L'école buissonnière est une pratique traditionnellement attribuée aux élèves. Pourtant, les chargés de cours s'y prêtent également, tout comme le personnel du corps administratif. Il est vrai, dans ce dernier cas de figure, que la question n'est pas aussi récurrente que pour les scolaires, mais au vu de la proportion que prend cette pratique au sein de nos établissements scolaires, il y a lieu de s'inquiéter. Les résultats de l'étude comparative sur la déperdition du temps scolaire, réalisée par le département de tutelle, montrent en effet que «les élèves ne bénéficient au Maroc que de 70% du temps scolaire alloué pour couvrir toutes les parties du programme d'enseignement». En cause, l'absentéisme des encadreurs. Le ministère de l'Education nationale précise que d'après les multiples enquêtes sur le terrain, les rapports de visites des établissements scolaires, ainsi que les évaluations d'apprentissage des élèves, ont dévoilé le «taux élevé des cours manqués pour les différentes disciplines et les différents cycles et niveaux scolaires, à cause des absences continues de certains enseignants». Le phénomène n'est pas récent puisque depuis des années, la tutelle a mis en place un programme destiné à lutter contre ce phénomène, «qui entrave l'atteinte des objectifs assignés par le ministère de Education nationale», en visant, d'une part, la sécurisation du temps scolaire des élèves, et d'autre part, la garantie du temps administratif. Il va sans dire que les conséquences de cette pratique, et surtout vu ses proportions, sont de nature à perturber le bon fonctionnement du système éducatif à un moment où les efforts se multiplient pour sortir l'école marocaine du chemin de la déliquescence. Selon les experts du ministère, l'absence d'encadrement adéquat se traduit, en effet, par un «faible rendement des élèves, une assiduité instable voire menacée par le décrochage scolaire et une attitude négative envers l'école qui se manifeste par un manque de confiance en son rôle d'éducation et de développement». Evaluation du système de contrôle C'est dans le cadre de l'optimisation de ce projet que le ministère de l'Education nationale s'apprête à lancer une étude sur l'évaluation du dispositif de mise en œuvre du Projet de sécurisation du temps scolaire (PSTS). L'évaluation concernera les Académies régionales de l'éducation et de la formation (AREF) au niveau de toute l'étendue du territoire national, ainsi qu'au sein de certains services au niveau central. Il s'agit, à travers ce processus, d'analyser les résultats du système de contrôle déjà mis en œuvre en interne, afin de porter les recommandations nécessaires au dispositif. L'étude portera également sur la réalisation d'une carte globale de l'absentéisme dans les régions de l'étude contenant, entre autres, le nombre de jours d'absence ainsi que les différentes causes de ces absences, et le nombre de séances scolaires manquées selon les cycles et les milieux géographiques. Pour le département de Ahmed Akhchichine, l'activation de ce système interne et de sa transparence exigent un appui externe par une étude sous forme d'audit relative au dispositif mis en place et à son fonctionnement au sein des différentes AREF, des délégations régionales, des établissements scolaires et des directions centrales, pour lutter contre l'absentéisme et sécuriser par conséquent le temps scolaire des élèves et le temps administratif. Un programme qui viendra accompagner et renforcer les actions menées en amont, notamment dans le cadre de l'INDH et du programme d'urgence, afin de «garantir pour chaque élève le droit de bénéficier de son volume horaire annuel d'apprentissage».