Le statut des réfugiés au Maroc est encore un sujet de discorde. Alors que le pays est le premier signataire, dans le monde arabe, de la Convention de Genève de 1951 sur les réfugiés, le Maroc ne dispose pas encore de législation nationale sur les réfugiés et n'a pas institué de procédures d'asile conformes aux normes internationales. Selon le Haut commissariat pour les réfugiés (HCR), le Maroc est d'abord un pays de transit pour des milliers de migrants et de demandeurs d'asile, notamment en provenance de l'Afrique subsaharienne. La difficulté pour le HCR, dans ce contexte, consiste alors à garantir la protection des réfugiés mêlés à des mouvements migratoires : «Nous sommes quelque 800 réfugiés reconnus par la délégation du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés au Maroc. Nous avons fui nos pays à cause de la guerre ou de crainte d'être persécutés. La plupart d'entre nous avons choisi le royaume chérifien compte tenu de sa stabilité politique», avance Paulin Kuanzambi, le vice-président du Collectif des réfugiés au Maroc. Pour ce réfugié angolais, les autorités marocaines ne seraient pas totalement impliquées pour assurer un encadrement rapproché de cette population déracinée vivant sur le territoire national. En outre, ces réfugiés vivraient dans des conditions d'extrême précarité : «La seule solution durable pour que nous puissions jouir de nos droits en tant que réfugiés est la réinstallation, c'est-à-dire notre transfert vers un autre pays d'accueil, pour y commencer une nouvelle vie», explique Kuanzambi dans une lettre adressée le 20 juin à la presse, à l'occasion de la journée internationale des réfugiés. Structurel VS sécuritaire Même son de cloche chez le HCR. Pour les membres de sa délégation installée à Rabat, «les politiques et les pratiques des Etats sont dominées par des préoccupations sécuritaires, tandis que la propagation de l'extrémisme entrave l'action de protection et d'assistance en faveur des réfugiés». De plus, la faiblesse ou l'inexistence des institutions nationales d'asile et le manque de stratégies nationales pour gérer les mouvements migratoires mixtes participent fatalement à précariser la situation des réfugiés, non seulement au Maroc, mais dans toute la région nord-africaine : «Les réfugiés ne sont pas des chiffres, mais des êtres humains. Nous ne sommes pas non plus des anges, mais des personnes ayant une force incroyable qui nous permet de survivre et de garder des valeurs humaines dans des situations anormales», s'indigne Kuanzambi.Pour le HCR, la seule solution à même de donner de l'espoir à cette population minoritaire est d'ordre structurel : mettre en place un régime d'asile global, à l'échelle nationale, au moyen d'activités de renforcement des capacités consistant notamment à former les organes de maintien de l'ordre, les fonctionnaires de l'administration, les magistrats et les institutions de la société civile au droit des réfugiés.