La production fruitière a considérablement augmenté depuis la mise en place du Plan Maroc Vert, il y a cinq ans. Une aubaine pour le secteur qui s'est transformé en écueil, dans la mesure où l'arboriculture fruitière fait face aujourd'hui à une surproduction, un marché national saturé et des capacités d'exportation qui stagnent. Le secteur des agrumes résume, à lui seul, les problèmes de l'arboriculture fruitière au Maroc : une augmentation des plantations depuis le lancement du Plan Maroc Vert, encouragée par les primes à la plantation, des capacités d'exportation stagnantes, un marché intérieur saturé et des infrastructures de transformation qui ont du mal à résorber la surproduction. Salaheddine, agrumiculteur depuis plus de 20 ans, soutient en effet que l'encouragement des plantations n'a pas été accompagné de recherche de débouchés pour écouler la production, notamment à l'export. «Depuis cinq ans, la capacité d'exportation des agrumes est d'environ 498.000 tonnes par an. Elle n'a pas évolué et avec la production supplémentaire découlant des nouvelles plantations, nous avons du mal à écouler la marchandise». Autre conséquence de cette surproduction, «le marché national est saturé, occasionnant une baisse des prix». Conséquence : «les agrumiculteurs ont du mal à rentrer dans leurs fonds, car ils avaient fait beaucoup d'investissements», déplore Salaheddine. Des vergers arrachés Même son de cloche chez Othmane, un arboriculteur de la région de Béni Mellal. À l'en croire, «seule l'oléiculture se porte bien». Quant aux pommes et aux agrumes, elles sont victimes de la «surproduction», dit-il. Othmane regrette aussi que «les industries de transformation ne parviennent pas encore à valoriser entièrement la production excédentaire». La lourdeur des charges a même poussé certains agrumiculteurs à arracher des hectares de vergers, selon lui. Le Plan Maroc Vert a donc permis de booster la production fruitière du Maroc, mais le gros problème du secteur demeure la commercialisation. À l'export, la Russie s'érige en un marché à fort potentiel qui s'accapare actuellement 60% de la production marocaine d'agrumes destinée à l'export. Il faudrait en trouver d'autres pour faire face à la surproduction qui gangrène l'arboriculture fruitière.