Le président du Centre marocain de conjoncture (CMC) Habib El Malki a plaidé, mercredi à Casablanca, pour la nécessité de changer de modèle de croissance. Il faut, selon lui, favoriser la modernisation accélérée de l'économie, ce qui passe par l'industrialisation et par une économie plus ouverte et plus compétitive. Selon El Malki, la croissance économique en 2013 sera relativement bonne. De l'ordre de 4,9 %, elle devrait enregistrer une hausse de 2,2% par rapport à l'année précédente. Ce résultat, dû presque exclusivement au secteur primaire et aux activités qui s'y rapportent, recouvre cependant une configuration particulièrement contrastée du système productif. Le taux de croissance est principalement dû à la qualité de la campagne agricole et à une production céréalière estimée à 97 millions de quintaux, un record sur les cinq dernières années. Néanmoins, cet impact positif des activités primaires sur le taux de croissance du PIB devrait être contrasté par les difficultés réelles auxquelles devront faire face les activités industrielles, de commerce et de services, a-t-il expliqué. L'impact de net redressement est resté toutefois limité et faible en termes de création de nouveaux postes d'emplois à cause de «la fragilité du modèle de croissance». L'économie nationale est essentiellement basée sur la campagne agricole, ce qui ne peut consolider ou stabiliser la tendance à une croissance soutenue», a-t-il relevé. La croissance au Maroc est «peu créatrice d'emplois, et n'en crée pas du tout certaines années». Il y a par conséquent lieu de «changer de modèle de croissance en changeant les bases de celle-ci», a soutenu le président du centre, soulignant que l'histoire montre que seule l'industrie a la capacité de créer des emplois stables. Le CMC défend l'idée d'une modernisation accélérée de l'économie marocaine à travers une industrialisation intelligente qui respecte l'environnement selon les normes internationales, et qui prend en considération les particularités et le potentiel que recèle le pays. «La mise en place d'un nouveau modèle à travers de profonds changements dans le système de production est à même de renforcer les performances de l'économie nationale, et de résoudre les problèmes sociaux complexes en particulier du chômage», a ajouté El Malki. Selon le président du CMC, sortir de cette contradiction entre les taux de croissance et l'impact limité sur le développement social passe inéluctablement par la construction d'une solide et compétitive base économique, tout en accordant une grande priorité à l'exportation en diversifiant les produits à exporter. Le pays doit attirer davantage d'investissements étrangers. Cela passe par l'amélioration du climat des affaires, du fait de tirer avantage des situations instables dans certains pays de la région, et par un investissement efficace dans le capital humain. Pour 2014, le rythme de croissance devrait connaître un net ralentissement en comparaison avec l'exercice en cours, même dans l'hypothèse optimiste d'une campagne agricole aux performances comparables à celle de 2012-2013. Le taux projeté dans le scénario prévisionnel 2014 est de 3,7 % en termes réels, ce qui équivaut à un ralentissement de 1,2 point par rapport à 2013, selon le CMC.