«Un semestre à oublier !». C'est ainsi que l'on décrit, au sein du marché, l'évolution de la Bourse de Casablanca après six mois d'exercice. C'est, en effet, une morosité similaire à celle des années de crise (2008 et 2009) où les indices de la place enchaînaient les baisses qu'a vécue la place casablancaise durant le semestre écoulé. En tout, le Masi aura perdu, dans cette conjoncture, 9,04% pour reculer à 11.510,93 points, tandis que le Madex s'est effrité de 8,99% à 9.406,18 points. Ce sont là les niveaux les plus bas pour les deux indices depuis plus d'un an. Cela en dit long sur la déconvenue qu'a subie la Bourse en 2011. Cela d'autant plus que le niveau de volumétrie réalisé sur les marchés central et de blocs s'est limité à 22,3 MMDH sur les 126 séances du semestre, soit une moyenne quotidienne de 176,9 MDH seulement. Le constat est encore plus alarmant lorsqu'on constate que sur les 75 valeurs de la place, seules 19 affichent des variations semestrielles positives. Qu'est-ce qui explique autant de morosité alors que la communauté boursière s'attendait en début d'année à un exercice prolifique ? «La vague des résultats annuels, qui se sont finalement avérés moins bons que l'on s'y attendait, conjuguée aux craintes liés aux mouvements de protestation dans le pays, ont rapidement mis fin aux espérances d'une bonne année boursière», commente un analyste de la place. Ces deux facteurs ont, en effet, induit un mouvement d'attentisme chez les investisseurs, qui risque aujourd'hui de perdurer jusqu'à la rentrée prochaine. Même l'introduction de Stroc Industrie, première cotation de l'année, censée être un catalyseur du marché, n'a pas permis de redresser la barre. Les inédits de 2011 Pis encore, la nouvelle entrante a même subi cette conjoncture, étant la première société dont la première séance de cotation s'est soldée par une variation négative de son cours. Pour rappel, au terme de la séance de jeudi, le titre Stroc s'était délesté de -0,7%. Selon les premiers échos recueillis auprès du marché, « en plus de la conjoncture qui n'était pas propice à une nouvelle introduction en Bourse, Stroc Industrie s'est aussi vu pénaliser par la mauvaise image du secteur donnée par Mediaco, laquelle frôle aujourd'hui le dépôt de bilan ». Les investisseurs n'ont donc pas envie de retomber dans les mêmes travers. Heureusement donc pour le management de la société que l'objectif initial de cette IPO, qui était de se procurer les fonds nécessaires à son plan de développement, a été atteint. En effet, la société a pu compter sur les institutionnels et les personnes morales qui ont injecté 60% du cash nécessaire à la société. Les petits porteurs, eux, n'ont qu'à prendre leur mal en patience, en attendant que la conjoncture boursière s'améliore et que le titre offre enfin la plus-value sur laquelle cette catégorie d'investisseurs spécule lors de pareille introduction. En attendant, il faut dire que la secousse subie par cette IPO n'est pas le seul fait inédit qu'a connu la place durant ce premier semestre. La décision de l'assemblée générale de HPS de réduire le montant des dividendes annoncés par le conseil d'administration lors de la publication des comptes annuels est également un fait qui a pris de court toute la place casablancaise. Un bonus de 8 DH au lieu de 14,5 DH par action a suffi pour faire entrer HPS dans l'histoire de la Bourse de Casablanca. Heureusement, les «premières» de la Bourse en 2011 n'ont pas été que négatives. Le fait inédit du semestre et qui a agréablement surpris les boursicoteurs est la rigueur inédite dont a fait preuve le CDVM dans le traitement de certains dossiers qui, il y a quelques années, seraient passés inaperçus. À commencer par Sonasid, qui a fait l'objet de sanction en début d'année pour ne pas avoir prévenu le public des baisses conséquentes des bénéfices qu'elle a subies en 2010. À l'époque, ceux qui avaient applaudi cette intervention du gendarme étaient pourtant loin de se douter que ce n'était qu'un début. Une deuxième sanction est en effet intervenue la semaine écoulée et a concerné cette fois Sofac pour les mêmes défaillances. Entre ces deux événements, le gendarme du marché a rendue publique la liste des sociétés qui ne respectent pas les recommandations du CDVM en matière de communication financière et a mis en garde des investisseurs vis-à-vis de certaines publications de sociétés cotées (Mediaco, HPS...) sont autant d'éléments certes inhabituels, mais qui témoignent du changement de ton de la part d'un gendarme censé assurer les meilleures conditions de marché dans un contexte où la finance marocaine est appelée plus que jamais à ouvrir ses portes à des investissements étrangers.