Les nouvelles perspectives économiques du continent sont positives. Le continent devrait finir l'année avec un taux de croissance de 5%, un chiffre qui devrait passer à 6% en 2014. Les pays exportateurs de pétrole s'en tirent mieux. Une demande intérieure toujours soutenue et une dynamique d'investissement suffisamment élevée, dans les infrastructures et les capacités de production: ce sont là les deux principaux facteurs qui feront la croissance de l'économie africaine en 2014. Selon le dernier rapport sur les perspectives économiques du continent livré par le Fond monétaire international (FMI), l'Afrique ne devrait pas avoir trop de difficultés à maintenir sa dynamique de croissance. Celle-ci devrait d'ailleurs s'accélérer l'année prochaine, «malgré les vents contraires qui soufflent dans le monde et qui ont fait modérément baisser les résultats de la région en 2013». En effet, pour le FMI, le climat de ralentissement global que connaît la conjoncture économique mondiale ne devrait avoir que de faibles répercussions sur l'économie africaine. Le continent devrait ainsi finir l'année avec un taux de croissance de 5%, un chiffre qui devrait passer à 6% en 2014. Le scénario avancé par le FMI dans son dernier rapport met en évidence une croissance africaine qui devrait ainsi rester robuste cette année. Ces perspectives sont pourtant légèrement moins optimistes que celles avancées en mai dernier par les économistes de l'institution de Bretton Woods. Les marges de révision demeurent néanmoins modestes: -0,7% du PIB en moyenne pour les projections 2013 et -0,1% pour 2014. L'organisme mondial financier a dû revoir ses calculs à la lumière d'un environnement externe «moins porteur», combiné à quelques facteurs internes. Ce contexte est en effet caractérisé par une montée des coûts de financement, une perte de dynamisme des économies émergentes et une évolution moins favorable des prix des matières premières de base. Or noir Dans le détail des chiffres, en 2013, la croissance économique sera particulièrement importante dans les pays exportateurs de ressources naturelles, mais également dans les économies à faible revenu. Dans la première catégorie, ce sont surtout les pays exportateurs de minéraux qui sont concernés. Il s'agit principalement de la Côte d'Ivoire, de la République Démocratique du Congo, du Mozambique, du Rwanda et de la Sierra Leone. Pour le cas des pays exportateurs de pétrole, les facteurs conjoncturels internes pesant sur leur dynamique de croissance sont de diverses natures. En Angola, un des pays riches en or noir, le FMI parle de retards d'exécution du budget public. Au Nigeria, c'est plutôt la recrudescence d'actes de sabotage et de vols de pétrole qui a plombé l'activité du secteur en provoquant l'arrêt partiel ou total de certaines des plus importantes installations pétrolières du pays. Pour rappel, l'or noir est l'un des principaux moteurs de la croissance du pays. Quant à la catégorie des économies à faible revenu, le cas de la République de Centrafrique est édifiant. L'économie locale est minée par les troubles politico-militaires. Par ailleurs, le FMI met également l'accent sur le ralentissement de la croissance en Afrique du Sud, une des locomotives de l'économie continentale, avec un taux de près de 2% pour 2013. L'organisme international n'exclut pas des retombées significatives de cette situation sur les économies voisines du géant sud-africain. ...Mais dans un contexte risqué De nombreux risques extérieurs et intérieurs planent sur la compétitivité économique du continent à court terme. Le ralentissement dans les pays émergents et avancés, et une baisse des prix des matières premières, pourraient lourdement peser sur la dynamique économique africaine. Tout n'est cependant pas rose dans les perspectives de croissance du continent. La prévalence de plusieurs risques économiques, exogènes et endogènes, forcent en effet à relativiser l'enthousiasme globalisé qui caractérise ces projections. Les risques extérieurs sont principalement liés à une baisse de la croissance dans les économies émergentes, principales clientes du continent, qui pourrait à son tour entraîner une baisse des prix sur le marché des matières premières, principales sources de richesses pour l'Afrique. «Une diminution temporaire importante, mais plausible, des prix internationaux des produits de base ne remettrait pas en cause la croissance au niveau régional, mais le taux de croissance et la balance des paiements courants pourraient s'en ressentir sensiblement dans certains pays riches en ressources naturelles», selon les commentaires d'Antoinette Sayeh, directrice du département Afrique du FMI, rapportés dans un communiqué de presse de l'institution financière internationale. Selon le scenario exposé par celle-ci, une baisse de 26% de ces prix aurait des incidences significatives sur les soldes extérieurs, par exemple. «Ce scenario de baisse entraînerait chaque année une dégradation moyenne du solde extérieur courant de près de 2 points de PIB», projette-t-on dans le rapport du FMI. Par ailleurs, au moment où cette baisse produirait une chute des coûts des importations, notamment pour les pays importateurs de pétrole (Sénégal, Kenya et Tanzanie), les exportations africaines perdraient en valeur un peu plus de 3 points de PIB en 2014. Ce recul devrait être plus marqué au niveau des économies exportatrices de pétrole, en l'occurrence l'Angola, la République démocratique du Congo ainsi que la Zambie. Le FMI pense, de plus, que l'impact d'une baisse ainsi scénarisée des prix des matières premières sur les marchés internationaux «serait gérable» au niveau actuel des amortisseurs externes dans quasiment tous les pays. Il faut en effet savoir que le solde moyen de la balance commerciale africaine ne s'est dégradé que de 5,5 points de PIB en 2009, et que les réserves de change ont eu largement le temps de se reconstituer depuis lors. Problématique sécuritaire En interne, les risques qui guettent la dynamique de croissance du continent sont principalement relatifs à sa stabilité politique et la résolution de quelques situations de crise qui pourraient avoir des répercussions importantes sur l'économie du continent. Les risques de troubles politiques et civils restent en effet élevés sur le continent selon le FMI. La région du Sahel est la plus concernée. Ces risques devraient gagner en importance dans les quelques rares zones du continent où la croissance est encore faible. Au Mali, par exemple, même si la situation sécuritaire et économique s'est beaucoup améliorée, le FMI n'exclut pas des retombées directes sur la région et les économies frontalières. Au Nigéria, l'apparition de problèmes de sécurité constituerait également une menace pour cette puissance économique continentale. Enfin, en RCA, l'enlisement dans l'instabilité politique a quasiment mis l'économie du pays au point mort. Les aléas d'origine intérieure ne se limitent toutefois pas à l'aspect sécuritaire. D'autres pourraient en effet également résulter d'une évolution défavorable de l'offre liée à des chocs climatiques, qui sont importants pour certains pays. Ces risques demeurent toutefois bien circonscris et ne menacent pas la région dans son ensemble.