Une pléiade d'experts et universitaires réunie à l'initiative de la Fondation euro-africaine pour la recherche, la culture et l'éducation (FORCE) et le Centre de recherche du groupe Sup'management, pour débattre sur le processus d'évolution de la politique économique du pays. Une pléiade d'experts et d'universitaires place la politique économique du pays sous les projecteurs le temps d'une journée d'étude initiée sur le thème : «Evolution récente de la politique économique au Maroc : quelle efficacité», à Fès le 21 janvier par la Fondation euro-africaine pour la recherche, la culture et l'éducation (FORCE) & le Centre de recherche du groupe Sup'management. Focalisée sur les deux thématiques : «Les politiques de régulation macroéconomique et les politiques et stratégies sectorielles», cette journée a permis aux différents intervenants d'opérer un tour d'horizon sur l'économie marocaine. Ils ont surtout mis l'accent sur la crise mondiale actuelle qui a surpris par son ampleur et sa brutalité. Et ce, malgré les plans de relance économiques mis en place et une injection massive de capitaux pour renflouer la machine économique. Les questions relatives au système financier, la perte de confiance des acteurs économiques qui persiste et le climat d'incertitude, ont été largement abordés, lors de cette rencontre. «Les orientations économiques permettent de préserver et de consolider les équilibres macroéconomiques, d'un côté, mais face à la dégradation des équilibres financiers fondamentaux, le déficit a atteint plus de 7% pour le budget et 10% pour le compte courant...La dette publique globale dépassant le seuil de 60% et le taux d'épargne national est en baisse de 25% aujourd'hui, alors qu'il approchait les 30% il y a quelque années. Tous ces indicateurs sont en rouge, dès lors il est claire que plusieurs interrogations surgissent quant à l'efficacité et à la pertinence des politiques économiques mises en œuvre et sur les politiques budgétaires, monétaires, de l'endettement et de change, qui doivent être revues et ajustées aujourd'hui», indique Abdellatif M'kaddem universitaire. Et d'ajouter que de l'autre côté, il y a nécessité de revoir les objectifs et la cohérence de grandes stratégies sectorielles. Toujours selon M'kaddem, si le modèle de croissance marocaine a mis l'accent sur la demande intérieure, particulièrement, à travers la consommation des ménages, et le risque d'essoufflement de cette stratégie de demande intérieure devient manifeste. «Elle est de plus en plus évoquée par les analystes et les responsables économiques comme le directeur de Bank Al-Maghreb, Abdelatif Jouahri, dès lors les espoirs sont placés aujourd'hui sur les stratégies sectorielles, tels que le nouveau Plan national de l'émergence industrielle, la Vision 2020 pour le tourisme, le Plan Maroc Vert pour l'agriculture et le Plan Maroc export», a-t-il expliqué. Pour ce qui est de la politique budgétaire et l'évolution des finances publiques au Maroc, Jamal Bakhti, chef de service au Haut-commissariat au plan, a souligné que la situation actuelle est caractérisée par un déficit budgétaire grave. «Le niveau de la dette reprend la tendance haussière et pour remédier à la situation, des actions, des mesures doivent porter simultanément sur les recettes et les dépenses, la mise en œuvre de ces actions doit s'inscrire dans une vision à long terme», a encore précisé notre interlocuteur. Il a appelé, à l'instar des autres intervenants, à la poursuite de la reforme de la TVA pour réduire progressivement les dépenses fiscales et poursuivre la fiscalisation du secteur agricole, entamée le 1er janvier 2014. «Il faut poursuivre la fiscalisation progressive du secteur informel et la mise en place des mécanismes permettant de maîtriser, de façon durable, l'évolution de la masse salariale, et in fine, rationaliser l'investissement public pour réduire les effets d'éviction sur l'investissement privé», a-t-il ajouté. Mohamed Abdellaoui, professeur universitaire à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Fès, a, pour sa part, rappelé les fondements du Plan Maroc Vert et a fait le bilan de ce PMV. Pour lui, le PMV a permis, depuis son lancement en 2008, de drainer des financements d'un montant de 15 milliards de dirhams par le biais des institutions partenaires en développement agricole, à leur tête le Fonds Hassan II pour le développement économique et social, la Banque mondiale et l'Union européenne. Et en termes de chiffres, le PMV a enregistré un taux de croissance de 7.6%. Un chiffre dû essentiellement à l'élargissement des terres arables, à la réalisation d'un taux record d'utilisation des semences certifiées (62% entre 2008 et 2013) et aussi à l'usage amélioré des moyens de production. «Le PMV a permis aussi d'accélérer la cadence de l'investissement, dont le montant global s'est établi à 14 milliards DH en 2013 et a permis d'augmenter des financements alloués par le Fonds de développement agricole, à hauteur de 62%», a-t-il soutenu. Il a insisté, comme la majorité des intervenants, sur la lutte contre le secteur informel qui constitue un manque à gagner énorme.