Avec l'Asie, le continent se positionne de plus en plus en émetteur d'IDE. Les investissements à l'étranger des compagnies africaines ont progressé de 57% en 2013, pour atteindre 21 MMUSD. Une bonne partie de ces investissements est opérée sur le continent. Ces chiffres sont un record et le regard inédit. Dans une conjoncture internationale caractérisée par le recul des investissements partout dans le monde, les investissements directs opérés par les multinationales africaines hors de leurs frontières naturelles ont progressé de 57% en 2013, selon le dernier rapport sur les investissements dans le monde rendu public en milieu de semaine dernière par la CNUCED, faisant du continent l'un des plus importants émetteurs d'IDE du monde émergent, derrière l'Asie. Ces chiffres sont le reflet d'une véritable dynamique à l'investissement et à la prise de risque, résultat d'un important gain en capital confiance auprès des «champions» nationaux africains. Ces investissements ont en effet atteint le record de 21 MMUSD à fin 2013, contre quelque 13 MMUSD une année auparavant. Prise par région, la dynamique de ces investissements paraît relativement bien répartie. La région subsaharienne affiche évidemment le plus gros cumul d'investissements opérés vers l'étranger avec 15 MMUSD investis. Ces chiffres sont en progression de 50% par rapport à 2012. Ce taux demeure pourtant bien modeste face à la croissance relevée en Afrique du Nord, estimée à près de 77% à fin 2013, pour un montant d'investissements émis de 6 MMUSD sur la même année. Les investissements du continent vers l'étranger restent tout de même dominés par les compagnies sud-africaines et nigérianes. Si les premières ont surtout investi dans le secteur des télécommunications, des mines et du commerce, les multinationales nigérianes ont notamment été attirées par les services financiers. Flux intra-africains Le continent est la première destination des IDE africains. La tendance est de plus orientée vers le voisinage immédiat, favorisée par le renforcement des accords de coopération économique entre pays africains. Les flux intra-africains ont en effet significativement progressé sur l'année écoulée, selon le rapport de la CNUCED, dépassant aujourd'hui de loin la moyenne des 2 milliards de dollars/an de la période 2002-2004. Les flux d'IDE intra-africains sont notamment concentrés dans quatre secteurs principaux selon les calculs de l'organisme onusien. Il s'agit des industries extractives et pétrolières, des secteurs de la finance, des services aux entreprises, du transport-entreposage, ainsi que des télécommunications. Dans un de ses rapports les plus récents, la Commission économique pour l'Afrique des Nations-Unies (CEA) confirmait déjà les orientations de ces investissements émis par les compagnies africaines, précisant de plus que le gros des flux intra-africains sert au financement d'opérations de fusions-acquisitions, «plutôt que des projets d'investissement nouveaux». La part du continent dans le total des fusions-acquisitions menées, dans le continent même, varie entre 20 et 60% en fonction des années. Ces pourcentages sont beaucoup plus modestes quand il s'agit de la réalisation dans le développement de nouveaux projets d'investissement. «Cela indique que les investissements dans des projets nouveaux sont essentiellement financés par l'IDE en provenance de l'extérieur du continent», en déduisent les experts de la CEA. Sous un autre angle, cette situation prouve également que «l'IDE intra-africain devrait être attrayant pour les pays qui privatisent les entreprises publiques ou qui ont besoin d'accroître la production exportable des entreprises existantes».