La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) applique, depuis le 1er janvier 2015, un tarif extérieur commun (TEC) sur les produits importés par ses pays membres. L'objectif est de limiter les importations. Depuis le 1er janvier, les 15 pays membres de la CEDEAO ont décidé d'appliquer un tarif extérieur commun (TEC). L'entrée en vigueur de cette mesure fait suite au feu vert donné par les chefs d'Etat ouest-africains lors d'une réunion tenue mi-décembre à Abuja, la capitale nigériane. Concrètement, l'application du TEC signifie qu'un produit importé entrant dans l'espace CEDEAO sera taxé à un seul et même taux, quel que soit le pays d'entrée. En clair, un exportateur marocain qui veut faire entrer ses produits au Sénégal, en Côte d'Ivoire ou Nigeria par exemple, sera soumis à une taxe douanière de 35% partout. En conséquence, cette nouvelle donne peut résulter d'une baisse des taxes comme d'une hausse en fonction des taux précédemment appliqués par chaque Etat. Au niveau des services douaniers des pays de la CEDEAO, on estime que c'est la 5e bande, c'est-à-dire une catégorie de marchandises concernant 130 lignes tarifaires, qui est concernée, car constituée de biens que la région produit. Double hausse Pour les pays membres de cet espace régional, le TEC vise à protéger le tissu industriel local, fortement malmené par les importations des produits étrangers. Pour le président de la commission de la CEDEAO, le TEC «assure la promotion des investissements et de l'industrialisation, favorise l'exportation des produits transformés, préserve les recettes douanières et protège [leurs] industries naissantes et [leur] agriculture, contre toute concurrence déloyale des biens importés». D'ailleurs, les services douaniers s'attendent à une hausse de leurs recettes. C'est notamment le cas au Sénégal, où une hausse de 3,88% des recettes douanières est déjà calculée. Cependant, avec la hausse des taxes, certains produits pourraient connaître une hausse des prix, ressentie par les importateurs et consommateurs locaux. Exportations marocaines Au Maroc, où le développement des échanges avec les pays subsahariens est désormais érigé en priorité, les exportateurs disent ne pas être surpris de la nouvelle. «Nous suivions l'affaire de près», déclare le président de l'Association marocaine des exportateurs (ASMEX). À en croire Hassan Sentissi, l'introduction du TEC «ne va pas avoir d'impact» majeur sur les exportations marocaines vers les pays ouest-africains. Cela s'explique, ajoute-t-il, par le fait que le royaume ne bénéficiait auparavant d'aucune préférence auprès des pays membres de la CEDEAO. Mais en réalité, il n'est pas sûr que ce soit vraiment le cas. En effet, le renchérissement des produits importés ne manquera pas de porter un sérieux coup à leur compétitivité. Les consommateurs se tourneront alors vers les produits locaux, probablement plus abordables. C'est, du reste, l'objectif affiché de l'introduction du TEC. Hassan Sentissi Président de l'Association marocaine des exportateurs (ASMEX) Les ECO : Les exportateurs marocains sont-ils au courant de cette nouvelle mesure ? Hassan Sentissi : Au niveau de l'ASMEX, on le savait depuis quelques temps. Nous suivions cette affaire de près. Je pense que l'entrée en vigueur du tarif extérieur commun dans l'espace CEDEAO constitue une bonne nouvelle pour les pays membres de cette organisation. Quel sera son impact sur les exportations marocaines ? A priori, je ne pense que cela puisse constituer un handicap pour nos exportations vers la zone CEDEAO. Les choses devraient rester telles qu'elles le sont actuellement car aujourd'hui, nous ne bénéficions pas de privilèges en exportant vers ces pays. En même temps, j'estime aussi que d'éventuelles répercussions sont à étudier. Cela dit, nos exportations vers l'Afrique restent encore assez faibles, soit près de 6% du total. Cela ne devrait-il pas pousser à accélérer les négociations pour l'adhésion à l'UEMOA ? Depuis quelques années, le Maroc cherche à adhérer à certains groupements régionaux, notamment l'UEMOA. Cela permettrait de faciliter nos échanges. Nous essayons d'exporter au maximum vers l'Afrique, mais les différents accords à portée régionale ne favorisent pas toujours les affaires. Notre objectif est d'arriver à obtenir un traitement préférentiel à l'instar d'autres pays. Cela nous permettra d'exporter plus mais aussi d'investir plus et de contribuer au développement du tissu industriel local qui reste encore très faible.