L'agriculture pluviale verrait des baisses de rendement dès 2030. Tel est le constat du rapport du CIHEAM. L'alternative ? L'agriculture irriguée. Celle-ci apparaît comme la forme d'agriculture la moins vulnérable dans le rapport. «L'agriculture irriguée sera une donnée essentielle du futur agricole», expliquent les auteurs du document. Renforcer les cultures irriguées a aussi des enjeux économiques, selon eux. On avance, en effet, que les cultures d'exportation sont généralement irriguées et les revenus des exploitants 4 à 8 fois supérieurs à ceux des agriculteurs en pluvial. «L'agriculture irriguée permettrait de contrôler l'apport en eau des cultures dans un contexte de variabilité croissante», explique-t-on dans la note de recherche. L'option de l'agriculture irriguée est cependant conditionnée, selon les analystes, par la disponibilité en eau d'irrigation... Voir grand À titre d'exemple, le rapport cite certaines régions de notre pays qui connaissent déjà des pénuries d'eau alarmantes pour l'agriculture, telle le Souss-Massa-Drâa dans. Pour preuve, le rapport avance des chiffres sur les ressources en eau au Maroc et en Tunisie. Ainsi, la majorité des ressources en eau disponibles pour l'agriculture sont déjà mobilisées : 75% au Maroc (année 2007) et 80% en Tunisie (année 2000). Autres contraintes : le manque d'entretien des grands aménagements d'irrigation, l'industrialisation et l'urbanisation rapide à proximité des périmètres agricoles ainsi que la production agricole intensive. Et au rapport d'expliquer : pour les barrages de grande et de moyenne tailles, l'enjeu est de faire face au spectre de l'envasement, qui réduit l'eau disponible pour l'agriculture et la production d'énergie. Alors que l'industrialisation et l'urbanisation engendrent des baisses de qualité de l'eau agricole, voire des pollutions, également sources de pertes économiques, en termes de quantité et de qualité de la production. Il est ainsi recommandé par ces experts d'intégrer la dimension environnementale dans la «mesure des performances économiques des systèmes irrigués. Actuellement, les études sont généralement centrées sur la salinisation et l'érosion des sols, ainsi que sur les modes de drainage adéquats des eaux d'irrigation. Elles abordent de façon marginale la qualité des eaux d'irrigation, l'impact environnemental des intrants et le recyclage de l'eau utilisée», explique-t-on. Pour les analystes du Centre, deux pistes sont à étudier : soit augmenter les quantités d'eau utilisées, soit accroître la salinité des sols et donc réduire la production. L'attention des responsables du secteur agricole devrait se focaliser, dans le futur, sur les modes de durabilité des modèles d'irrigation à petite et à grande échelle dans des régions soumises à de forts stress hydriques. «Ils sont fondamentaux pour appuyer l'élaboration de stratégies d'adaptation de l'agriculture irriguée», précise-t-on. À propos du CIHEAM Le CIHEAM a été créé, à l'initiative conjointe de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) et du Conseil de l'Europe, le 21 mai 1962.Il s'agit d'une organisation intergouvernementale qui réunit aujourd'hui treize Etats membres du bassin méditerranéen (Albanie, Algérie, Egypte, Espagne, France, Grèce, Italie, Liban, Malte, Maroc, Portugal, Tunisie et Turquie). Le CIHEAM est structuré autour d'un secrétariat général situé à Paris et de quatre instituts agronomiques méditerranéens (Bari, Chania, Montpellier et Saragosse). Le Centre développe trois grandes activités complémentaires (formations spécialisées post-universitaires, recherches en réseau et animation du débat politique régional). Le Centre dispose aussi d'un «Observatoire méditerranéen», qualifié d'instrument d'analyse et de débat sur l'agriculture,le monde rural et l'alimentation en Méditerranée.