«Finek alyam» ou «Destins croisés», le troisième long-métrage de Driss Chouika est le seul film arabe retenu par la 33e édition du Festival international du film du Caire qui se poursuit jusqu'au 20 novembre. Fraîchement mise en boîte, cette production a représenté le cinéma marocain, mais également arabe. Une chose qui ne réjouit pas particulièrement l'heureux réalisateur de «Finek alyam». «Ça m'aurait fait plaisir qu'il y ait d'autres films arabes dans cette compétition. C'est bien dommage ! Mais l'essentiel pour moi reste que le film fait partie de la sélection officielle et qu'il sera évalué par un jury de grande qualité. Le jugement de ces douze membres, de grands noms du cinéma international, est très important en tout cas», nous explique Chouika avec beaucoup d'humilité. Ambiance bon enfant Nostalgique, le cinéaste et son co-scénariste Mohamed Arious ont replongé dans le passé pour nous servir un récit qui se déroule en deux temps. «L'histoire n'est pas racontée d'une façon linéaire. C'est un montage de deux époques», précise-t-il. Les protagonistes, un groupe d'amis, se retrouvent après de longues années d'absence. En se rencontrant, ils se rappellent leur jeunesse à l'université pendant les années soixante-dix. Le film décrit l'ambiance de cette époque assez particulière, tout en racontant les bribes des vies respectives de ses héros, de leurs destins, leurs amitiés et leurs amours. «Le film a été écrit et réalisé dans un style réaliste dans la lignée du cinéma du réel. Il a été fortement inspiré par mes propres expériences et par celles de mes amis, sans être autobiographique pour autant», nous déclare Chouika. D'après lui, le tournage qui a eu lieu à Agadir et à Mirleft, s'est fait dans une ambiance «cool» et «très bon enfant». «Nous avons eu la chance de travailler avec une équipe artistique et technique jeune, ouverte et pleine de ressources», se rappelle le réalisateur. Un tableau idyllique, que seuls les problèmes d'ordre financier sont arrivés à troubler. La somme de deux millions de dirhams que Chouika a réussi à décrocher du fond d'aide du Centre cinématographique marocain n'était pas suffisante. En effet, le budget du film a dépassé de loin ce chiffre. «Malheureusement pour nous, à l'époque on n'allouait que deux petits millions orphelins. C'est par la suite que la commission s'est rendue compte de son «erreur» et a augmenté le chiffre pour atteindre 3,5 millions de dirhams, ce qui est largement mieux». Quiproquo... Trop tard pour Chouika, qui n'avait d'autre issue que de frapper à la porte des deux chaînes nationales 2M et Al Oula. «Nous avons présenté le projet du film aux deux chaînes... mais sans résultat. Juste une semaine avant le début du tournage, 2M nous a donné son accord de principe avant de changer d'avis à la dernière minute», raconte, avec une certaine amertume, le réalisateur. Les raisons de ce refus catégorique ? Chouika l'explique par la position de Faïçal Laaraïchi, PDG de la SNRT. «Et pourtant, le cahier des charges de 2M et TVM leur impose de co-produire respectivement 12 et 20 longs métrages par an», lance le réalisateur, qui ne se laisse pas abattre pour autant. Les obstacles, il dit qu'il en a l'habitude et les conflits avec le locataire de Dar El Brihi, sont devenus assez courants. La presse s'en donne d'ailleurs à cœur joie, depuis l'interruption de «Zawaya». Diffusée depuis 1993 sur l'écran d'AL Oula, cette émission a été subitement retirée de la grille. «C'était une expérience très réussie. Les téléspectateurs et les professionnels l'appréciaient. Zawaya nous a permis de faire la promotion de beaucoup de films, de grands, mais surtout de jeunes cinéastes, comme Nour Eddine Lakhmari, Rachid Boutounes, Meriem Bakir, Nabil Ayouch et bien d'autres... c'est bien dommage !», commente le réalisateur, qui confirme que ses prochains projets seraient surtout du côté du grand écran. «Dorénavant, je vais me concentrer sur ma carrière cinématographique» résume-t-il avec défi. Driss Chouika prépare en ce moment un nouveau long-métrage, «Je ne peux pas en dire davantage pour l'instant», nous lance-t-il d'un ton cachottier. Réalisateur et producteur Driss Chouika est un réalisateur qui aime à s'entourer de jeunesse. Dans son nouveau film «Finek Alyam», il donne la parole aux jeunes, que ça soit au niveau de l'équipe artistique ou technique. «Les personnages sont campés par des acteurs pas très connus. La plupart d'entre eux sont des lauréats de l'ISADAC (Institut supérieur d'art dramatique et d'animation culturelle)», précise le cinéaste. Le casting est composé ainsi de noms d'acteurs qui débutent leur carrière, mais qui, d'après Chouika, ont déjà fait leurs preuves. «De véritables talents prometteurs», confirme-t-il avec beaucoup de foi. Abdellatif Choukri, Yassmina Bennani, Abderazzak Zitouni, Mohamed Ayad, Qods Jondoul, Maria Chiadmi et de nombreux autres composent ainsi le casting de jeunes talents, sans oublier bien sûr les plus anciens. On cite Khadija Adli, Saïd Lahlil et Driss Karimi, alias «Âammi Driss» qui fait là son come back.