Bank Al Maghrib dévoile le détail de sa nouvelle stratégie pour relancer les crédits aux entreprises. Les banques ciblées devront selon la vision de l'institution se rallier à la cause par un effet de motivation. Les expériences précédentes ont démontré un relatif échec de l'investissement des établissements bancaires. Cette nouvelle approche sera-t-elle la bonne ? La recette Bank Al-Maghrib vient d'être dévoilée. Au menu : «Motivation et encouragement des banques à l'octroi des crédits au profit des TPME». Nous l'annoncions dans nos colonnes (www.leseco.ma), la Banque centrale démontre une nouvelle fois sa mobilisation pour sortir le tissu entrepreneurial national de l'impasse du manque de financement. Dans le détail, la nouvelle feuille de route de BAM prévoit de nouvelles modalités de financement qui consistent en substance en un refinancement sur un minimum de 2 ans, un allongement de la durée de refinancement des banques à une année renouvelable, une extension des TPME éligibles à celles ayant un CA inférieur à 175 MDH et des crédits inférieurs à 50 MDH. En ligne de mire de ce programme, les responsables de Bank Al-Maghrib tiennent à souligner une nouveauté, à savoir «l'attention particulière réservée aux entreprises industrielles et exportatrices», écartant par là les crédits destinés à la promotion de l'immobilier et aux professions libérales. Sur un volet plus technique, BAM annonce l'élargissement de l'univers du collatéral, éligible au nouveau dispositif mis en place, aux bons du Trésor et aux crédits hypothécaires. C'est à juste titre sur le volet technique que s'articule toute la stratégie de motivation de la Banque centrale à l'encontre des établissements financiers. Aussi, l'institution s'engage, et ceci à partir de septembre prochain, à «financer une allocation maximale qui se décline sous différents types d'allocations». Dans le détail, il s'agit d'une première allocation initiale et annuelle réservée aux banques qui financent des TPME. Cette allocation peut atteindre un taux de 10% de l'encours global des crédits. Une deuxième allocation, dite «additionnelle», destinée aux banques ayant enregistré une augmentation de l'encours des crédits aux TPME dans un délai de 12 mois et qui s'ajoute à l'allocation initiale précitée. Plus encore, les banques soutenant les secteurs cités plus haut (industrie et export) bénéficieront d'un effet multiplicateur par 2. Pour ce qui est du coût de financement, les banques ayant augmenté leur encours de crédits aux TPME au cours d'une année, se verront appliquer la moyenne du taux directeur. Du côté des nouvelles moins réjouissantes pour les établissements financiers, l'intransigeance de BAM sera matérialisée par l'application aux banques les moins collaboratives, d'une majoration supplémentaire de «50 points de base pour chaque point de pourcentage de l'insuffisance notée». Cependant, l'effet sanction de Bank Al-Maghrib ne semble pas nouveau dans le cadre des opérations séduction envers les banques. Un air de déjà vu... En 2005 déjà, une convention avait été signée par le secteur bancaire et le tissu entrepreneurial sous la houlette de Bank Al-Maghrib. Cette dernière visait dans son contenu à «améliorer les relations banques-entreprises», ceci à travers un engagement pris par les banques qui assurent «accompagner et assister les entreprises». La crise intervenant et s'enlisant, ces engagements semblent vraisemblablement avoir été jetés aux oubliettes. En mettant ce passif en exergue, comment donc les nouvelles dispositions de «médiation» de BAM pourraient montrer plus d'efficacité ? Il convient de spécifier que dans cette nouvelle feuille de route tracée par l'institution, des procédures opérationnelles sont dûment exigées. Plus concrètement, les participants devront communiquer trimestriellement les données relatives à leurs prêts nets. Dans cette configuration, la Banque centrale se réserve le droit d'exiger les vérifications indépendantes des données fournies par les banques à tout moment. C'est donc là une forme de suivi institué clairement par BAM afin de s'assurer de l'application de ce nouveau dispositif d'incitation. La volonté donc de rompre avec une approche adoptée par le passé, n'ayant pas réellement porté ses fruits, semble bel et bien là, reste à savoir si le secteur bancaire privé jouera le jeu. Du côté de la CGEM, l'initiative est louée sans pour autant réellement faire preuve d'un optimisme à outrance. La crise est devenue le quotidien d'un grand nombre de TPME qui peinent à présenter de réelles garanties de réussite pour leurs projets à financer. Le blocage est double dans un cercle infernal et vicieux.