«Bientôt la monnaie électronique prendra le dessus sur la traditionnelle monnaie fiduciaire». Il était temps ! En effet, Bank Al-Maghrib, cherchant à réduire le coût de la production de la monnaie fiduciaire, s'est assigné comme objectif de développer les moyens de paiement électroniques et notamment ceux de nouvelle génération. Dans le cadre de son plan stratégique 2010-2012, la Banque centrale est sur le point de mettre en place un nouveau cadre réglementaire régissant l'activité de paiement tout en adoptant les meilleurs standards internationaux relatifs à la monétique. In fine, le marché connaîtra une nouvelle dynamique grâce à l'émergence de nouveaux intervenants. En effet, «en plus des établissements de crédit qui sont les seuls pourvoyeurs de monnaie électronique aujourd'hui, Bank Al-Maghrib compte ouvrir ce marché à des opérateurs non bancaires et qui porteront le nom d'établissement de paiement», a précisé Mounir Razki, directeur des opérations monétaires et des changes à la Banque centrale, lors du salon de l'innovation organisé, mercredi, par M2M. Il sera donc question de mettre en place un statut particulier pour les établissements de paiement avec des règles prudentielles adaptées aux risques encourus en plus d'une réforme de la loi bancaire. Plus de cash L'émergence de ces établissements de paiement permettra la «scripturalisation des règlements. Autrement dit, utiliser moins de cash pour régler toutes ses transactions et particulièrement celles portant sur de petits montants», souligne un professionnel. Ainsi, un détenteur d'une carte de paiement s'adressera à un établissement de paiement pour recharger sa carte en versant du cash ou autre. Ces montants versés ne constituent pas un placement et la suite de la chaîne n'est pas encore dévoilée par Bank Al-Maghrib en attente de la finalisation du cadre réglementaire. En tout cas, ces établissements de paiement ressemblent de près aux établissements de crédit en ce qui concerne la gestion et la fourniture des services et des moyens de paiement. Ils se distinguent en revanche de ceux-ci par la non possibilité d'octroyer des crédits. En France, où ce type d'établissements a vu le jour en 2009, il est défini comme étant «destiné à ouvrir le marché bancaire et concurrencer les banques sur le terrain des services de paiement afin de préserver les droits des consommateurs». Suite à cette disposition, les opérations de banque comprennent désormais la réception de fonds du public, les opérations de crédit et la mise à disposition de moyens de paiement qui sont à distinguer des services de paiement ouverts aux établissements de paiement. Dans cette dernière catégorie, le code monétaire et financier français recense les opérations de versement et de retrait d'espèces, les prélèvements et opérations de paiement, les virements et bien évidemment l'émission d'instruments de paiement ainsi que l'exécution d'opérations de paiement. L'établissement de paiement peut également proposer des services de change. Le royaume, qui prépare ainsi cette mue, se projette dans un univers où il n'y aura plus ou peu de place à l'argent liquide qui sera remplacé non seulement par des cartes mais aussi par des téléphones mobiles en guise de porte-monnaie.