Nizar Baraka Président du comité scientifique du GES 2014 Le président du comité scientifique du GES revient sur les principaux axes des réflexions qui seront menées et relève les principales avancées réalisées par le Maroc en matière d'entrepreneuriat. Les ECO : Qu'est-ce qui a motivé la tenue du GES au Maroc ? Nizar Baraka : L'organisation de ce sommet au Maroc (et pour la première fois dans un pays africain) a été décidée lors de la rencontre du roi Mohammed VI et du président Obama en novembre 2013, à Washington. Il est à signaler que le Maroc est le seul pays de la région à avoir signé un accord de libre-échange avec les Etats-Unis et à avoir initié un dialogue stratégique. Le choix du Maroc pour accueillir cette manifestation se justifie par la dynamique particulière que le royaume a engagée, les différentes réformes entreprises et le rôle de notre pays dans la promotion de la stabilité et d'une intégration régionale dans le cadre d'une coopération équilibrée. Les thématiques du sommet sont également des domaines où le Maroc a entrepris plusieurs initiatives importantes, comme par exemple dans le domaine de la sécurité alimentaire, de la logistique, de l'économique numérique ou encore des énergies renouvelables, pour un développement inclusif et durable sur le continent. Pour le Maroc, promouvoir l'entrepreneuriat, c'est stimuler la création d'emplois et donc de richesse, participant, in fine, à l'amélioration du niveau de vie et au bien-être des populations. Autour de quels axes devront s'articuler les réflexions, lors du GES ? Le comité scientifique qui a été chargé de la préparation du programme du GES 2014 s'est inspiré des différentes priorités fixées par les Etats-Unis et le Maroc, qui constituent de véritables enjeux régionaux et mondiaux, à savoir le développement humain, la sécurité alimentaire, l'inclusion -notamment des jeunes et des femmes-, l'intégration régionale et l'énergie. Le sommet sera l'occasion de réfléchir à des solutions innovantes au service de l'entrepreneuriat et particulièrement de la jeunesse, afin d'offrir à celle-ci de meilleures perspectives d'avenir. Ces solutions innovantes concernent aussi bien l'utilisation de la technologie que de nouvelles approches et process, permettant ainsi aux acteurs concernés, notamment africains, de proposer des solutions adaptées aux besoins de notre continent et à nos moyens pour promouvoir l'entrepreneuriat. Le programme, réparti entre plénières et ateliers, permettra à plus de 3.000 participants de bénéficier des interventions de plus de 150 experts, et parmi eux de grands leaders du monde de l'entrepreneuriat qui exposeront leurs parcours et les innovations permettant aux entrepreneurs de transformer leurs idées en projets réussis et créateurs d'emplois. Nous écouterons notamment des success stories provenant de pays émergents qui ont pu se déployer grâce à l'innovation et contribuer à l'économie mondiale. Le sommet est également une célébration de l'entrepreneuriat féminin à travers, à la fois, des parcours de femmes entrepreneurs et un concours du meilleur concept d'entreprise. Comment se déclinera la participation marocaine ? Le Maroc abrite et co-organise le GES qui est placé sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi. De plus, les interventions de plusieurs membres du gouvernement et d'institutions publiques et privées contribueront fortement à proposer des solutions innovantes pour renforcer l'entrepreneuriat, et à renforcer les capacités entrepreneuriales dans la région.. Les contributions des dirigeants de grandes entreprises ayant pu se déployer au niveau international et des jeunes porteurs de projets saisissant l'opportunité du sommet pour «vendre» leurs idées à des investisseurs, ou encore des entrepreneurs marocains de la diaspora dont le talent a transcendé les frontières sont très attendues. Le Maroc est-il un hub pour les start-up et l'innovation dans la région MENA? Le Maroc est, aujourd'hui, un hub de dimension régionale intégrant la connectivité maritime, aérienne, routière, électrique et financière, avec une stratégie de coopération équilibrée et une confiance dans les perspectives de développement du continent. Aujourd'hui, le Maroc est, rappelons-le, le 2e investisseur africain en Afrique, tout en ayant une relation privilégiée avec les pays du Golfe et l'Union européenne. Il est donc tout à fait naturel que le Maroc se structure pour devenir un hub régional pour l'innovation. Dans ce contexte, le Maroc a élaboré une stratégie dans l'objectif de faire du pays un producteur de technologie offrant un écosystème réunissant à la fois des entreprises innovantes, des infrastructures et des chercheurs; le but étant de valoriser les compétences pour créer de la haute valeur ajoutée et de renforcer l'attractivité de notre pays. Comment créer les conditions propices à la culture de l'entrepreneuriat au Maroc ? Au Maroc, beaucoup d'initiatives des pouvoirs publics, des entreprises ou de la société civile ont été entreprises pour renforcer la culture entrepreneuriale. Ainsi, sur le plan institutionnel, il faut souligner les réformes engagées ou en cours pour simplifier les procédures administratives, réformer la justice, promouvoir la transparence, l'égalité des chances et soutenir les PME et les TPE, notamment au niveau du financement et de l'accès aux marchés publics. Des initiatives ont également été lancées pour accompagner les jeunes entrepreneurs durant toutes les phases de réalisation de leurs projets à travers la création de fonds de soutien et de garantie, l'allègement des taxes pour les TPE, l'instauration de guichets uniques et l'organisation de forums pour les jeunes entrepreneurs. Sur le plan réglementaire, le projet de statut de l'auto-entrepreneur, qui devrait entrer en vigueur courant 2015, présente plusieurs nouveautés, notamment en termes de simplification des procédures et d'incitations fiscales. Enfin, ces mesures doivent être accompagnées de la promotion de la culture entrepreneuriale à l'école et à l'université, à travers l'intégration de la culture de l'entrepreneuriat dans le système d'éducation et de formation, et ce, dès le plus jeune âge.