C'est un spectacle peu commun qu'offre la zone franche de Port Saïd en Egypte. Et c'est précisément une société de textile qui fait l'événement. Les ouvriers sont égyptiens et le staff encadrant...chinois. Le Nile Textile Group, comme son nom ne l'indique pas, est une société à capitaux chinois. Implantée au nord du canal de Suez, cette société emploie près de 600 personnes, dont 20% de Chinois. Mais qu'est-ce qui a bien pu pousser ces investisseurs à quitter leur pays, qu'on appelle communément «l'atelier du monde», pour s'installer en Afrique ? Un business plus que juteux A y voir de plus près, il s'agit d'une bonne affaire. Les zones franches égyptiennes permettent d'exporter de par le monde, sans restrictions. De plus, les industriels implantés dans ces zones peuvent importer leurs matières premières sans aucune forme de taxe ni d'impôt. A condition toutefois que le produit fini soit destiné à l'export. Il n'en fallait pas plus pour attirer près de 950 entreprises chinoises qui ont flairé le filon. Leur implantation en Egypte totalise un investissement avoisinant les 200 millions d'euros. Par secteur d'activité, la grande majorité travaille dans l'industrie, précisément 526 sociétés. Le secteur des services a attiré quant à lui 306 entreprises chinoises. Pour le reste, elles se répartissent entre l'agriculture et le tourisme. A l'échelle du continent noir, les investissements directs chinois ont atteint 7,8 milliards de dollars au 31 décembre 2008. La compétitivité d'abord Pour le Nile Textile Group, c'est une véritable aubaine. En premier lieu, le smig en Egypte est d'environ 90 euros. Les employés égyptiens de la société perçoivent un salaire variant entre 700 à 800 livres égyptiennes (85 à 100 euros). Ces faibles salaires permettent de rester compétitif par rapport aux unités chinoises non délocalisées. Un système d'intéressement à été mis en place, qui améliore la productivité, tout en permettant aux ouvriers de disposer d'un complément de revenus. Mais l'avantage principal réside en l'importation de matières premières à un prix préférentiel, grâce à l'exonération de taxes. Nile Textile Group importe 60% de ses produits de base, ce qui lui permet d'exporter de par le monde. Spécialisée dans les vêtements bon marché, la société chinoise exporte près de 90% de sa production vers le marché américain. Pourquoi les Etats-Unis et pas l'Europe ? C'est là que les choses deviennent intéressantes, car les vêtements exportés par Nile Textile Group ne sont pas estampillés «Made In China», mais plutôt «Made In Egypt». Rien à voir avec un quelconque élan nationaliste de nos amis égyptiens. Cette mesure, à elle seule, permet aux Chinois de contourner les restrictions douanières imposées par les Etats-Unis sur certains produits. Bien que la délocalisation engendre certains coûts, cette manœuvre permet aux industriels chinois de se rattraper sur le volume et d'inonder encore plus les marchés internationaux de leurs produits qui défient toute concurrence.