C'est sa première fois à Genève, et sa première fois au Festival Filmar. Pourtant, il s'y sent «comme à la maison». Tito Molina vient tout droit d'Equateur pour présenter son film, «Silencio en la tierra de los sueños», un film plein de poésie, empreint de délicatesse. Zoom sur un réalisateur rêveur. Tito Molina Réalisateur Un film qui laisse une salle comble dans le silence, comme dans «le silence de la terre des rêves». Tel est le titre de son film poétique qu'il présente à la 16e édition du festival Filmar du cinéma latino-américain, édition qui rend hommage à l'Argentine. «Le public est présent, les gens ici parlent beaucoup espagnol, je me sens chez moi ici. Cela m'a beaucoup surpris de voir l'importance de la communauté latine en Suisse et l'amour que portent les gens ici à la culture latine. Je parle plus en espagnol qu'en anglais. C'est incroyable!», s'amuse le réalisateur. Celui-ci n'aime pas mettre les gens dans des cases, et dire qu'il y a un type de cinéma pour chaque pays ou région. «Je pense que cela vient du cinéma américain qui marque cette différence. On stigmatise beaucoup l'Amérique latine à cause de ses problèmes sociaux, de pauvreté, de sécurité», explique-t-il. Il raconte dans son film comment se relever après la mort d'un être aimé, mais d'une façon presque contée, philosophique. «Le cinéma s'est forcément inspiré de cela. Les thèmes se ressemblaient à un moment, on traitait la même chose. Les cinéastes ont eu tendance à se regarder le nombril alors que le cinéma doit être plus universel, traiter des thèmes plus vastes, je pense». Comme foudroyé par le cinéma il y a une quinzaine d'années, ce graphiste paysagiste à la base décide de monter un scénario avec un ami, en ayant aucune idée du métier. Dès lors, il «tombe amoureux» du processus de création, de production, d'écriture d'une histoire qui le fait voyager du papier à l'image; c'est là que sa carrière commence. «Je suis rêveur et idéaliste, mais je suis un rêveur professionnel. Je travaille beaucoup pour la conception et la concrétisation de ces rêves. J'ai foi en la vie et j'ai confiance en les illusions». Un rêveur certes, mais qui a la tête sur les épaules. «Il faudrait plus se concentrer et travailler sur des archétypes que sur des stéréotypes», révèle celui qui a décidé de se perfectionner dans son domaine de prédilection, le cinéma, à Barcelone où il vit, tout en continuant à retourner en Equateur, un pays qui a beaucoup évolué cinématographiquement parlant. Il y a quelques années encore, les films se faisaient rares. Aujourd'hui, deux à trois films équatoriens sortent en moyenne par mois. «C'est une bonne et une mauvaise chose à la fois. Avant, les gens attendaient un film équatorien, il restait au cinéma pendant 3 mois de suite et tout le monde le connaissait. Aujourd'hui, il y a tellement de films qui sortent que le public ne donne pas sa véritable valeur au film», explique Tito Molina. Il est conscient du fait qu'aujourd'hui, un film national doit être bon et compétitif. Il ne suffit plus qu'il soit au cinéma pour être vu. Heureusement que Tito Molina ne se contente pas de peu, et son talent touche toujours plus de monde. Il continue la promotion de «Silencio en la tierra de los sueños» dans les différents festivals du monde entier, tout en continuant à travailler et à penser aux idées qui vont suivre. Il a trois projets en cours : une fiction, une grosse production qui va se faire entre 3 ou 4 pays. Elle sera intitulée «Rio», normalement. Il y aura également une autre histoire, un peu plus poétique, qui ressemble à ce film.. «Enfin, j'ai le projet d'une histoire d'amour fou qui me trotte dans la tête depuis 15 ans». Tito Molina est un illusionniste qui garde ses rêves en tête pendant des années, attendant de les réaliser un jour...