Ghizlaine Lahrabli Experte en recrutement Les ECO : Comment évaluez-vous la corrélation entre l'offre et la demande en ressources humaines ? Ghizlaine Lahrabli : La gestion des ressources humaines ainsi que leur disponibilité restent très problématiques, dans les métiers du tourisme. Les écoles de l'OFPPT forment des femmes de chambre, des réceptionnistes, des serveurs qui souvent ne répondent pas aux critères de qualité de service. De plus, ces métiers sont peu considérés. Pour ce qui est des écoles privées, ces dernières ne présentent pas non plus des RH de haut niveau. Ce qui leur manque, ce sont les aspects «pratiques». 80% des profs ne présentent qu'un enseignement académique alors que, dans ce secteur précisément, il n'y a rien de plus «percutant» qu'une pédagogie interactive. Enfin, il y a la question des salaires, les établissements cherchent à minimiser les coûts au détriment du service et donc au détriment du client. Comment remédier à ce décalage «salarial»? Je conseille toujours à nos jeunes lauréats de faire une expérience à l'étranger, en Asie ou aux Etats-Unis où l'on a de bien meilleurs salaires qu'au Maroc. Après une expérience à l'étranger, on peut multiplier son salaire par trois, une fois de retour ici. Au Maroc, si nous mettons sur la balance les offres d'emplois que reçoivent ces jeunes lorsqu'ils sont chez nous à l'école (Les Roches) , des DRH de grands groupes leur font des offres qui sont plus en adéquation que ceux proposés par les patrons marocains. Cependant, il faut noter que lorsqu'un étudiant postule pour le même poste qu'un diplômé des écoles marocaines spécialisées, le recruteur sait contrebalancer et comprendre quelle est la valeur ajoutée du diplômé de grandes écoles. Quels profils votre école forme t-elle ? Nous formons des managers. En intégrant nos écoles, ces étudiants passentpar une formation complète qui intègre tous les métiers du bas de l'échelle vers le haut. En première année, on démarre avec le service et la plonge. La deuxième année est consacrée à la cuisine. Nous érigeons ce domaine en pratique, ce qui permet de leur apprendre la philosophie de la gestion de cuisine. La troisième année est une année d'administration. Comme dans la réalité, l'étudiant a reçu une promotion et il doit gérer ses collègues de première et de deuxième année. Le facteur humain est le plus difficile à gérer en entreprise. Nos lauréats deviennent cadres dans les hôtels et évoluent. Parmi ces étudiants y a-t-il des profils marocains ? Absolument. Il y a de plus en plus d'étudiants marocains. Aujourd'hui, il y a de plus en plus de bacheliers marocains qui se désintéressent des diplômes français. À l'heure actuelle, cinq ou six profils marocains ayant intégré l'école sont en Chine. Beaucoup sont intéressés par le campus de Marbella. Beaucoup de nos anciens sont aujourd'hui en poste au Maroc à la tête de grands établissements. Ce sont des profils très intéressants pour le secteur touristique au Maroc, dans le sens où ils sont formés pour occuper n'importe quel poste avec une grande polyvalence. Ils gèrent en donnant l'exemple. La plupart des anciens travaillent au niveau des hôtels, des restaurants; d'autres ont ouvert leur cabinet de conseil en RH tourisme. Enfin, de grandes marques de luxe comme Louis Vuitton viennent recruter ici, dans notre filiale marketing.