Le transport national connaîtra des mutations extrêmes. Avec l'ensemble des plans d'actions mis en place par le ministère de tutelle, Boulif est déterminé à rompre avec les anciennes pratiques. Il envisage d'instaurer de nouvelles règles susceptibles de pallier les problématiques actuelles tout en apportant une dynamique au secteur. Compétitivité, développement équitable et durable, transparence, bonne gouvernance, sont les maîtres mots qui ont raisonné tout au long de l'intervention de Najib Boulif, ministre délégué chargé du Transport, suite à l'invitation de l'Association pour le progrès des dirigeants (APD). Il s'agit d'une rencontre au cours de laquelle le conférencier tente d'apporter des clarifications sur des points soulevés par les dirigeants affiliés à l'association. Ainsi, le ministre a procédé, dans son allocution, à la présentation de la stratégie nationale du transport. D'ailleurs, il s'agit d'une vision à l'horizon 2040, une première pour un ministère aussi sensible. En effet, Boulif n'a pas manqué de rappeler que l'intérêt de cette stratégie globale est basé sur l'amélioration de la qualité et la sécurité du transport national. Ainsi, l'investissement en infrastructures se place en pole position notamment en termes de transports maritime, ferroviaire, aérien ou encore des voyageurs. Car, ces derniers temps, il y a eu un laisser-aller qui s'est répercuté sur la qualité de service surtout en ce qui concerne le transport des voyageurs. De ce fait, cette stratégie, mise en place, a pour objectif d'éviter à l'avenir ce genre de désagrément. De même, le fait d'étaler une vision à l'horizon 2040 est loin d'être anodin. À travers cette vision, le ministère de tutelle vise à cerner toutes les problématiques dont pâtit le secteur actuellement afin de tenter d'adopter les bonnes solutions et résolutions. D'où l'insistance sur la bonne gouvernance. Car aujourd'hui, l'enjeu est de hisser le Maroc dans le classement mondial ainsi que de se conformer aux standards internationaux. En outre le fait de privilégier les partenariats public/privé demeure selon le ministre, l'un des moyens idoines pour mener à bien l'ensemble des projets lancés tels que le TGV (train à grande vitesse). Conclure des conventions avec des entreprises étrangères est également recommandé. D'ailleurs, dans plusieurs domaines, le ministère de tutelle est en pourparlers avec des compagnies de renom pour la finalisation de plusieurs chantiers. Transport ferroviaire À aujourd'hui, le secteur ferroviaire compte près de 2.110 km de voies ferrées dont 75% électrifiées. Parmi les chiffres clé figure également le nombre de voyageurs qui emprunte ce moyen de transport et qui s'élève à 40 millions de passagers. Pour le transport de marchandise, la voie ferrée assure 9.100 tonnes. Toutefois, dans le but d'améliorer la compétitivité logistique, le ministère délégué chargé du Transport a mis en place un plan rail 2040. Ce plan de développement concerne non seulement le renforcement de l'infrastructure, mais également l'amélioration du service, qui jusque-là a été laissé au second plan, d'où la dégradation de la qualité du service. Dans un autre registre, les nouvelles lignes à créer seront au nombre de 2.700 km à l'horizon 2040, pour un investissement de 94 MMDH. Pour le TGV, le plan rail prévoit la création de 6 nouvelles lignes de 1.500 km, pour un investissement de 130 MDH, portant ainsi la voie ferrée de 2.109 km à 2.743 km. Toujours dans la même perspective de développement, une variante régionale sera instaurée. Il s'agit d'installer des lignes de RER (réseau express régional) pour la destination Mohammedia, Casablanca et l'aéroport Mohammed V. Objectif : améliorer la connectivité économique et la mobilité pour ces destinations. Ceci dit, le plan envisage d'élargir cette expérience dans plusieurs villes. Transport aérien Les chiffres clé pour ce secteur table sur près de 16 millions de passagers pour les 25 aéroports existants. Le mouvement avion est estimé à 156.140. Et le plan stratégique prévoit le développement du transport aérien à travers la consolidation de la desserte aérienne en Europe ainsi que la promotion du transport domestique et du fret. Une stratégie nommée «Ajwae» (les airs) et qui porte sur une vision à l'horizon 2035 est en cours de finalisation et sera présentée au souverain pour validation, incessamment. Pour rappel, cette stratégie porte sur la dynamique du secteur, et dans la perspective de développer l'activité, elle prévoit d'évoluer à 200 millions du PIB. Parmi les chantiers, figure également la formation des pilotes, qui depuis quelques temps fait défaut. À cet effet, le ministère est en cours d'élaboration d'un business plan. Aussi, Najib Boulif a déclaré ouvertement que le ministère est prêt à injecter de l'argent pour la relance de cette filière. Il a également annoncé qu'un PPP est en cours de mise en place et qu'une annonce officielle s'effectuera d'ici l'été. Même son cloche pour la relance des travaux du terminal 1 de l'aéroport Mohammed V. Transport maritime Le volume global de l'activité portuaire en 2014, est estimé à 115,1 millions de tonnes et de 4,4 millions de voyageurs. Actuellement, la stratégie mise en place consiste essentiellement à poursuivre l'étude d'élaboration. À cet effet, un appel à manifestation d'intérêt pour l'exploitation des lignes maritimes a été lancé. La formation n'est pas en reste. Pour ce qui est du transport de marchandises, le plan stratégique repose particulièrement sur la suppression de l'agrément. À ce sujet, un contrat programme sera lancé à l'horizon 2018. Transport des voyageurs Pour ce secteur, le principal axe de développement consiste à opérer une réforme institutionnelle et structurelle. Encourager l'investissement est un volet aussi important. Ainsi, dans la vision à adopter, une concentration sur les lignes les plus rentables est requise. De ce fait, une commission ad hoc a été mise en place pour étudier la question. Côté investissement, c'est un budget de plus de 1 MMDH qui sera dédié au renouvellement du parc autocars, la mise à niveau des lignes courtes, sans oublier les infrastructures. L'amélioration des conditions de la profession demeure le point essentiel pour assurer un meilleur rendement. Ainsi, le ministère de tutelle compte mettre en place, incessamment, le système d'Assurance maladie obligatoire en faveur de la fonction libérale, y compris la fonction du transport professionnel dont le scolaire. Sécurité routière Entre 1996 et 2014, le nombre de tués dans les accidents de la route a diminué considérablement (-2721 tués). Et Boulif ambitionne de terminer 2015 avec le moins de victimes possible. Pour mener à bien cette mission, l'orientation stratégique 2014-2016 met l'accent sur la concentration du contrôle des règles de la circulation, le développement des soins primaires et la mise à niveau des urgences, et enfin agir sur le comportement des usagers par l'éducation routière. Le programme prend en considération la mise en place d'une réglementation relative au transport de personnes par tricycles à moteur. Toujours en relation avec le contrôle, le ministre effectue en ce moment des tournées impromptues à l'échelle nationale dans les auto-écoles, les centres d'immatriculation, ainsi que les centres de visites techniques. Najib Boulif Ministre délégué chargé du Transport Si le TGV tarde aujourd'hui, c'est tout simplement à cause d'un problème de foncier. Au départ, il a été question de gérer la problématique de l'expropriation à l'amiable, or on s'est heurté à une certaine réticence, ce qui a retardé le calendrier de l'échéancier convenu au préalable. Ceci dit, actuellement, le ministère de tutelle et l'ONCF sont en discussion avec les pourvoyeurs de fonds français pour accélérer la cadence de la réalisation. Il est également question de débloquer un montant de 20 millions euros pour que le projet reprenne sa vitesse de croisière et on pourra même gagner du temps sur le retard accusé. De même qu'une visibilité commence à se dessiner à l'horizon. Pour ce qui est des désagréments causés par l'ONCF, ces derniers temps, il est important de signaler, et on l'avoue, que des erreurs de gestion se sont produites et nous assumons l'entière responsabilité. Ce qui s'est réellement passé, c'est que nous nous sommes concentrés sur le renforcement des infrastructures et par conséquent, le volet qualité de service est passé au second plan. En effet, les retards des deniers jours sont dus aux travaux de maintenance technique sur 25% du parc des voies ferrés. Or, la direction de l'ONCF n'a pas jugé nécessaire de réadapter ses horaires, ce qui a causé des retards. Aussi, cette période a été marquée par un rush sans précédent. D'ailleurs, la semaine en question a totalisé un nombre de voyageurs qui s'est élevé à 200.000 par jour. Aujourd'hui, la situation va se désamorcer du moment qu'un plan d'urgence vient d'être mis en place sous la supervision du directeur général qui veillera à son bon déroulement.