Centres de pouvoir dans le passé, les kasbah sont en phase d'entamer une nouvelle vie. Elles vont désormais se transformer en des destinations touristiques. C'est en tout cas l'ambition de la Société marocaine de valorisation des kasbah (SMVK). Mercredi 24 juillet à Ouarzazate, cette société constituée de la CDG, de la SMIT et d'Akwa Group, a signé des conventions pour la revalorisation de trois kasbah situées dans le sud-est marocain (voir encadré). La cérémonie, présidée par le ministre du Tourisme, Lahcen Haddad, s'est déroulée en présence de propriétaires de ces vielles bâtisses, riche héritage du patrimoine culturel et matériel du royaume. «L'objectif est de capitaliser sur le potentiel historique, culturel et architectural des Kasbah afin de développer un produit touristique authentique, de luxe et à forte valeur ajoutée», répète-t-on du côté du département du Tourisme. Réhabiliter les kasbah pour en faire un produit touristique authentique, mais aussi leur permettre de contribuer à la redynamisation de leur économie locale car pour Lahcen Haddad : «les projets doivent prendre en compte le développement socio-économique des populations locales». Rien qu'avec la restructuration des trois premières kasbah pilotes, on prévoit de créer près de 150 emplois directs et indirects. Pour les propriétaires de ce patrimoine, c'est également une nouvelle vie qui commence et l'avenir s'annonce radieux. «Nous aurons non seulement l'avantage de conserver le patrimoine, mais aussi de le valoriser. Pour moi, il s'agit là d'un grand départ pour le futur», s'enthousiasme Mohamed Alaoui Benchad, représentant de la famille propriétaire du Ksar Oulad Abdelhalim à Errachidia. À en croire les confidences d'un autre détenteur de kasbah, le deal conclu avec la SMVK prévoit le versement par celle-ci d'une mensualité de 7.000 DH durant la phase de restauration, et de 30.000 DH une fois l'exploitation entamée. Toutefois, ces montants peuvent varier en fonction de l'importance des bâtisses. Près de 400 kasbah dans le viseur «À terme, c'est-à-dire vers 2016, nous aurons une dizaine de kasbah à restaurer avec une capacité de près de 300 lits», indique Lahcen Haddad. «Mais il s'agira de kasbah de luxe. Nous aurons donc de la valeur ajoutée. Nous ambitionnons d'ajouter plusieurs autres dizaines de kasbah pour avoir des projets structurants dans le sud-est du Maroc, sachant que le pays compte entre 300 et 400 kasbah», poursuit-il. La stratégie de sauvegarde et de mise en valeur des kasbah, énoncée dans le cadre du programme stratégique de la Vision 2020 «Patrimoine et héritage» se déploie en quatre phases. La première consiste en la récupération des bâtisses via la signature de conventions de bail ou d'acquisition. La deuxième permet de réhabiliter le patrimoine architectural, en veillant à la préservation de son identité et de son authenticité, ainsi que de son empreinte architecturale originale et en respectant le mode et les matériaux de construction d'origine. La troisième est celle de sa reconversion en activité génératrice de revenus, en la transformant en un lieu d'hébergement touristique. Sur ce volet, l'objectif est en même temps de créer de la valeur ajoutée en créant des effets induits de la valorisation des richesses locales (artisanat, produit de terroir, savoir-faire, culture immatériel, etc.). Enfin, le but ultime est de créer un label «kasbah du Maroc», afin de généraliser le concept dans tout le royaume. Saïd Laftit, secrétaire général de la CDG. Les ECO : Quel est l'intérêt pour la CDG de s'engager dans la revalorisation des kasbah ? Saïd Laftit : Tout d'abord, il faut rappeler que la CDG est l'un des plus anciens et des plus importants investisseurs dans le secteur du tourisme au Maroc. Nous sommes très présents dans le tourisme classique et dans l'hôtellerie. La valorisation des kasbah permet à la CDG de diversifier ses investissements touristiques. C'est une occasion que nous ne pouvons pas rater dans un secteur où nous sommes très exposés. Ce sont des opportunités d'investissements à saisir pour en même temps accompagner les pouvoirs publics dans ce chantier. Nous agissons aussi pour la sauvegarde de notre patrimoine historique. Quel niveau de rentabilité vous attendez-vous pour ces projets ? Aujourd'hui, avec des hypothèses très conservatrices, nous sommes à des rendements qui sont de l'ordre de 13%. Ce sont des rendements très corrects par rapport à des investissements de très grandes tailles. C'est la raison pour laquelle nous avons opté pour l'accompagnement de ces projets, dans l'espoir d'avoir d'une rentabilité supérieure aux produits touristiques classiques commercialisés par le pays. Il est prévu que ces projets de revalorisation puissent soutenir la dynamique du développement local. Pensez-vous investir dans d'autres projets annexes ? Nous sommes déjà présents dans la région sud-est grâce à des investissements dans l'hôtellerie, mais il faut embarquer avec nous des investisseurs locaux et les populations locales, parce que nous leur donnons l'occasion de pouvoir améliorer leur niveau de vie. J'espère qu'à partir de ces bases, nous allons pouvoir travailler en priorité avec les entreprises locales. Cela est de nature à donner de l'espoir à ces populations.