L'usine de PSA Peugeot-Citroën au Maroc produira 90.000 véhicules dès la première année./DR Le constructeur français a annoncé hier la construction d'une usine à Kénitra, qui débutera sa production en 2019. Depuis le Maroc, PSA Peugeot-Citroën entend reconquérir le marché africain. Le constructeur automobile français PSA Peugeot-Citroën fait son grand retour sur le marché africain avec un mégaprojet au Maroc. L'implantation d'une usine, en mesure de produire jusqu'à 200.000 véhicules par an et de générer des milliers d'emplois, conforte le positionnement du Royaume comme une plateforme incontournable du secteur automobile en Méditerranée, en Afrique et dans la zone MENA. Le Maroc, plaque tournante de l'automobile Le Maroc s'est imposé en tant que fer de lance et plaque tournante de la filière automobile à l'échelle de toute la région, de la production des composantes à l'assemblage en passant par les activités de logistique et les services offshoring. Et ce n'est pas fortuit que le patron Afrique-Moyen Orient de PSA Peugeot-Citroën ait décrit le Royaume comme «l'un des plus beaux potentiels de croissance avec l'Asie du Sud-Est, marchés auxquels nous n'avons peut-être pas prêté toute l'attention nécessaire». PSA Peugeot Citroën sera donc bientôt de retour en Afrique pour asseoir durablement sa reprise après des années de vache maigre et de contraction d'activité en Europe. Le géant de l'automobile français se porte toujours bien en Chine, mais encaisse de fortes chutes de ventes en Amérique latine et en Russie où les marques Peugeot et Citroën ont vendu moins de 3.000 voitures entre janvier et avril, en baisse de 86% sur un an. Désormais, le continent africain est perçu comme un relais de croissance pour l'avenir : les ventes de voitures neuves dans la seule zone Afrique-Moyen-Orient devraient grimper à 8 millions de véhicules en 2025, contre cinq millions aujourd'hui. Un marché mature en Afrique du Nord C'est dans la même logique que le groupe avait annoncé, il y a moins d'un an, un accord d'assemblage de véhicules avec le Nigeria. Plus modeste, cette joint-venture lève le voile sur la méfiance des multinationales à l'égard de certaines économies subsahariennes : ventes informelles, droits de douane élevés, routes mal entretenues, qualité du carburant sont autant de freins qui empêchent les ventes de décoller. Si les conditions d'exercice sont encore difficiles en Afrique subsaharienne, les marchés d'Afrique du Nord sont plus matures. Il s'est vendu au Maghreb près de 275.000 véhicules l'an passé à un moment marqué par l'émergence de larges classes moyennes en quête de renouveau. C'est en ces termes que l'expert Hakim Abdelmoumen, président de l'Association marocaine pour l'industrie et le commerce de l'automobile (AMICA), décrit la fulgurante ascension de cette filière au Maroc, l'un des rares pays à s'approprier la chaîne de valeur d'un créneau stratégique érigé parmi ses métiers mondiaux. Les multinationales qui y sont installées importent massivement des composants qui, avec la nette croissance du secteur, sont de plus en plus produits sur le marché local. Des dizaines d'équipementiers et spécialistes des pièces de rechange ont en effet élu domicile dans le Royaume, parmi eux une bonne partie était arrivée dans le sillage de l'implantation de Renault à Tanger. L'automobile, premier secteur exportateur du Maroc Depuis une dizaine d'années, le Maroc investit pour se doter d'un écosystème automobile favorable à l'investissement et à l'export. Après l'ouverture, il y a trois ans, de l'usine Renault de Tanger, qui a produit près de 200.000 véhicules en 2014, le pays entend accélérer la cadence pour diversifier son économie. L'an dernier, avec un chiffre d'affaires à l'export d'environ 4 milliards d'euros, le secteur automobile est pour la première fois devenu le premier secteur exportateur devant le phosphate, jusque-là le moteur des exportations du Maroc. A ce jour, le pays dispose désormais de 150 usines d'équipementiers, dont 13 nouvelles ont vu le jour en 2014 à Tanger, permettant la création de 5.400 postes de travail. A l'horizon 2020, le secteur devrait employer 90.000 personnes, les deux tiers dans l'industrie et un tiers dans les services.