En pleine dynamique de croissance, le continent a une grande soif de ressources financières pour soutenir ses progrès économiques. En plus des sources classiques de financement, les économies africaines ont de plus en plus recours à de nouveaux instruments. Si certains sont déjà assez exploités, d'autres demeurent encore très peu répandus. 1 Les fonds souverains La méthode est citée parmi les nouveaux instruments de financement de la croissance africaine. Aujourd'hui, seuls 10 pays africains disposent de fonds souverains. Le Nigeria figure parmi les dernières économies à s'en être doté. Selon le rapport de l'UNECA, les sociétés de gestion de fonds souverains et les fonds souverains servant à financer le développement stratégique pourraient servir au financement de projets nationaux et régionaux. Cela pourrait être le cas, par exemple, dans le cadre du Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA). 2 Les fonds de pension Ce sont des sources de financement potentiellement porteuses pour les économies africaines. Ces fonds sont surtout adaptés au financement de projets de développement qui ont du mal à attirer des financements à long terme. Côté état des lieux, «le marché africain des fonds de pension est encore très peu développé, principalement constitué par des régimes détenus par l'Etat», constatent les experts de l'UNECA. «Seulement 7% de ces régimes sont gérés par le secteur privé, contre 16% dans le monde entier», poursuivent-ils. L'Afrique du Sud, les Îles Maurice, le Kenya et le Botswana sont, pour le moment, les pays qui ont le plus recours aux fonds de pension. Le secteur n'est toutefois pas sans risques. Le sous-développement des marchés des capitaux et l'absence de réglementation en Afrique constituent des facteurs peu fiables pour le secteur. L'amélioration du cadre réglementaire et de celui de l'investissement pour les capitaux nationaux et étrangers est une condition nécessaire pour libérer des investissements productifs, selon le rapport de l'UNECA. 3 Les plans d'épargne des compagnies d'assurance En dépit d'un faible développement, le secteur des assurances pourrait constituer une nouvelle alternative pour le financement de la croissance africaine. Les économistes de l'UNECA pensent que le secteur a les possibilités de fournir des capitaux pour des projets à long terme, dans la mesure où la croissance du secteur a dépassé celle de la croissance économique du continent entre 2000 et 2011, lorsque les primes ont atteint 8,8 milliards de dollars. De plus, les primes d'assurance pourraient dépasser les 16 milliards de dollars d'ici 2017 et les 25 milliards de dollars en 2022. Le développement rapide de la classe moyenne et l'émergence de produits innovants de micro-assurance aux particuliers et entreprises à faible revenu devraient assurer la croissance du marché continental. 4 Le private equity L'industrie du capital-investissement s'est fortement développée depuis 2007, avec un marché évalué entre 25 et 30 milliards de dollars en 2013. Le Kenya, le Nigeria et l'Afrique du Sud en étaient les principaux bénéficiaires. Bien que l'IDE, par le biais du capital investissement, ait progressé dans le continent, l'Afrique n'attire encore qu'une faible part des fonds mondiaux de placement, selon le rapport de l'UNECA. En 2011, les fonds de capital-investissement étaient encore relativement peu importants et concentrés dans quelques économies africaines. Il s'agit de l'Afrique du Sud, (53%), de l'Egypte, des Îles Maurice, le Maroc (8%) et du Nigeria (5%). Sous une approche sectorielle, les industries extractives, l'infrastructure et l'énergie sont les secteurs les plus investis par le private equity. Les industries extractives à elles seules représentent près de 46% de toutes les fusions et acquisitions transfrontalières par des sociétés de capital-investissement en Afrique depuis 2009, selon le rapport de l'organisme panafricain. 5 Diaspora, envois de fonds et obligations souveraines L'une des stratégies de mobilisation de sources externes est la vente d'obligations à la diaspora, ainsi que les transferts de fonds des travailleurs émigrés et les obligations souveraines telles que les euro-obligations. «On estime que près de 140 millions d'Africains de la diaspora envoient jusqu'à 53 milliards de dollars/an à leur pays d'origine». Par ailleurs, l'Ethiopie a été le premier pays africain à émettre une obligation destinée à la diaspora pour financer son projet appelé «Renaissance dam» en 2011. D'autres pays ont suivi le pas. C'est le cas du Cap-Vert, du Ghana et du Kenya. «Toutefois, pour que cette opération soit couronnée de succès, il faut des mécanismes institutionnels pour générer les revenus escomptés pour un projet de développement donné, et confier au secteur privé un rôle institutionnalisé. Les sorties à l'international, sous forme d'emprunts, sont également de plus plus utilisées. Selon l'UNECA, en février 2013, 10 pays africains avaient amassé un total de 8,1 milliards de dollars suite à des opérations d'émission d'obligations souveraines. Quelques économies d'Afrique de l'Est comme le Kenya, la Tanzanie et l'Ouganda devraient prochainement émettre des euro-obligations. 6 Partenariats PP C'est l'un des mécanismes innovants de partage de risques. L'UNECA observe toutefois que les partenariats public/privé (PPP) «restent encore trop largement inexploités». Le système PPP établit un mécanisme de partage des risques dans le cadre duquel un contrat juridique assigne la responsabilité de la prestation d'un service public à une entité privée, comme l'explique la même source. Dans les pays en développement, la participation du secteur privé dans des investissements dans le secteur des infrastructures a progressé de 30 milliards de dollars en 1995 à 140 milliards de dollars en 2008/2009. En Afrique, l'engagement du secteur privé dans les projets de développement infrastructurels reste encore limité. «Des signes encourageants de PPP apparaissent, toutefois, dans des secteurs productifs tels que le corridor agricole en Tanzanie», indique-t-on dans le rapport.