L'initiative se motive même par les hauts et les bas que le secteur du bâtiment et des travaux publics a récemment vécus. Le secteur est en crise, est-il besoin de le répéter, et le moral des opérateurs n'est pas au top. Il y a quelques jours, dans les colonnes des inspirations ECO, Bouchaïb Benhamida, président de la Fédération du BTP (FNBTP), lançait un cri d'alarme. Le secteur est en phase de repli et selon le responsable, les problèmes de paiement sont devenus monnaie courante et les quelques règlements enregistrés se font au compte-gouttes. La fédération qui revendiquait la préférence nationale en 2012 a changé son fusil d'épaule pour s'attaquer à cette problématique des retards de paiement. Un fléau qui ne renseigne pas moins sur le niveau de la commande publique et partant de l'effort de l'Etat en matière d'investissement. Tous ces facteurs combinés invitent à dresser un tableau exhaustif des maux du secteur des BTP ainsi que des éléments endogènes et exogènes qui entrent en jeu. Le ministère de l'Equipement et du transport lance aujourd'hui une réflexion pour la mise en place d'un observatoire du bâtiment et des travaux publics (OBTP). C'est une première dans un secteur difficile à cerner. Il mérite aujourd'hui toute l'attention des pouvoirs publics pour le rendre plus transparent et ouvert à l'initiative sérieuse et à l'innovation. Après l'étude du diagnostic du secteur, lancée en 2012 pour les besoins de la stratégie 2020, c'est aujourd'hui l'étape de la création d'un observatoire dédié qui prévaut, car après une période faste située entre 2002 et 2010, un ralentissement a été perçu dès le troisième trimestre de 2012. Depuis, la reprise semble lointaine voire incertaine. Le BTP, qui depuis plus de 10 ans contribue pour plus de la moitié dans la formation brute du capital fixe est aujourd'hui en crise. Le ministère de l'Equipement et du transport qui connaît mieux le fléchissement que le secteur est en train de vivre, espère à travers cet observatoire garder un œil vigilant sur son évolution. L'observatoire s'avère dès lors un outil d'information permanent qui collectera et traitera l'ensemble des informations économiques et sociales du secteur. Ce sera un outil d'aide à la décision, d'anticipation et d'évaluation des actions à entreprendre. Son rôle sera de mettre à la disposition des acteurs (Etat, collectivités, entreprises, promoteurs, public) des informations fiables et surtout régulièrement mises à jour. L'observatoire permettra surtout d'avoir une vision sur le marché par métier, régions et acteurs. Un élément important également se profile : le suivi de l'évolution des prix des matériaux, des ouvrages, des infrastructures et des prestations d'études. Sans oublier le comportement de la commande publique et des investissements dans le secteur de manière globale. Ce n'est pas tout. L'observatoire peut procéder à la réalisation des études et des investigations scientifiques sur les mécanismes qui s'opèrent dans le secteur, en lien avec la conjoncture économique. Il constitue également un espace de concertation, d'échanges et de réflexion sur les politiques de développement participatives. 2012, année de vache maigre Selon les chiffres de BAM, le BTP a connu un ralentissement en 2012 avec un taux d'accroissement de sa valeur ajoutée de 2,1%, après 4,2% en 2011. Cette baisse a été palpable dans les ventes de ciments qui se sont contractées pour la première fois depuis 1998, avec un taux de 1,6% en 2012. Ce qui a fortement impacté l'emploi dans le secteur, engendrant ainsi la perte de 21.000 postes. Pour la Fédération du BTP, la reprise est loin d'être prévisible dans le court terme. En atteste le rétrécissement de la commande publique et les retards de paiement qui commencent à menacer la pérennité des entreprises du BTP.