Révolu le temps où la poste se chargeait de la transmission de lettres et de télégrammes ou générait des bénéfices grâce aux timbres. Avec la multiplication des nouvelles technologies et d'Internet, les habitudes de communication ont connu un changement substantiel et une mutation de la poste marocaine était inévitable. Ayant tenté le créneau bancaire ces dernières années, Al Barid Bank est toutefois resté un acteur subsidiaire dans le secteur, et la conversion aux nouvelles tendances numériques se faisait de plus en plus pressante. Un premier pas a été franchi en avril 2011 lorsque, dans le cadre de la mise en œuvre de la loi 53-05 relative à l'échange électronique de données juridiques, Poste Maroc (Barid e-sign) a été agréé par l'ANRT en tant que premier prestataire de service de certification électronique au Maroc. «À ce jour, il est le seul acteur disposant de cet agrément», souligne la direction de l'économie numérique au sein du ministère de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies. Du côté de l'ANRT, on affirme qu'aucun autre agrément n'est en étude actuellement, ce qui signifie que Poste Maroc devrait encore bénéficier du statut de monopole pendant un bon moment. «À ce jour, Barid e-sign, qui a pour mission principale de produire des certificats d'authentification forte, de signature sécurisée et d'horodatage, a délivré des milliers de certificats électroniques toutes natures confondues», affirme la direction de l'économie numérique. Le développement de la signature électronique est l'un des principaux volets de la stratégie Maroc Numeric. L'objectif est de permettre aux utilisateurs d'apposer leur signature sur toute nature d'échange électronique avec la même valeur probante que les signatures manuscrites. Il s'agit là d'un incontournable en vue d'accorder à tout document numérique (e-mail, fichier, image, texte, etc.) une valeur juridique rendant le document recevable par un tribunal. Pour l'instant, la Poste a surtout concentrée ses efforts sur l'administration et a commencé depuis quelques mois à fournir des entreprises en puces électroniques. Concrètement, il s'agit de clés USB, de puces électroniques ou de clés cryptographiques (selon le degré de sécurité voulue) contenant des chiffres codés faisait office de véritable «empreinte digitale» électronique. L'utilisation de cette technologie nécessite toutefois un préalable matériel permettant de coder et de décoder les schémas cryptographiques des certificats. Pour l'instant, seuls quelques départements ministériels et quelques grandes entreprises disposent de ce prérequis. Nul doute que le volet de la certification, un des volets de la stratégie numérique, profitera d'un recadrage dans le cadre de Maroc Numeric 2020. En attendant, la poste poursuit sa percée dans le numérique à travers également son récent partenariat avec l'opérateur télécoms Inwi. Une convention-cadre a été signée en juillet dernier pour la mise en place de nouveaux produits et services en commun, et ce partenariat concerne des aspects liés à la poste numérique, au développement de prestations postales mobiles et à la mutualisation des ressources. Autrement dit, la Poste compte moderniser ses services classiques en intégrant notamment le marché des applications mobiles. Ce partenariat permettra aussi d'explorer un ensemble de niches dans le domaine de la messagerie, de la logistique, du transport et de l'éditique. Dans le même registre, la convention prévoit des services de recharge à travers le réseau GAB du groupe, la commercialisation d'une offre commune co-brandée pour les jeunes, ou encore l'utilisation par la marque Inwi des services numériques de Barid Al-Maghrib.