Elles sont aujourd'hui 23 entreprises industrielles et commerciales implantées sur 5,5 hectares dans l'enceinte du port de Tanger depuis 1963 et elles emploient 12.000 à 15.000 personnes selon la saison. Jusqu'à la fin des années 90, la zone franche du port comptait jusqu'à 80 entreprises dont des banques et des sociétés d'approvisionnement des bateaux en denrées alimentaires comme en produits pour boutiques hors-taxes.Une quinzaine de ces entreprises sont aujourd'hui dans la confection et le traitement du poisson. Les autres, des sociétés de négoce à l'activité déclinante depuis des années. Depuis la publication du dahir de 1963, elles bénéficient d'un régime fiscal très privilégié : pas d'impôts sur les sociétés, pas de taxe d'édilité, pas de frais de syndic, des charges sociales minimales et une situation idéale au bord des quais d'embarquement et de débarquement du port pour leur activité entièrement tournée vers l'exportation. Chaque semaine, les seules entreprises de traitement de poisson des sociétés Klaas Puul et Heiploeg envoient plus de 30 camions vers le marché hollandais. Mais qu'elles fabriquent des chemises pour El Corte Inglès ou traitent du poisson pour des Hollandais, les entreprises du port ont le goût du secret pour ce qui est des chiffres. Des surcoûts de déménagement importants Avec le transfert progressif des activités du port de Tanger-Ville vers Tanger-Med et le projet de restructuration du port urbain en pôle de tourisme, de croisières et de loisirs, l'heure du changement a sonné. D'abord, parce qu'il faudra déménager du côté de la Tanger Free Zone dans 18 à 24 mois, ensuite parce que les industriels réclament des indemnités aux autorités et à l'Agence nationale des ports et qu'une telle demande doit être basée sur un minimum de transparence. Pour certains responsables d'entreprises de traitement du poisson, le surcoût du transfert est estimé à 30.000 DH/jour pour le seul transport pour un effectif de 2.000 personnes, auxquels «s'ajouteront des frais de syndic, des frais de badge et la taxe d'édilité», indique-t-on. Depuis six mois, les industriels du port savent que la Tanger Free Zone va leur aménager un espace dédié au sein de la TFZ, car l'idée pour les «futurs anciens» industriels de la zone franche du port est de conserver leurs privilèges fiscaux pendant une période transitoire. Du moins c'est ce qu'ils espèrent alors que l'Etat souhaite faire converger le plus rapidement possible les différents régimes fiscaux dérogatoires, celui de la zone franche du port de Tanger, celui de la ville de Tanger et celui des zones industrielles d'exportation. Après un début de concertation difficile en janvier 2010 avec l'ancien secrétaire général de la wilaya Mohamed Sefrioui, le courant a commencé à passer entre les différentes parties. Les entreprises membres de l'Association des industriels de la zone franche portuaire (AIZFP) qui ont exprimé leur respect du «choix des autorités de changer l'affectation du port et de la zone franche», comme l'indique El Mernissi. Les industriels n'omettent pas de rappeler que pour eux «l'Etat marocain qui encourage les investissements étrangers est respectueux de ses engagements». La concertation est actuellement menée avec le Centre régional de l'investissement et la wilaya et l'objectif partagé est d'organiser une transition «douce» qui ne perturbe pas les exportations et l'emploi, sachant toutefois que pour les «petites mains» de la zone franche du port, la Tanger Free Zone sera située à une quinzaine de kilomètres de distance. «Nous ne voyons pas de lien entre les logements sociaux et l'efficacité énergétique»Sayfeddine Kharchafi : Directeur général de Al Omrane Sahel-Lakhyayta Les Echos quotidien : Y a-t-il un lien entre le choix de la zone de Lakhyayta et le projet de ville verte ? Sayfeddine Kharchafi : Si nous avons choisi ce site pour y construire la nouvelle ville de Lakhyayta, c'est tout d'abord pour une question de prospection. Près de 1.000 hectares de foncier public étaient disponibles dans cette région. Une fois la superficie nécessaire trouvée, nous avons commandé des études de faisabilité et des tests techniques qui se sont avérés concluants. Nous avons donc jugé que ces terrains correspondaient exactement à ce que nous cherchions. De plus, cette zone se trouve à seulement 10 km de la limite administrative de Casablanca. C'est une région d'avenir sur laquelle il existe beaucoup de demandes industrielles. Prévoyez-vous des logements sociaux à efficacité énergétique ? La construction d'une cité pour les futures générations. Un urbanisme qui se respecte tient compte et règle les problèmes de mixité sociale et de diversité. Nous avons aujourd'hui un besoin énorme en logement social qui représente pratiquement 60% de la demande. Nous avons l'obligation de faciliter l'accès à ce genre de produits. Mais l'idée de commercialiser des logements à 140.000 DH avec une efficacité énergétique est fausse. Nous ne voyons pas de lien entre les produits sociaux et l'efficacité énergétique. Cette dernière a pour objectif de réduire au maximum la consommation énergétique d'un logement. Cela commence par remplacer l'ampoule ordinaire par une ampoule économique. Il n'y a pas de limite pour ce type de comportement. Mais il existe aussi des procédés et des techniques divers. Qu'en est-il de la production d'énergie verte ? La production énergétique est un élément clé pour la mise en place d'une ville. Il ne s'agit pas de construire une ville à énergie positive comme le croient certains. Ce serait placer la barre trop haut. Il est plutôt question de mettre en place une ville verte. Nous avons fait une étude de préfaisabilité pour avoir une idée sur les possibilités qui nous sont offertes. Nous allons bientôt mener des études plus poussées qui détermineront la faisabilité de chacune de ces pistes. Il s'agit de cerner les technologies disponibles pour une mise en application. Il est clair que Al Omrane Lakhyayta n'investira pas dans ce genre de projet. Il existe pour cela des structures multinationales spécialisées. Nous présenterons ces projets aux industriels et ce sera à eux de manifester leur intérêt. Qu'ils soient spécialisés dans le solaire, l'éolien ou la biomasse, notre rôle sera d'aider ces opérateurs à réaliser leurs projets et leur préparer le terrain. Notre capacité spatiale nous le permet.