Pour la première fois en Afrique et dans le monde arabe, un organisme public est primé par les Nations Unies pour ses efforts de lutte contre la corruption. Il s'agit en l'occurrence du plus important investisseur institutionnel du royaume, la Caisse de dépôt et de gestion (CDG). Il y a tout juste deux semaines, la CDG a été récompensée par le premier prix de l'ONU pour sa politique de prévention de la corruption dans le service public, une politique déployée au sein du Régime Collectif d'Allocation de Retraite (RCAR). Le Maroc se verra remettre le prix devant un important panel de la communauté internationale à la fin du mois de juin à Manama (Bahreïn), lors de l'édition 2013 du Forum des Nations Unies pour le service public. Une date à marquer d'une pierre blanche pour ce prix hautement symbolique, puisqu'il porte sur un sujet qui porte énormément préjudice à notre pays. Son impact est tellement important qu'à chaque étude, rapport ou classement international effectué(e), la corruption ressort comme la principale menace pour la démocratie et comme principal obstacle au développement des affaires. Baliser l'intervention humaine Comment le RCAR a-t-il pu devenir modèle dans la lutte contre la corruption dans le secteur public? Le processus qui est derrière cette consécration est plutôt atypique, en ce sens que l'objectif initial était tout autre. Au départ, le Pôle Prévoyance de la CDG a initié un important programme de mise à niveau et de modernisation de la gestion des régimes de retraites et de pensions, avec comme principaux objectifs initialement, l'amélioration de la performance opérationnelle et la réduction des coûts de gestion. Cette démarche a naturellement débouché sur l'automatisation et la dématérialisation de l'essentiel du processus à travers la mise en place d'un système d'information et de gestion intégrée. L'intervention du facteur humain dans les différentes phases du process a donc été extrêmement minimisée. «Nous nous sommes rendus compte que les mécanismes que nous avons mis en place au sein du RCAR rendaient extrêmement difficiles des pratiques immorales, notamment la corruption, directement liées à l'intervention du facteur humain», explique-t-on du coté de la CDG. Dès lors a germé l'idée de se porter candidat pour ce prestigieux prix des Nations Unies, puisque les effets et répercutions de cette expérience pilote dans le service public ont été mesurés et chiffrés. En effet, les résultats ne se sont pas fait attendre, tant dans l'implication et la motivation des équipes que dans la satisfaction des clients-pensionnés, sur la qualité et l'efficacité du service. «60% des réclamations nous parviennent désormais via Internet, ce qui représente un gain de temps et d'argent considérable pour les bénéficiaires, et une baisse de coût importante pour le Pôle Prévoyance de la CDG», détaille auprès de la CDG . Traçabilité, transparence, contrôle en temps réel et rapidité dans les processus sont autant d'éléments rendus possibles grâce à l'intégration du système d'information, ce dernier ayant automatisé et dématérialisé la procédure. Cette reconnaissance de l'ONU n'aurait jamais été possible sans cela. Expérience à généraliser Au-delà de cette expérience réussie sur le plan microéconomique, l'intérêt aujourd'hui est de s'en inspirer pour l'étendre, le plus rapidement possible, à l'ensemble des services publics fournis par l'Etat et par les institutions sous sa tutelle. Ce projet s'inscrit dans le gigantesque chantier de modernisation du secteur public, et par là même dans l'amélioration de la position -honteuse- qu'occupe notre pays dans les classements internationaux, s'établissant parmi les pays les plus corrompus du monde. En effet, malgré les importants efforts déployés par les autorités, notre pays est classé 10e parmi les pays arabes et 88e dans le monde, sur les 176 pays étudiés en 2012 par Transparency International. Les indices de perception de la corruption 2012 révèlent même que le Maroc a régressé par rapport à l'année précédente en perdant 8 places, avec une note égale à celle du Surinam, du Malawi, du Swaziland, de la Zambie, ou encore de la Thaïlande. Un benchmark peu reluisant pour un pays qui, par ailleurs, est cité comme modèle dans bien d'autres domaines. Prendre exemple sur le RCAR est plus que jamais d'une impérieuse nécessité. «Smart retraite» Le Régime Collectif d'Allocation de Retraite est en passe de lancer une application mobile destinée aux clients, pensionnés ou retraités. Prévue pour le 18 juin prochain, la mise en service de cette application, notamment destinée aux usagers de Smartphones, constitue une véritable petite révolution dans le monde de la retraite. En effet, il s'agit là de la première plateforme de service mobile pour les bénéficiaires de prestations de prévoyance au Maroc. Elle permettra notamment aux affiliés du RCAR de consulter leur compte, de s'enquérir de la situation de leur versement, ou encore de déposer des réclamations en ligne. Une brique supplémentaire donc dans la dématérialisation du processus, qui permettra encore plus efficacité dans le service, une meilleure collecte des données et une plus grande proximité avec les usagers de Smartphones, tout en réduisant leurs pertes de temps et d'argent.