 4 mars prochain.