Cela devait être l'autre cheval de bataille du ministère de l'Habitat. Pourtant, aujourd'hui, les résultats laissent à désirer. Contrairement au succès qu'a connu la relance du logement social, celle du logement destiné à la classe moyenne continue de constituer le talon d'Achille du secteur. La raison en est que cette catégorie de logement est celle qui souffre le plus de l'inéquation entre l'offre et la demande. Selon des opérateurs, «difficile aujourd'hui de produire des logements en centre-ville, où la demande de la classe moyenne est la plus forte, à des prix accessibles à cette catégorie sociale». Vu la flambée que connaît l'immobilier dans ces zones, le recours des promoteurs à la construction de logement de standing moyen dans les périphéries se retrouve confronté au refus des demandeurs d'habiter loin des centres-villes. Conséquence des faits, une grande partie des ménages de classe moyenne se ruent aujourd'hui sur les logements sociaux, causant ainsi une concurrence pour la véritable couche sociale à laquelle ils sont destinés. C'est à cette problématique que tentent aujourd'hui de répondre la tutelle et la fédération des promoteurs. Selon le président de cette dernière, Youssef Benmansour, «une étude visant ce segment est en cours d'affinement au sein de la FNPI et permettrait à terme de mettre au point une stratégie concrète au niveau de la fédération». Cette étude devrait déboucher sur les principales propositions que devra défendre la FNPI dans le cadre de la prochaine loi de finances. Cela dit, bien avant sa concrétisation, on peut d'ores et déjà dire que l'équation sera difficile à résoudre tant que le ministère de l'Habitat campe sur sa position. En effet, d'après de récentes déclarations d'Ahmed Taoufiq Hejira, «la résorption du déficit en logement destiné à la classe moyenne devrait se faire sans la mise à disposition de l'Etat de foncier urbain au profit des promoteurs et sans que des incitations fiscales particulières ne soient accordées». Selon la tutelle, ces deux mesures devraient rester exclusivement dédiées aux classes sociales les plus démunies et donc aux logements sociaux. Il faut dire également que les revendications des professionnels tendant vers la baisse de l'IR et de la TVA au profit de la classe moyenne sont des mesures impossibles dans un contexte pareil où les finances publiques sont au plus mal. Difficile dans ce cas de figure de prévoir une porte de sortie vu que tant que le promoteur aura à acheter cher du foncier, il sera impossible de réduire les prix de vente de ces logements. Dans ce sens, l'une des solutions préconisées par les professionnels pourrait également être celle d'accorder des dérogations pour les logements destinés à la classe moyenne en termes de hauteur et dans le cadre de la mixité sociale. Cette mesure devrait se traduire par une importante résorption du déficit en foncier. Les négociations avec la tutelle devraient également concerner l'encouragement de l'investissement dans ce type de logement via la mise en place d'une péréquation en adéquation avec les besoins du marché de la classe moyenne et également d'activer l'élaboration des plans d'aménagement. Il reste l'option du financement qui constitue aujourd'hui l'une des rares lueurs d'espoir pour ce segment. D'ailleurs, selon le ministre de l'Habitat, «un effort doit être fait en matière de financement et nous sommes en pourparlers avec le GPBM». À ce niveau, la proposition des professionnels tendrait plus vers le relèvement du seuil des crédits garantis par l'Etat. Le scénario le plus probable à ce niveau est celui de retenir le plafond d'un million de DH pour les crédits garantis par Damane Sakane au lieu du seuil de 800.000 DH. Ensuite, il s'agirait d'inciter les banques à faire davantage d'efforts au niveau des taux appliqués sur les crédits immobiliers. Une autre mesure est également jugée aujourd'hui comme solution pour le financement est celle des plans d'épargne en logement. Un éventuel relèvement du plafond des PEL, aujourd'hui à 400.000 DH, pourrait également jouer en faveur de la facilitation du financement des logements de la classe moyenne. Par ailleurs, la tutelle parie également sur la redynamisation du logement locatif comme moyen de résorption du déficit en logement destiné à la classe moyenne. À ce titre, le ministère de l'Habitat mise sur l'accélération du processus d'adoption de la loi sur l'immobilier locatif afin de permettre d'apaiser les maux de cette classe moyenne. Pour rappel, selon les estimations du département de Taoufiq Hejira, «près de 850.000 appartements fermés ont été recensés un peu partout dans le royaume dont près du quart pourrait être exploité dans le cadre du locatif».