La raffinerie de Mohammedia manque de plus en plus de cash. Faisant face à une pénurie de ressources financières, Samir est en effet obligée d'emprunter tous azimuts pour faire tourner la machine. Dans le cadre du re-engineering des finances, la société a entamé durant le 2e semestre 2013 des négociations avec plusieurs banques et compagnies pétrolières internationales afin de lever un financement de 500 millions de dollars. Non sans difficulté, Samir a décroché la première ligne de crédit. «La première étape de ce financement s'est clôturée avec succès par la signature avec Chartered Standard et Dubai Bank, soutenue par BP Oil International London, d'un contrat de financement de 200 millions de dollars, portant sur une durée de deux ans avec des conditions avantageuses. Ce montant a été transféré dans les comptes de la société en date du 7 janvier 2014», indique la société dans un communiqué. Une bouffée d'oxygène pour les finances de l'entreprise, sous tension ces dernières années. Le raffineur de Mohammedia ne lâche pas prise pour autant: «les autres étapes de ce financement global enregistrent des progrès notables dans les négociations avec un autre groupe de banques et compagnies pétrolières internationales», indique l'entreprise. C'est que ses besoins en financements n'ont pas encore été satisfaits! En quête de ressources Les sollicitations des bailleurs de fonds vont crescendo. Rien qu'en 2012, la société dirigée par Jamal Ba Amer a frappé à plusieurs portes pour solliciter du cash. Ainsi, la société a bénéficié d'un crédit d'enlèvement sur 18 mois plafonné à 6 MMDH et d‘un prêt international de 200 millions de dollars obtenus auprès de Glencore Energy UK Ldt sur une période de 24 moins avec des «conditions avantageuses», dit-on auprès de l'entreprise. Ce dernier prêt, obtenu auprès de Glencore, principal trader en produits pétroliers de Samir, renseigne sur les difficultés du raffineur à faire tourner ses machines. Selon les termes du contrat, l'opérateur britannique se place en client: il allonge l'argent et, en contrepartie, Samir s'engage à lui réserver une partie de sa production en produits pétroliers pendant toute la durée de l'accord. En ces temps de disette, tous les montages financiers sont explorés pour drainer du cash, mais ces fonds n'ont visiblement pas rassasié l'appétit du raffineur. En janvier dernier, Samir a été en effet obligé de solliciter une nouvelle fois les bailleurs de fonds pour un nouveau prêt. BNP Paribas lui a ainsi concédé le renouvellement d'une nouvelle ligne de financement d'un montant de 180 millions de dollars. Cette politique a-t-elle donné ses fruits? «Ces mesures ont permis de renforcer le haut du bilan de la société et d'améliorer son fonds de roulement qui est passé de -6,04 MMDH à -1,77 MMDH, soit une amélioration de 71%», explique-t-on auprès de l'entreprise. Lourde ardoise Avec ces financements décrochés à tout-va, le retour de manivelle est que le raffineur de Mohammedia traîne une ardoise lourde...très lourde. Les dettes de Samir s'élèvent à quelque 10 MMDH. Un chiffre mirobolant aux conséquences non négligeables sur la santé financière de la firme marocaine. Avec un tel montant d'endettement, Samir est en effet constamment appelée à passer à la caisse pour payer ses créanciers, et le défaut de paiement n'est pas à exclure. L'insuffisance des lignes de crédits a conduit à une incidence de 300 MDH sur l'activité de 2011. Une situation qui a poussé les banques à jeter l'éponge. Tenues par le respect du ratio de la division des risques, les établissements bancaires qui accompagnent Samir ont décidé de ne plus allonger aucun dirham à la raffinerie. Finalement, Samir a trouvé un arrangement avec ses bailleurs de fonds qui consiste à rééchelonner la dette court terme sur une période plus longue. En contrepartie, la raffinerie s'engage à s'infliger une cure d'austérité afin d'assainir sa situation financière. Une restructuration qui, de l'aveu même du management de l'entreprise, tarde à se concrétiser, impactant dans son sillage les résultats de la société: «La dégradation du résultat financier (-39%) s'explique par le retard dans la restructuration financière de la dette au cours de l'année 2012 ainsi que des tensions sur la trésorerie. Ces facteurs ont engendré des coûts additionnels», explique-t-on auprès de l'entreprise. Au cours de l'exercice écoulé, les indicateurs de l'entreprise évoluent en effet en ordre dispersé, ce qui brouille davantage la visibilité. Les revenus consolidés de la société à fin juin 2013 ont baissé de 7,8% par rapport à la même période une année auparavant, à 22,6 MMDH. Le résultat net part du groupe, lui, est en chute libre de 54,3% en comparaison avec son résultat de juin 2012, à 186 MDH. Le management de Samir explique l'évolution négative de ses principaux agrégats financiers par la consommation nationale en produits pétroliers estimée à 8% par rapport à juin 2012, suite notamment au ralentissement de l'activité économique.