Chargé d'histoire, le plais Bahia est l'un des monuments phares de la ville de Marrakech. Construit à la fin du XIXe siècle, cette bâtisse a fait certes objet de bon nombre d'opérations de rénovation, mais demeure toujours dans un état de délabrement avancé. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, la direction du patrimoine culturel du ministère de la Culture a décidé de financer une étude de définition et d'élaboration d'un projet global de restauration, d'aménagement et de mise en valeur de ce palais. Lancée dans le cadre des initiatives engagées par l'Inspection des monuments historiques et sites de la région Marrakech (IMHSM), cette étude vise ainsi à redorer le blason de ce palais connu par la grandeur de ces espaces, la complexité de sa structure et la richesse de ses compositions décoratives. «Depuis la délégation de sa gestion au ministère de la Culture, le palais fait l'objet annuellement d'interventions ponctuelles d'entretien et de restauration. Ce n'est qu'en 2004 qu'un important projet de restauration a été réalisé dans le cadre d'un marché lancé par les services centraux de ce ministère. Les travaux d'alors ont porté sur la restauration du petit riad et de ses annexes», explique un rapport de l'IMHSM publié à l'occasion du lancement de l'appel d'offres concernant ce projet. Nous l'avons bien compris, faute de moyens, le plais Bahia n'a jamais fait l'objet d'une restauration globale s'étendant sur l'ensemble de son périmètre. Au fil des années, les responsables ont compris que les interventions menées de façon partielle et fragmentée n'étaient point la solution adéquate. Cette étude donc doit déboucher sur «un programme intégré de restauration, d'aménagement et de revalorisation de tout le périmètre du palais Bahia et contribuer également par son caractère démonstratif, à la meilleure définition d'une politique de revalorisation des monuments et sites de la région». Objectifs et méthodologie Selon le ministère de la Culture, un périmètre opérationnel maîtrisable est déjà identifié. Il s'agit du grand riad, de la grande cour et leurs dépendances. Les anciennes écuries du palais, elles, ont déjà fait l'objet d'un projet de réhabilitation dont les travaux de la première tranche sont toujours en cours. Outre, la réhabilitation de l'ancien domicile du général Lyautey, l'étude doit définir à travers des investigations menées sur tout le périmètre initial de la Bahia, «les statuts juridiques et d'occupation des différents espaces, les causes de dégradation aussi bien des éléments structurels que des éléments décoratifs, les outils de procédures pouvant contribuer à la restauration, l'aménagement et la revalorisation du palais, à la fois en termes d'attractivité culturelle et touristique qu'en termes de rentabilité économique». Il faut dire que la définition du statut juridique demeure parmi les points importants de l'étude. L'examen de la situation des espaces (habitat, jardins, équipements, terrains vides), faisant partie intégrante de la structure du palais et qui sont actuellement exploités par des tierces, la définition de procédures juridiques pour la récupération de ces espaces ainsi que la proposition de mécanismes de financement de coordination et de mise en œuvre d'un programme de relogement de la population résidente à la Bahia sont des étapes nécessaires avant d'amorcer le projet de réhabilitation. Deux autres points s'avèrent nécessaires pour mener à terme le processus du projet global. Il s'agit en effet de la conception de projets pour l'amélioration des infrastructures, la restauration du bâti et l'aménagement des espaces (assainissement, électricité/éclairage, plomberie, sanitaires ...) ainsi que du projet de mise en valeur et de revalorisation de l'ensemble palatial (préparation d'un ensemble d'actions à réaliser pour la revalorisation du palais et rendre sa visite plus instructive au point de vue culturel, attractif au point de vue touristique et plus rentable au niveau financier). Bref, une étude ambitieuse qui permettra indubitablement au plais Bahia -qui fait partie des premiers monuments visités au Maroc- de renouer avec la gloire. Une initiative qui, espérons-le, touchera d'autres joyaux architecturaux dans d'autres villes marocaines complétement à l'abandon.