La Fédération nationale des instances professionnelles de la pêche côtière au Maroc s'active, projetant le boycott de la 3e édition du salon Halieutis et l'organisation d'une manifestation coïncidant avec l'ouverture de l'événement. Le Salon Halieutis s'approche à grands pas et, parallèlement à cela, des professionnels de la pêche multiplient leurs sorties. Après un sit-in organisé récemment au port d'Agadir en refus de quelques clauses de la stratégie Halieutis, des organisations professionnelles telles que la Fédération nationale des instances professionnelles de la pêche côtière au Maroc s'activent, projetant le boycott de cette 3e édition prévue du 18 au 22 février et l'organisation d'une manifestation coïncidant avec l'ouverture du salon. Il reste à savoir si le sit-in sera maintenu ou différé, mais il semble difficile, à ce stade, de répondre à cette question. Toutefois, les professionnels affiliés à cette instance pointent du doigt la mise en application de quelques dispositifs de la stratégie Halieutis. Il s'agit, selon Mohamed Bouhrist, secrétaire général de la fédération, de la pénurie constatée en termes de stocks de contenants normalisés dans les ports de pêche et le monopole d'une seule société de ce marché. «Cette carence des caisses en plastique entraîne un manque à gagner pour les pêcheurs, sachant que chaque bateau dispose seulement de 2.000 contenants», déplore Bouhrist, avant d'ajouter que la crainte actuelle «est la réduction de la contenance de la caisse à 16 kg». De plus, suite à la généralisation du «VMS» pour le contrôle satellitaire des navires, les professionnels admettent l'importance de ce système, mais ils déplorent le coût de son installation, fixé à 38.000 DH, mais aussi ses frais de maintenance, qualifiés d'exorbitants. S'ajoutent à cela les pertes liées essentiellement à l'insuffisance des techniciens en cas de panne puisque les bateaux ne peuvent pas sortir sans ce dispositif. Ce n'est pas tout: le principe de zoning est également contesté, et les professionnels réclament, entre autres, la révision de la disposition relative au nombre de miles déterminant la zone de pêche. Jusqu'à présent, ils ne sont autorisés à pêcher qu'au-delà d'un mile et veulent un changement à ce niveau. «Une fois les moteurs des bateaux éteints, le courant nous ramène automatiquement à un mile, sachant que le fond, en termes de cartographie maritime, diffère d'une zone à une autre», explique Mohamed Adid, président de la fédération. Outre la question de l'accès des pêcheurs côtiers au stock «C» et sa division en deux zones, l'instauration de la période de repos biologique et la question de la pêche accessoire, les professionnels affiliés à la Fédération nationale des instances professionnelles de la pêche côtière au Maroc contestent le quota octroyé au segment côtier qui est de l'ordre de 200.000 tonnes au détriment des autres segments, notamment les RSW (Refrigerated Sea Water). Sur ce dernier point, les pêcheurs n'ont pas hésité à pointer du doigt les techniques de capture de ces navires et leur concentration dans une seule zone, ce qui impacte négativement les stocks de ressource halieutique, et limite les marges de manœuvre commerciales au niveau du marché. Le dernier point, enfin, est celui de la valorisation et de la transformation. De l'avis de Mohamed Bouhrist, «la stratégie a mis l'accent sur l'aval, mais une moindre importance a été accordée à l'amont, notamment les débouchés de commercialisation». S'ajoute à cela le retard accusé dans la réalisation du Parc Haliopolis, à Agadir, et le faible nombre des unités industrielles et de congélation dans les zones Sud. En rangs dipersés ! Conçu par Valyans, un bureau d'étude franco-britannique, le Plan Halieutis n'arrive toujours pas à fédérer les professionnels du secteur de la pêche. Alors que les membres de la toute nouvelle Fédération nationale des instances des professionnels de la pêche côtière au Maroc tirent à boulets rouges sur le plan du ministère de tutelle, d'autres plébiscitent la stratégie d'Aziz Akhannouch. Selon Abdelouahed Chaïr, président de la la Confédération marocaine de la pêche côtière, «le Plan Halieutis n'a réalisé que 30% de ses objectifs», mais, dit-il, «un plan de l'ampleur du Plan Halieutis a besoin de plusieurs années pour être concrétisé à 100%». Du côté de la tutelle, la confiance et de mise et l'on estime que «la mise en place de la stratégie avance bien». Selon une source proche du dossier au ministère, «sur le volet de la durabilité, par exemple, les résultats de cette stratégie sont très satisfaisants. En 2014, on est déjà à 85% des espèces couvertes par les plans d'aménagement dans le cadre de la durabilité. En 2020, les objectifs pour la durabilité sont fixés à 90%. Nous sommes donc en avance de cinq ans». Sans vouloir donner une évaluation précise qui reste, ajoute notre source, du ressort du ministre, elle affirme que le travail ayant été fait dans le cadre du Plan Halieutis est plus que satisfaisant.